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Broback Mountain [Lexa]
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 :: La Ville de Malnans :: La Périphérie :: Le Col des Dragons
MessageSujet: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyMer 7 Mar - 9:27
ft. bro
Withoutter him

Merci de m'avoir emmenée là.

Là, c'était l'un des plus beaux paysages qu'il m'avait été donné de voir. Toute ma vie me semblait terne face à la pureté de ce qui se déployait sous mes yeux. Sous mes bottes épaisses et fourrées, un édredon de neige avait mis en sommeil toute la végétation. Juchés sur notre sommet, je nous croyais les rois d'un monde endormi. La ville, à des centaines de mètres en contre-bas, paraissait minuscule et silencieuse, comme morte. Une ville sur laquelle le froid avait jeté son triste dévolu. Cette ville qui pourtant, je le savais, était riche de vie. Il m'y plaisait de m'y rendre dès que je le pouvais, plusieurs fois par mois, sans jamais me lasser d'en parcourir les échoppes. Mais aujourd'hui, je la contemplais d'un œil nouveau. Elle dégageait une fragilité touchante. Perdue au milieu de pics enneigés et de forêts qui n'en finissaient pas, le monde semblait l'avoir oubliée. Une mélancolie légère, de celles que l'on ressent lorsque l'hiver nous écrase, l'enveloppait et déformait son visage. J'en détournai le regard, comme gênée de l'observer sous cet angle. J'attentais à sa pudeur.

Un sentiment qui, fort heureusement, s'envola bien rapidement.

Je passai la main autour du bras emmitouflé de Lexa, pour ponctuer ma phrase d'un geste amical. Lui attraper le bras. Ce n'était pas ce que l'on faisait de plus expressif, mais c'était ce que pour le moment, j'étais capable de faire de mieux. J'en étais la première étonnée. C'était une nouvelle Billie que le garçon avait réussi à modeler au fil des mois, par sa présence et son amitié. Quelqu'un à qui j'étais réellement attaché. Quelqu'un avec qui je n'étais ni jugée, ni agressée. Quelqu'un qui ne me regardait ni comme un monstre difforme, ni comme un plat appétissant. Et quelqu'un avec qui je partageais un grain de folie, de douce extravagance.

Ce n'était pas notre première sortie, mais elle me semblait être la plus ambitieuse. Surpassant même les cours de sport du samedi matin desquels nous nous étions habilement soustraits à maintes reprises. Mais nous n'étions pas partis vadrouiller en ville. Armés de quelques affaires de survie dans un sac, nous étions partis à l'aventure. L'homme face à la nature. Bear Grylls n'avait qu'à bien se tenir. Nous étions arrivés jusqu'ici. Il nous suffisait de tendre le bras au-dessus de nos têtes pour caresser le coton des nuages immaculés qui couvraient entièrement le ciel. Billie Barrett était une jeune fille heureuse.

Et si je décrivais tout avec autant de jolis mots, c'était pour montrer à quel point je me sentais bien.

Je laissai flotter mes remerciements quelques secondes. Je le savais tout aussi démonstratif que moi, ce qui expliquait une partie de notre grande complémentarité. Les choses, souvent, avaient plus de poids sous les attraits de la simplicité. Je n'avais pas envie de lui expliquer pourquoi je lui disais merci, je n'en avais pas besoin non plus. J'étais accrochée à son bras et je souriais, cela suffisait.

Je n'avais même pas froid. J'aurais bien aimé cependant. C'était naturel d'avoir froid. Et pourtant on nous le refusait à l'école. On n'avait pas la possibilité d'avoir froid. On avait difficilement chaud, aussi. Tout était toujours d'une morne platitude. Et nous, n'étions que deux adolescents cherchant à briser la routine. Mais je m'étais trop bien préparée. Mon trench coat d'un jaune moutarde me couvrait du vent et mes gants fourrés protégeaient des doigts qui allaient forcément finir par plonger dans la neige. Dans mes cheveux, un bonnet gris et large laissait apparaître quelques unes de mes mèches bleues. Dans mon dos, la capuche bleue de mon gilet tentait de s'extirper des entrailles du manteau. Je portais stupidement une robe. Comme c'était souvent le cas. Mais prévoyante comme j'étais, une paire de collants de laine blancs sous mes bottes de cuir masquaient mes jambes fines et blafardes d'ancienne malade.

