Merywen fit rouler sa lourde valise le long des pavés qui allaient l’entrainer dans son école après deux longs mois d’absences. Ses pas étaient lents, son visage rivé vers le bas.
La petite rousse était toujours si enjouée, si explosive, une démarche sautillante et des étoiles dans les yeux. Ce n’était plus vraiment le cas. La jeune sorcière était consciente d’avoir un poids sur la conscience qui rongeait son cœur et tout son être ne pouvait pas le cacher. Elle était fragile à présent. Le petit soleil a perdu de son éclat.

La jeune fille s’arrêta à quelques mètres de la porte d’entrée et regarda le bâtiment dans toute sa splendeur. Dans son village, il n’y avait pas de bâtisse de cette hauteur. Merywen n’était partie que deux mois, mais elle n’avait l’impression que ça faisait une éternité. Pouvait-elle réellement revenir ainsi ? Pouvait-elle réellement faire comme si de rien n’était ? Comme si son absence prolongée n’était rien qu’un petit problème familial ? Peut-être que ses colocataires avaient prit l’habitude de ne plus la voir à présent ? Peut-être qu’Aaron était habitué à ne plus avoir sa présence, peut-être indésirable ?
Des questions si pessimistes hantaient l’esprit maintenant fragile de Merywen. Ça ne lui ressemblait pas non plus, elle qui était toujours si optimiste, vivant de la pensée positive. Pourquoi cet accident avait-il affecté tout ce qu’elle était ?
Les élèves allaient et venaient près d’elle, mais la rousse ne bougea pas, les yeux rivés vers le sommet du bâtiment, perdue dans ses idées noires.

Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Pourquoi était-elle revenue ? Pourquoi n’avait-elle pas continué de prendre des cours par correspondance en restant auprès de sa famille ?

Cirinci sentit la peine de sa maitresse comme si c’était la sienne et vint voler en face d’elle pour qu’elle redescende sur terre. Merywen sursauta en voyant son familier en face d’elle et se mit à respirer profondément, de manière presque stressée.

_Cirinci … Je n’aurais pas dû revenir …

La petite sorcière regarda un instant son familier avant d’hocher vivement la tête de gauche à droite, se mordant la lèvre pour ne pas fondre en larmes.

_Ils ont tord. Je n'ai rien à faire ici ...

Merywen tira vivement  sa valise vers le jardin des Nymphes et alla s’adosser à un bâtiment où il n’y avait personne. La jeune fille respira fortement comme si elle avait courut un marathon alors que ses yeux se voilaient de larmes. Lorsque son cœur se calma, Merywen se mordit la lèvre en se laissant tomber le long du mur, enfouissant sa tête dans ses bras.
A quoi ont servis toutes ces séances de psy si elle était incapable de retourner à l’école et qu’elle se laissait abattre au premier obstacle ?

Pourquoi ont-ils dis qu’elle devait retourner à l’école ? Merywen n’était clairement pas prête à revenir. Elle ne voulait pas revenir. Elle voulait rester auprès de son frère et de sa grand-mère. Elle n’avait aucun bras pour la réconforter ici. Et elle n’était pas prête à vivre avec ça.

L’oiseau, muet depuis toujours, vint se poser sur la valise de la petite rousse et la regarda dans sa tristesse. Il ne pouvait rien faire pour elle.

Alors qu’elle avait le visage enfouie dans ses bras, sanglotant comme une petite fille, sa taille et son gabarit n’aidant absolument pas à lui donner son âge, la canadienne sentit quelque chose se poser sur sa frêle épaule. Ça se ressemblait pas aux pattes de son familier mais plutôt à une main humaine.
Merywen releva doucement la tête alors que son visage arrondit était inondé de larmes qu’elle n’avait pas su retenir.

_Hey... Tout va bien? Tiens, on partage?

La rouquine regarda le visage tout rond du garçon en face d’elle. C’était Blake, un garçon de a classe mais également un grand ami d’Annabella. Elle n’avait pas eut l’occasion de faire connaissance avec lui mais il ne semblait pas méchant comme garçon. Personne ne l’était pour la petite sorcière.
Le camarade de classe de la rousse se pencha en tendant une barre de chocolat.

_On était pas dans la même classe? Qu'est ce qu'il ne va pas ?

