Il est né un beau matin de l’année 1989 - le 21 juin, il me semble – dans une petite bourgade de l’Angleterre.
C’était le premier fils d’un jeune couple de sorciers, son père était professeur de littérature anglaise, et sa mère était libraire.
C’est sans surprise aucune qu’il a passé plus de temps à côtoyer des livres que des personnes de chair et de sang, durant les premières années de sa vie, avant de finir dans une école humaine, à l’âge de six ans.
Suite à un accident survenu dans la libraire de sa mère (un étrange cas concernant un livre ensorcelé égaré et une jeune humaine un peu trop curieuse. Pauvre petite, après ça, elle n’a plus jamais pu s’approcher d’un bouquin. Triste histoire.), ses parents ont déménagé en France alors que le petit n’avait que cinq ans.
Arrivé dans un pays dont il ne connaissait rien, Ezhyo se retrouvait moins d’un an plus tard à l’école, entouré d’enfants parlant un étrange dialecte dont les seules connaissances qu’il avait se résumaient à « Bonjour » « Merci » et « Au revoir ».
La barrière de la langue (du moins dans un premier temps) et sa timidité firent de lui un enfant assez solitaire durant sa jeunesse. Aimant apprendre, passant tout son temps libre dans des livres, sa scolarité se passa globalement sans soucis.
Ce n’était pas très intéressant, admettons le.
Par contre… !
A onze ans, pour son entrée au collège, sa vie d’enfant sorcier se développait petit à petit, ses parents s’occupant de ce côté là de son éducation.
Ainsi, Ezhyo jeune et insouciant petit sorcier, la tentation commençait à pointer le bout de son nez.
« Surtout, quoiqu’il arrive, contrôle-toi. Ne fais rien de stupide », lui avait dit son père.
Mais à cet âge là, tout le monde est stupide, n’est-ce pas ?
Et ils déménagèrent encore, quittant leur petite bourgade des Midi-Pyrénées et un gamin persuadé que les stylos de sa trousse volaient et lui feraient du mal s’il embêtait encore quelqu’un.

C’est ainsi qu’Ezhyo et ses parents atterrirent dans la métropole de Paris, cherchant plus que tout à se fondre dans la masse.
Le reste du collège se déroula sans encombres, l’adolescent ayant retenu le savon monumental passé par ses parents. Il lui tardait tout de même le lycée, ses parents lui ayant promis d’enfin l’envoyer dans une école de sorcellerie.
Vers la fin du collège, Ezhyo se retrouva grand frère de deux jumelles, Léa et Mathilde. Mais il n'aura pas vraiment l'occasion de les voir grandir, partant trop tôt du foyer familial. Toujours est-il que ses deux soeurs l'adoreront et lui sauteront dessus les rares fois où elles le verront.
Vint enfin l’entrée dans cette fameuse école, suivie de l’agréable période de la découverte de la Malédiction. Ses parents l’avaient prévenu des cauchemars et autres désagréments qui en découleraient, mais Ezhyo était bien sûr de lui. De simples rêves ? Quelle piètre malédiction, pas de quoi en faire tout un plat, essayait-il se persuader.
S’ensuivit une semaine durant laquelle il alternait les réveils en hurlant, et les moments assis dans son lit, tremblant, la lumière allumée.
Quels étaient ces cauchemars ? Je ne sais pas. Il n’a voulu les raconter à personne, ni à ses parents, ni à moi.
Toujours est-il qu’il n’a recommencé à dormir sans lumière qu’à la sortie du Lycée.
Au terme de cette semaine (« une grosse grippe surprise » déplorèrent ses parents aux professeurs du Lycée), un étrange tatouage en forme d’œil fermé apparut au bas de sa nuque.
Sa peur, m’a-t-il dit ? La peur du noir. Ne plus pouvoir prévoir, anticiper, sentir ce qui l’entourait. Pour lui, cette obscurité insondable ne symbolisait que l’inconnu, le danger, rien d’autre qu’un abîme sans fond dans lequel il se perdait.
Lui qui aime tant tout observer autour de lui, sa malédiction le prive de ces précieux sens que sont la vue et l’ouïe, l’enfermant dans une prison de ténèbres, obscure et silencieuse, sombre et solitaire.
Quand il subissait ces crises, il entrait dans de grandes phases de paniques et de peur.
Cette malédiction lui coupa toute envie de jouer avec la magie.
C’est pourquoi il partit dans une université d’Histoire de la magie, préférant l’étudier qu’y avoir affaire en personne. Sa période favorite ? La guerre entre Sorcier et Magiciens, et l’apparition de la Peur. Finalement, il obtint assez facilement son diplôme et c’est à cette période, côtoyant enfin d’autre personnes « magiques » qu’il apprit à se sociabiliser.

A vingt et un ans, il entra dans une faculté d’Histoire humaine, poussé par sa soif d’apprendre, et il dévora le programme, obtenant ce diplôme haut la main.
Après ça, vint enfin la fatidique nécessité de chercher un emploi. Ne sachant pas quoi faire, il vivota à l’aide petit boulots, tout en approfondissant sa culture d’Histoire, qu’elle soit magique ou non.
Deux ans après, il se décida à chercher un emploi dans le monde magique, le monde Humain ayant finit de l’amuser. Il se retrouva alors à démarcher différentes écoles de sorcellerie, sans succès.
C’est finalement ses parents qui lui apprirent la réouverture de l’école Sainte Catherine en tant qu’école « mixte ».
Sans grands espoirs, blasé après deux ans de recherches infructueuses, il tenta sa chance.
Deux semaines plus tard, il reçut une lettre le conviant à un entretien.
La suite… La suite, je crois que vous la connaitrez, elle commence dans votre école.