Et j'avais laissé dans mon dortoir mon vêtement le plus difficile à porter : Arthur. Voilà pourquoi j'étais aussi comblée ! Le silence dans ma tête, l'absence de malaise ou de honte, la disparition de la peur constante de voir le monde exploser autour de moi. Je n'avais eu qu'à dire que Jasper était avec nous, pour qu'il refuse lui-même de venir. Pourquoi ? Si dans un millénaire les archives de Sainte-Catherine ne devaient plus poser qu'une unique question sans réponse, c'était celle-ci. Qu'avait bien pu faire Jasper pour qu'il soit la seule chose en ce monde, en cet univers, en cette réalité et même celle d'à côté, qu'Arthur fuyait comme la peste ?

Honnêtement, trop heureuse du chantage que cela me proposait, je me foutais royalement du pourquoi.

Oh, au fait ! m'écriai-je soudainement. J'ai un truc spécial pour aujourd'hui !

Je lâchai Lexa et libérai une bretelle du sac licorne qui trônait fièrement dans mon dos. Après quelques secondes de fouille intensives, j'en sortis l'objet de mes recherches et de mon soudain enthousiasme. Un appareil photo instantané acheté pour l'occasion. Parce que j'avais eu envie de bien faire les choses.

Fini les belles emphases romantiques sur le paysage. On avait d'autres chats à fouetter. Je souris à l'albanais, espiègle.

Paré pour un petit selfie, bro ?


Billie Barrett
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyJeu 15 Mar - 15:40
Broback MountainLexa Dibra & Billie BarrettLa neige. Le vent. L'humidité. Le froid. Le calme paisible d'un endroit où on ne risquait de croiser personne. Seulement des arbres, des buissons, quelques roches s'échappant du doux manteau blanc qui recouvrait le sol, pour parsemer ce dernier de tâches grisâtres qui donnaient du relief au paysage.

Une nature vivante, loin du domaine figé dans le temps de Sainte Catherine.

Un bonnet noir enfoncé sur la tête et sa vieille écharpe grise autour du cou, Lexa souriait. Dans les poches de sa veste en cuir marron un peu défoncée - qui rappelait celles des aviateurs du siècle dernier -, il avait enfoncé ses mains nues. Il ne donnait pas l'impression d'avoir froid, même s'il n'était clairement pas vêtu de façon à contrer la météo de la manière la plus optimale. Un jean, un pull et des chaussures.
C'était peu, mais cela suffisait amplement à achever de le garder au chaud. Il n'était pas frileux. Et puis il fallait dire que de toute façon, il n'avait pas vraiment le choix : il n'avait rien de plus épais à se mettre sur le dos.

De plus, il bénéficiait d'une source de chaleur supplémentaire en la personne de Billie. Billie qui était accrochée son bras, toute de couleurs et de sourires vêtue depuis qu'ils étaient sortis du château pour commencer leur petit périple en direction du Col des Dragons.

Elle dégageait une forme de magie, Billie. Pas de celle que le sorcier rebutait tant à utiliser et dont il ne demandait qu'à se débarrasser, mais plutôt comme une sorte d'aura surréaliste, qui la suivait partout. Une magie qui lui donnait un il-ne-savait-quoi de tout à fait spécial à ses yeux. Il ne la voyait ni comme une petite sœur, ni comme une camarade de classe. Il ne la voyait pas comme une sorcière, non plus. Elle était simplement... formidablement normale.
C'était une jeune fille sans prise de tête, qui lui rappelait un peu ses plus jeunes années à lui, qui arrivait à lui faire oublier parfois à quel point il se sentait dépaysé à Sainte Catherine. Une petite flamme, se consumant au gré de ses envies sans se soucier des autres. Elle ne suivait pas toujours les règles, était tout aussi imparfaite que pouvait l'être n'importe qui d'autre, mais l'assumait comme très peu en étaient capables.

Elle était juste Billie, en fait.
Et elle n'avait besoin d'être rien de plus.

- Merci de m'avoir emmenée là.

Lorsqu'il entendit sa voix briser le silence de leur marche, Lexa ne lui répondit pas. Il se contenta de hausser légèrement les épaules. Il savait qu'elle ne le prendrait pas mal, parce qu'ils se comprenaient : Billie n'avait pas besoin de le remercier pour quoi que ce soit. Il lui avait proposé de sortir du château et de son horrible climat fade et surnaturel pour elle, mais également un peu pour lui - revenir à la réalité de temps en temps, il en avait bien plus besoin que quiconque ne pouvait le réaliser.
Et sans Billie, ce retour à la réalité aurait probablement été bien moins amusant.

Il passait peut-être parfois pour quelqu'un de solitaire, pour autant il appréciait plus que largement de passer du temps en bonne compagnie.

- Oh, au fait ! J'ai un truc spécial pour aujourd'hui !