Respirant profondément pour arrêter ses sanglots, Merywen finit par se forcer à sourire. Une chose qui semblait si naturelle chez elle devenait faux, c’était affligeant.
La petite sorcière passa rapidement sa manche sur son visage pour le nettoyer et toutes ses larmes et alla prendre doucement le chocolat que lui tendait Blake.

_C’est gentil … merci.

N’ayant pas vu que cette barre de chocolat était déjà cassé en deux, la demoiselle coupa sa part et tendis la moitié au brun en lui répondant d’une voix enfantine :

_Oui on est dans la même classe. Je reprends les cours demain.

Le cœur de Merywen se crispa rien qu’en pensant qu’elle devrait revenir en cours. Pourtant, les jours qu’elle avait passé ici n’était pas affreux, au contraire. Mais, elle voulait juste s’enfermer quelque part et jouer du violon jusqu’à épuisement. Pas de cours, pas de magie, pas de malédiction.
Une sorcière qui ne voulait plus étudier la magie ? Quelle plaie elle faisait. Une honte !
Mais la pensée de sa malédiction lui offrit d’autres larmes qui coulèrent sans retenue. Une nouvelle fois, Merywen les essuya. Elle avait beau les faires disparaitre sur la manche de sa longue veste, cette eau salée ne cessait de couler comme une cascade sur son visage d’enfant.

_D-désolée.

_D-désolée.
_Faut pas t'excuser pour ça Merywen, c'est naturel de pleurer, c'est comme s'excuser d'avoir besoin de pisser, ou de roter... Enfin... Les deux sont un peu dégoûtants donc à la limite, ouais on peut s'excuser...

Même si elle essuyait ses yeux humides, la petite rousse émit un sourire un peu amusé. Le pauvre garçon ne devait pas du tout être à l’aise et tendant désespérément d’être amusant. Merywen ne savait pas s’il disait ces mots sérieusement ou il essayait de faire rire sa camarade, mais la faune admirait l’effort.

_Mais bon, tout le monde à le droit à un coup de blues. Bon en étant honnête, pleurer en publique c'est la honte, mais... On est que deux là, et c'est pas moi qui va te juger pour des pleurs. Alors mieux vaut te lâcher ici, ça t'éviteras de craquer en public.

Il n’avait pas tord. Il fallait mieux pleurer ici et maintenant que ce soir avec les filles dans sa chambre ou demain en matin lorsqu’elle se rendra compte qu’elle n’est plus à Zepherite.

Le jeune homme vint s’asseoir à ses cotés en lui offrant gentiment un mouchoir. Merywen n’avait jamais eut l’occasion de parler avec lui, même s’il était l’ami d’Annabella, et la rouquine lui trouvait beaucoup de gentillesse et d’attention. La petite canadienne en profita pour se moucher rapidement, chose n’étant pas élégante. Blake s’était arrêté de parler. En temps normal Merywen aurait renchéris pour maintenir la conversation, elle savait bien faire ça en tant normale. Pourquoi était-ce compliquer à présent ? Est-ce l’état de tristesse qui empêchait la faune de continuer la conversation ?
Honorant le présent du brun, Merywen crocha dans la barre de chocolat tendit que ce dernier s’exprima :

_Eh... Quand même, ça arrive souvent ça, un p'tit coup de blues qui embête le monde... Tu as beau prendre un p'tit bout de chocolat mais y're still got the blueeeeeees ~ ♫ Hahaha ! C'est marrant parce que le blues c'est un genre de musique... Hahahaha ! ....Hem...

Un petit sourire se dessina sur le visage de la canadienne qui admirait toujours les efforts de son camarade de classe. C’était vraiment gentil de sa part.
Sans le regarder, fixant la barre de chocolat qu’elle mangeait à petite bouchée, Merywen entendit son camarade soupirer doucement. Elle espérait que ce n’était pas à cause d’elle et du fait qu’elle semblait renfermée. Elle voulait crier qu’elle n’était pas comme ça d’habitude, mais elle n’y arrivait pas.

_Tu veux.... En parler ?

Le visage de la petite rousse prit un visage beaucoup moins vivant même si il ne baignait plus de larmes. Ses yeux saphir si pétillant perdirent de leur éclat. Doucement, elle croqua dans le chocolat, prit le temps de le mâcher et de l’avancer. Elle qui était si énergique avant, encore une chose qu’elle avait perdue. Pourquoi ? Est-ce vraiment possible de changer à ce point ?

