“Tu es né à Londres, dans la grande maison où papa et maman habitent depuis leur mariage. Haaa… Je me souviens du sourire de papa quand il t’a vu pour la première fois et quand il s’est écrié qu’il avait enfin un fils! C’était dingue, je ne l’avais pas encore jamais vu ainsi! Je pense qu’il rêvait d’avoir un garçon. Maman, elle t’aimait comme tu étais. Mais elle était contente pour papa. Elle est toujours contente pour papa! Et moi, je voulais te tirer les joues! Tu étais tout gros à l’époque, mon petit frère que j’aime!”

“Ne dit pas des choses comme ça, Archi! Papa t’adore! Tu le connais, il est toujours sévère avec tout le monde! Pour être honnête, je crois que c’est parce qu’il est jaloux de notre oncle… Et de son fils aîné. Il voulait te voir en haut de la pyramide des Strogoi! Ces histoires d’héritage, j’te jure! Je sais que tu t’en fiche, et pour être honnête, moi aussi.”

“Archi, tu te souviens de ce que je t’ai dit à propos de notre oncle? Papa veut qu’on s’installe dans la demeure familiale, avec le reste de la famille! C’est en Roumanie! C’est vachement loin, mais ça me rend curieuse! Il n’y a qu’une école là-bas, on va l’intégrer tous les deux! Ça va nous changer, mais je suis sûr que tout ira bien!”

“Archi, il ne faut pas faire ça ! Il ne faut pas se battre! Tu es couvert de bleus… raaah franchement! Il ne faut pas les écoutes, p’tit biscuit! Ils ne savent pas ce qu’ils disent, ce sont des gamins qui écoutent les sornettes de leurs parents! Notre famille était accusée d’être des vampires par le passé! Ça les amuse de croire à ces rumeurs débiles! Alors on se serre le petit doigt et tu me fais la promesse de ne plus te battre, hein ?”

“Archi, Archi! Tu as vu le petit Gabriel ? Il est trop mignon, on dirait toi quand tu étais plus petit! Essayons de bien nous entendre avec lui, à l’avenir, hein ? Fais au moins un effort, tu n’es déjà pas très sympa avec le reste nos cousins! Ils sont pourtant tous très gentils, même si je te préfère toi p’tit biscuit! Ah c’propos, c’bientôt ton anniversaire non ? Je te réserve une fête du tonnerre, j’te jure!

“P’tit biscuit... tu veux bien t’approcher? Ne me regarde pas avec ces yeux-là… je n’aime pas te voir pleurer… t’inquiète pas, ta grande sœur va vite revenir en pleine forme. Ce n’est qu’une petite fièvre! Je crois que notre tante a attrapé la même chose. En attendant, sourit mon grand! Quand on sourit, la vie nous paraît plus belle! En plus, on doit encore fêter ton anniversaire, pas vrai?”

“Archi… Lucia… elle est…”

“P’tit biscuit ? Tu parais surpris de me voir ! Allez va te coucher, il y a ton anniversaire demain à fêter… Allez Archi ne discute pas… Archi cesse de faire l’idiot. C’est à cause de ça que tu m’as perdu, que je ne suis plus de ce monde. Tu m’as rendu faible Archi, tu m’as tué. C’est donc ça ? Parmi toutes les peurs qui puissent exister en ce monde, tu viens de prendre conscience de la tienne! Tu as peur de ne pas être à la hauteur, c’est ça ? De ne pas être assez fort, d’être trop faible au point de ne pas pouvoir empêcher la mort d’un autre être qui t’es cher! Comme c’est stupide, p’tit biscuit, celui qui est mort ce jour-là, c’est toi.”

“Madame, je le jure sur le nom de ma famille ! Il s’était approché pour me demander je ne susse quoi lorsque subitement, ses bras sont retombés ballant le long de son corps et il s'immobilisa. Je lui posais des questions, surtout qu’on eût dit qu’il ne savait pas trop ce qu’il se passait lui-même. Sa peau commençait à devenir pâle pour finir par pourrir jusqu’à ce qu’on ne voit plus que ses os seulement. C’est la première fois que je voyais ça! Lui aussi, il était effrayé! C’était comme si… subitement il devenait faible, et qu’il était incapable de faire quoi que ce soit pour empêcher ça. Comme si quelqu’un, un mauvais esprit absorbait son énergie vitale jusqu’à ce qu’il ne devienne incapable d'agir. C’est sa malédiction, elle a commencé. "

“Votre fils Archibald s’est encore battu aujourd’hui. Il a frappé tout un groupe d’élèves qui estime n’avoir rien fait ! Non seulement il se bagarre, mais en plus, il sèche les cours! C’est un comportement absolument inacceptable!”
“Ce garçon… J’ai entendu dire qu’il traînait avec ce groupe mal fréquenté. On ne peut pas leur faire confiance, les Strogoi.”
“Tu ne peux pas nous en vouloir de la mort de Lucia! Ta mauvaise humeur n’y changera rien! Et malgré tout ce que tu peux dire, ton père l’aimait aussi! Il n’est pas comme nous, il a sa propre façon de réagir face au deuil! Tu ne peux pas lui reprocher d’agir comme si de rien été, nous devons avancer malgré tout. Car tu sais, cela fait déjà un an, mais elle était notre fille. Notre unique fille. Et elle était trop jeune pour mourir.”

“Tu as reçu une lettre, mon fils. Dès la rentrée, tu rejoindras l'école Sainte Catherine en France… Tu me détestes pas vrai ? Cela se voit dans la façon dont tu me regardes… Si tu pouvais diriger cette fureur dans tes études! Tu n’as fait que me décevoir ces dernières années, à te battre, à sécher les cours, à traîner avec cette bande de voyous que tu dis tes amis! Alors, prouve-moi que j’ai tort de penser que tu ne survivras pas longtemps là-bas. Impressionne-moi, Archibald."