Puis, après avoir avalé cet antidépresseur, la canadienne tourna la tête vers son camarade de classe et le regarda dans les yeux pendant un instant. Elle ouvrit la bouche, prête à déballer son sac, mais se résigna et regarda l’étant du parc. Cependant, elle lui demanda, sa voix enfantine était beaucoup plus calme qu’autrefois :

_... Etant un sorcier tu as sûrement une grande fratrie, n’est-ce pas ? Mais en général nous les sorciers, on est peu proche de nos frères et sœurs. Ou alors seulement un ou deux. Mais ça dépend des familles je suppose. Et toi Blake, tu t’entends bien avec ta fratrie ?

_Et toi Blake, tu t’entends bien avec ta fratrie ?

La phrase de la rousse semblait avoir provoqué chez son camarade un blocage. Même si Merywen n’était pas très perspicace, elle voyait bien que ces mots avaient provoqué quelque chose chez Blake. Elle allait s’excuser de son indiscrétion, mais le garçon fut plus rapide.

_Nombreuse ! Tu peux le dire ! Ouais... On est treize, treize frère, et tu sais c'est qui le treizième ? Bah c'est moi ! C'est Bibi... Et si je devais compter mes neveux et mes quelques nièces qui ont trois ans écart pour les plus âgés... Et si je m'entends bien avec ? Hahahaha !!! Hahahahaha !!!! ....Non...

Au moins, ça c’était dis …

Alors Blake lui expliqua son enfance, la relation qu’il avait avec sa famille, ses parents, ses frères, mais également le fait qu’il avait des problèmes à l’école et qu’on lui reprochait sa virilité. Puis sa malédiction … maudite malédiction …

Même si Merywen était fière d’être une sorcière, d’avoir cette force en elle, la petite adolescente détestait sa malédiction. C’était affreux, douloureux, c’était une marque gravée dans sa chair et à chaque fois qu’elle le voyait elle se souvenait de ce cauchemar qui a réveillé ses pouvoirs. Maintenant, ce n’était plus son cauchemar qu’elle voyait mais ce qu’a entrainé cette marque qui l’a maudite. Si elle pouvait, elle arracherait sa peau si cela pouvait faire disparaitre ce tatouage démonique.

Blake marque une pause après sa tirade. Il était toujours dans ses pensées, à ressasser son enfance qu’il n’a pas du tout apprécié.

_...Tu te rends compte que les chevaux qu'il y'a chez nous recevaient plus d'amour et d'attention que moi... ?

C’était dans ces moments là que Merywen comprenait qu’elle était chanceuse. Chanceuse de son enfance parfaite, de sa famille si petite pour des sorciers. Seulement deux frères. Et bien qu’ils n’aient pas été élevés par leurs parents, leur grand-mère leur a donné amour, protection, éducation et tout ce que deux parents réunis pouvaient offrir. Et Merywen avait son grand-frère. Il a toujours été là, il était le grand frère parfait que tout le monde aurait rêvé d’avoir. Et puis dans un petit village près de la mer au pied d’une montagne. Un cadre parfait. Un petit village qui portait son nom, des oiseaux écarlates, des bateaux, l’air pur. Parfait. Tout était parfait.
Oui, Merywen avait une vie parfaite avant l’arrivé de sa malédiction et son départ pour Sainte Catherine. Elle ne devrait pas se plaindre.
Elle ne se plaignait pas d’ailleurs. Mais Merywen n’a jamais fais de mal à personne, alors pourquoi ça lui arrivait ? Pourquoi est-ce que le Destin, les dieux ou que sais-je, avait décidé de détruire cette vie parfaite ?
Si Merywen pouvait retrouver dans le passé rien que pour changer ce moment, rien que ce moment, elle ne demanderait plus jamais rien au ciel.

_Désolé... C'était moi qui devait te consoler à la base... Fais pas attention.

Merywen laissa quelques instants s’écouler, le temps que Blake croque dans sa barre de chocolat, sûrement pour oublier la frustration de ses souvenirs. Des larmes lui avaient échappé. Discrète mais présente. Il avait réellement souffert de tout ça.

Mery, tu manques de délicatesse…

_Dans mon village … on s’occupe plus des oiseaux les moins dociles. Mais ça ne veut pas dire qu’on n’aime pas ceux qui sont déjà bien obéissant.

Ce n’était certainement pas ce que voulait entendre le jeune homme. Mais la demoiselle voulait lui dire à travers ces paroles que ses parents l’aimaient certainement, même s’ils ont manqué beaucoup de choses ensembles. C’était peut-être la naïveté de la jeune fille qui parlait, ou bien sa conviction en la nature humaine et sa capacité d’aimer.
La rousse reprit, ne laissant pas le temps à son camarade pour une quelconque réponse :

_Enfin, je suis désolée de t’avoir posé cette question. C’était indiscret. Cependant …

Avec plus de conviction, Merywen termina sa barre de chocolat, tapant sur ses mains pour les nettoyer avant de se tourner complètement vers le brun et lui offrit un léger sourire. Elle essaya de l’élargir mais ses lèvres refusèrent d’aller plus haut, comme bloquées par une force divine.
Tant pis, la jeune fille décida de faire avec.

_Tu es fort ici, dit Merywen en posant une main sur son cœur, n’en doute pas. Et c’est le plus important.

_ Et c’est le plus important.
_ Bien sur que je suis fort ici... Après tout, comment on peut être le meilleur sorcier de l'école si on est pas un minimum fort ! Tiens, tu en veux d'autre ?

Merywen agrippa la barre que lui tendait son camarade de classe tout en riant légèrement.
Le meilleur sorcier de l’école ? Elle en doutait un peu. La rouquine savait qu’elle n’était pas la meilleure de sa classe, au grand drame d’Aaron, mais elle était loin d’être mauvaise. Evidemment, maintenant elle ne savait pas vraiment. Deux mois d’absences, c’était long. Même si la faune avait prit des cours par correspondance, qu’est-ce que ça donnerait demain en cours ? Et après demain ? Et à la fin du mois ?
Peut-être qu’elle n’allait pas réussir l’année … peut-être que finalement le directeur la renverrait chez elle ?

Mais non Mery ! C’est quoi ce pessimiste, ça ne te ressemble pas ! Tu peux rattraper ton retard ! Tu verras tout rentrera dans l’ordre tant et si bien qu’on oubliera rapidement que tu as disparu deux longs mois sans explications !

La petite faune releva la tête vers l’endroit où Blake avait lancé sa pierre. Elle avait un peu de peine pour l’oiseau chassé alors qu’il n’avait rien fait de mal, mais elle ne pouvait pas en vouloir au brun après ce qu’il lui avait raconté.

_Et toi? Pourquoi tu pleurais comme ça ?

Mery perdit son sourire et tourna les yeux vers l’étendue du parc. Cirinci était partit dès l’arrivée de Blake. Peut-être était-il allé dans la chambre ou retrouver ses amis les animaux. Au moins un des deux étaient heureux de revenir ici. Mais ça se comprenait, le familier était né ici, même s’il avait prit la forme d’un souvenir de la canadienne, il venait de Sainte Catherine et était forcement heureux de rentrer chez lui.

_J’ai …

Etait le seul mot qui sorti de sa petite bouche d’enfant.
Ce n’était pas compliqué à avouer. Et toute l’école finirait par être au courant, surtout Blake. Etant l’ami de la fille du directeur qui est également la colocataire de Merywen, il était certain qu’il l’apprendrait plus tôt que tous les autres élèves. Autant le dire ici et maintenant.
Pourtant, aucun son ne sortie de la bouche de la jeune canadienne.
Elle voulait lui en parler, comme lui avait parlé de son enfance. Mais absolument rien ne sortait de la bouche de Merywen. Elle se résigna alors et crocha dans sa barre de chocolat pour laisser le silence planer le temps de manger.

Elle n’avait jamais était aussi silencieuse de sa vie, hormis à ses premières heures chez la psychologue. La rouquine vivait dans un monde beaucoup plus calme et beaucoup plus triste à présent. Autrefois elle ne comprenait pas pourquoi les gens pouvaient avoir constamment des idées noires, s’enfermant dans une morose perpétuel. De temps à autre, pas tout le temps. Maintenant si, elle comprenait.

Après avoir avalé sa première bouchée, Merywen eut une profonde inspiration et une expiration plus profonde encore. Puis, maintenant apte à s’exprimer, elle répondit doucement, presque dans un murmure :

_Je ne sais pas si je peux vraiment revenir à Sainte Catherine …

_Je ne sais pas si je peux vraiment revenir à Sainte Catherine ...

La phrase laisse le jeune homme un peu perplexe. Elle prêtait à confusion. Mais la demoiselle était vraiment confuse, ce qui expliquait que ses mots l’étaient également. Ils traversaient sa pensée sans qu’elle ne puisse les retenir. Elle avait toujours le regard viré sur l’étant de l’herbe si verte. Sainte Catherine était enchanté pour qu’il fasse toujours beau et que tout soit si chaleureux et bon vivre. Pourtant, malgré ce soleil accueillant et cette vie paisible, Merywen n’avait pas le cœur à la paix.

_ Est-ce que... Quelqu'un par hasard à l'école te faisait des misères ? Et que ça ne te donnes pas envie de revenir?

Doucement, la demoiselle hocha la tête de gauche à droite, sans se retourner vers son camarade de classe.
Même si Merywen était différente, déjà parce qu’elle était une sorcière, et parce qu’elle n’avait pas reçut la même éducation ni la même enfance que la plupart des autres élèves, personne n’a jamais été violent ou blessant envers elle.

_ Ou alors... C'est parce que tu n’as pas confiance en tes capacités? J'suis sur que tu va rattraper vite si c'est le cas.

Une fois de plus, la petite rousse secoua doucement la tête, sans répondre ni regarder le garçon à ses cotés. Elle en profita cependant pour croquer une nouvelle fois dans la barre de chocolat. Au moins, elle ne pleurait plus, le chocolat était vraiment un miracle.

_ A moins que ce soit lié à ton absence...?

Ah. Touché.
Merywen, le visage froid, resta un moment immobile avant de prendre une profonde inspiration, comme tantôt.
Puis, elle se tourna vers son camarade qui se montrait très patient avec elle. Elle lui offrit un doux mais léger sourire. Pourquoi ne pouvait-il pas être plus grand ? Plus vivant ? Blake méritait bien mieux que ce petit sourire et ses yeux tristes qu’elle lui offrait.

_Tous le monde est très gentil avec moi. Même les magiciens médisants sur les sorciers. Et puis les cours … A par le latin je m’en sors ahah.

Le rire de Merywen était légèrement jaune. Non pas qu’elle mentait. Elle n’avait aucun problème scolaire. Sauf à son arrivé à Sainte Catherine puisse qu’elle n’était jamais allé à l’école autrefois, étudiant avec les doyens de son villages, mais elle apprenait vite et a su être une bonne élève.

Après quelques temps, la petite rousse reprendra certainement son niveau. Bon, sauf pour le latin, là elle allait clairement avoir besoin de cours particulier !
Son rire forcé venait qu’autrefois elle ne doutait pas d’elle, ni de ses facultés d’adaptations et d’apprentissage. Maintenant elle ne savait pas. Elle reprendrait réellement son niveau ? Elle pourrait passer outre ces deux derniers mois ? Vraiment ?

_En vérité, ce n’est pas que je ne veux pas revenir. Je ne sais pas si je suis en mesure de le faire. J’ai juste envie de m’enfermer dans ma chambre et jouer du violon.

Mais pourquoi elle parlait de violon ?
Bon, peut-être qu’Annabella avait déjà parlé de ça à Blake, ou elle apprenait quelque chose au jeune homme. Tan pis ? Tant mieux ? Aucune idée. Merywen disait simplement ce qu’elle avait sur le cœur. Son psychologue lui avait conseillé d’en parler, pour l’aider à l’accepté. La petite rousse doutait des capacités de cette femme, il fallait le dire. Mais personne ne pourrait l’aider si elle ne disait rien, c’était une évidence.

_Mon …

Allons Mery, tu peux faire mieux !

Le sourire de la canadienne devint plus fin jusqu’à disparaitre. Elle dû reprendre une nouvelle inspiration et un autre long silence, regardant le vide qui séparait les deux adolescents. Après un silence qui semblait si court pour la demoiselle, mais qui était certainement éternelle pour le brun, elle finit par avouer :

_Ma famille, était vraiment petite. Ma mère est capitaine du plus grand bateau de commerce de mon village. Elle s’occupe de toute la navigation des bateaux et des relations avec les joailliers des autres villes. Elle n’était pas du genre à s’occuper d’enfants et n’en a fait que trois pour s’adonner à sa vocation. Mais ce n’était pas grave, à Zepherite, les habitants privilégies les mariages amoureux que les procréations de bébés magiques … Et ce sont nos grands-parents qui nous éduquent, ou les doyens de la communauté. Je suis énormément attaché à mon grand frère, un peu moins avec le plus jeune à cause de l’écart d’âge …

Le fait de parler de ça lui serrait le cœur, mais en même temps elle se sentait libérer d’un poids. Des sentiments contradictoires qui s’affrontaient en elle.
Parler ? Se taire ? Se confier ? Garder pour soi ?
Peut-être n’aura-t-elle plus l’occasion d’avoir une oreille attentive comme Blake.
Peut-être Aaron ? Mais stoïque comme il était, la faune n’en était pas certaine.
C’était si compliqué …

_Je n’ai jamais été une grande sœur pour lui. Et je n’aurais jamais l’occasion de l’être …

_Je n’ai jamais été une grande sœur pour lui. Et je n’aurais jamais l’occasion de l’être …

Cette information mis quelques instants à parvenir à Blake. La rouquine osa poser ses yeux saphir sur ceux de son camarade de classe.

_Merywen.... Est ce que c'est parce que ton frère n’était pas bien que tu as dû rentrer pendant deux mois chez toi?

Une nouvelle fois, la petite rousse hocha la tête de droite à gauche dans le plus grand silence avant de reposer son regard vers le vide. Pourtant, Blake se rapprochait tellement de la réalité. Il était si prêt de comprendre. Ça serait tellement plus simple s’il arrivait à comprendre sans qu’elle lui dise, pour ne pas fondre en larmes.

_Il allait avoir six ans cette année. Il était tout petit …

Merywen tendit la main en avant pour montrer à peu près la hauteur qu’avait son petit frère. Il était plus petit qu’un enfant de son âge.

_Tout fragile. Il avait de l’asthme. Alors je ne jouais pas beaucoup avec lui. Mais la montagne lui faisait du bien.

Merywen souriait en pensant à son petit frère. Avec sa petite tête brune. Elle n’avait jamais su pourquoi ses deux frères avaient les cheveux noirs alors qu’elle avait les cheveux d’un rouge flamboyants. Malgré son sourire doux, ses grands yeux de saphirs devinrent humides, se voilant d’un filet translucide s’épaississant à chaque instant.

_Je n’ai écouté personne et je suis allée avec eux. C’était mon dernier jour avant de retourner à l’école, je voulais profiter de mes frères. Il m’avait dis que les vents étaient plus fort en janvier. Mais je ne pensais pas …

Les yeux humides de Merywen laissèrent échapper ses larmes.

_J’ai déclenché ma malédiction et mon grand-frère est venu m’aider. Mais … Mais du coup … il n’a pas pu retenir notre petit frère. Il est tombé … et … Si je n’étais pas venu avec eux … Je …

Les pleurs de la petite faune coulaient avec abondances et sans retenues. Son visage prit une mine triste, voir, désespérée. Elle était tellement rongée par la culpabilité, comment pouvait-elle avancer ?
Malgré cela, Merywen finit par cracher le morceau, avouant tout :

_Il est mort.

Même si la rousse serrait les dents, elle ne pouvait retenir si ses larmes, ni ses sanglots. Elle enfouit sa tête dans ses bras en serrant fermement ses jambes contre elle. Sa main gauche serrant fortement son bras droitoù se trouvait une partie de la marque de sa malédiction.
Même si on lui a dis, redis, répéter, fais répéter que ce n'était pas sa faute, Merywen se sentait terriblement coupable. Si elle n’était pas venu, son grand frère n’aurait pas eut besoin de la retenir, son cadet n’aurait pas été emporté par le vent violent de son aile jusqu’au ravin.
Son grand frère s’en voulait.
Merywen s’en voulait.
Et même si elle n’avait rien dis, la rouquine savait que leur mère leur en voulait, à elle de n’avoir pas su contrôler sa malédiction alors qu’elle était la seule de tout le village à aller à Sainte Catherine, elle en voulait à son fils de n’avoir pas pu protéger son petit-frère.
Mais ils n’étaient que des enfants. Et ils ont vu leur frère mourir. Alors pourquoi était-elle si injuste par tristesse ?

_Et c’est ma faute …

Merywen était inconsolable. Et pourtant, elle avait promis à son père d’être forte.
Si elle était revenue à Sainte Catherine, c’était grâce à sa grand-mère. Cette brave femme lui avait dit que le meilleur moyen d’honorer la mémoire de son petit frère était de continuer de vivre. Et Merywen devait continuer d’étudier à Sainte Catherine pour se découvrir et mener la vie qu’elle voulait pour elle. Que se soit à Zepherite ou ailleurs dans le monde. Il fallait qu’elle vole de ses propres ailes et pas celles qu’on lui imposait.

Les yeux fermés et le visage caché, Merywen sentit quelque chose de rassurant entourer son petit corps. C’était son jeune camarade qui la prenait dans ses bras. La demoiselle ne savait pas si c’était le geste, Blake, ou cette combinaison qui donna ce doux réconfort à la petite faune. Le garçon se mit à doucement frotter le frêle dos de sa camarade en larme.

_Aller ... Lâche-toi, ça ira mieux après.

Oh qu’elle se lâchait. Et qu’est-ce qu’elle allait être épuisée avant l’heure ! Parce que pleurer, ça fatiguait, elle avait tenté l’expérience tout le moins de janvier. La rouquine ne savait pas cela avant, elle n’avait pas eut de si gros chagrin depuis, presque, toujours.
Merywen essayait d’étouffer ses sanglots pour ne pas ameuter des curieux. Manquerait plus qu’elle connaisse des personnes dans le lot d’adolescents, de plus.

Les larmes de la petite rousse se vidaient sur son camarade classe, mais son propre visage était trop humide pour qu’elle puisse s’en rendre compte. Merywen s’enfonçait dans les bras de Blake comme elle l’avait fait avec son grand frère, laissant sa peine quitter ses grands yeux si tristes.

_...Tu disais que tu n'avais pas passer beaucoup de temps avec lui, mais... Je suis sur que le peu de moment que tu avais passé avec, il devait adorer ça. Je suis sur qu'il t’adorait, ton frère, et il t'as adoré jusqu'au bout...Te connaissant, tu as du être une bonne grande sœur avec lui... Et lui devait penser la même chose... Et je suis sur que là ou il est, il doit toujours le penser.

La demoiselle essaya de parler mais ne faisait que bafouiller entre ses sanglots. Elle voulait demander au garçon s’il le pensait réellement. Peut-être qu’il disait juste ça pour lui remonter le moral. Mais même si c’était le cas, ça lui faisait chaud au cœur, d’imaginer son petit frère heureux avec elle.

Etrangement, Merywen se rappelait les fois où elle s’amusait avec lui. Il était si timide que lorsqu’il voyait une personne, hormis sa famille, il venait se cacher derrière leur grand-mère, leur grand-frère ou elle. Il aimait bien passer sa si petite main dans ses cheveux si rouge. C’était peut-être pour cela que Merywen les gardait si long, inconsciemment.

_Je suis vraiment désolé pour ta perte Merywen...

Après une minute, ou deux, peut-être trois, Merywen avait vidé toute ses larmes, sur Blake. Maintenant qu’elle ne pouvait plus pleurer, elle se détacha doucement de son camarade se classe et essuya son visage humide avec sa manche. Puis, en reniflant, encore porter par ce relâchement, elle regarda son camarade et constata qu’elle avait utilisé l’uniforme de ce dernier comme un mouchoir géant.
Elle eut un rire gênée en pointant la grosse tache humide sur Blake.

_Excuse moi, je ne pensais pas te faire prendre une douche.

Lorsque le rire de la demoiselle se calma, en même temps que ses reniflements, elle avait les yeux rouges et le visage bien pâle. Mais elle avait vidé son sac, et espérait que ça irait mieux maintenant.
Merywen offrit un doux sourire remplis de remerciements à son camarade de classe, tournant ses yeux bleus vers les siens.

_Merci … de m’avoir écouté … Réconforté … Et … Je sais que ça va se savoir … Mais n’en parle pas à Annabella s’il te plait.