Cette exclamation soudaine sortit le sorcier de ses pensées, le faisant tourner la tête vers la petite camarade à son bras. Camarade qui venait de le lâcher, visiblement toute portée par une sorte d'excitation subite qui lui donnait un air plus radieux encore que celui qu'elle avait gardé depuis leur départ.

- Mhm ?

Les sourcils froncés dans un regard suspicieux à l'adresse de son amie, Lexa retint le sourire qui tentait de s'immiscer sur ses lèvre : quand Billie Barrett préparait quelque chose de spécial, Dieu seul savait à quoi s'attendre. Que diable avait-elle bien pu manigancer cette fois ?
En voyant son amie commencer à fouiller dans son sac pelucheux, l'albanais laissa son esprit se perdre en suppositions quant à ce que cette licorne éventrée pouvait bien renfermer. Il s'attendait presque à voir Billie en sortir tout un nécessaire à fondue, réchaud inclus. Ou pourquoi pas une piscine gonflable, des raquettes de tennis empruntées à l'école... n'importe quoi, à vrai dire. Il se préparait toujours à tout avec elle.

Lorsqu'il la vit toutefois sortir puis brandir un morceau de plastique rectangulaire arraché avec triomphe des entrailles de son sac, Lexa n'en fut pour autant pas déçu : un appareil photo instantané ? Il n'y aurait pas pensé lui-même mais voilà qui allait leur permettre de ramener de beaux souvenirs de leur expédition !

- Paré pour un petit selfie, bro ?

Le sourire espiègle que Billie lui adressait, voilà quelque chose dont l'albanais ne se lasserait jamais. De la malice, de la folie, de l'insouciance, il ne demandait rien de plus de la part de son amie.

Il fit mine de réfléchir un instant, l'index gauche porté devant son nez tout en s'avançant vers la sorcière les yeux fermés, dans un mime de réflexion intense. Arrivé à un petit pas d'elle, il inspira solennellement, ouvrit un œil, puis lui prit rapidement l'appareil des mains, le sécurisant immédiatement au-dessus de sa tête pour le maintenir hors de portée de Billie.

- Seulement si je peux choisir mon plus bel angle.

Il avait beau avoir dit ça d'un air tout à fait sérieux, c'était bien évidemment une vaste blague. Tout d'abord parce qu'il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait bien être son « plus bel angle » mais surtout parce qu'il se fichait pas mal d'avoir de la morve gelée pendue au nez sur une photo, tant qu'il passait du bon temps avec Billie.
Un coin de son esprit lui avait simplement envoyé un flashback, remontant à quelques mois de cela. Une histoire de photos envoyées sur son portable durant une soirée un peu trop arrosée de Billie. Il avait vu bien trop de paires de fesses l'attendre dans son téléphone à son réveil, ce jour-là. Essentiellement masculines, d'ailleurs.

Grâce à elle, il n'allait plus jamais voir Daniel de la même manière.
Il était donc temps pour lui de prendre sa revanche.

- Hm... Attends.

Balayant son regard de gauche à droite, Lexa tourna légèrement sur lui-même, à la recherche de l'endroit parfait. Il gardait l'appareil hors de portée des petits bras de Billie, tâchant toujours de ne pas éveiller les soupçons de cette dernière quant à ce qu'il pouvait avoir exactement derrière la tête. Lorsqu'il finit par trouver ce qu'il cherchait, il pointa du doigt un petit endroit sympathique sur leur gauche, agrémentés de quelques arbres et de rochers gelés.

- Viens, ça sera mieux si on le prend là-bas !

Se dirigeant déjà là-bas d'un pas décidé, Lexa n'avait de toute façon pas laissé le choix à son amie : si selfie elle voulait prendre avec lui, le suivre elle allait devoir faire sans broncher. Une fois tous deux bien arrivés au pied d'un arbre à l'écorce tachetée de noir et de blanc par la neige qui la parsemait, l'albanais se fit un plaisir de placer Billie.
Il passa donc son bras libre autour des épaules de la sorcière, pour la rapprocher de lui. Ensuite, il se baissa légèrement, de sorte à ce que leurs visages se trouvent vaguement au même niveau. Son bras gauche tendu devant lui dans un angle qui promettait - à priori - un cliché mémorable, il donnait vraiment l'impression d'avoir réfléchi cette mise en scène pour que leur portrait soit parfait.

Et puis, alors qu'il arborait un sourire lumineux et qu'il annonçait la prise de la photo à son amie, Lexa détacha le bras qui entourait les épaules de Billie. Il attrapa une branche basse. Branche qu'il secoua tout en s'exclamant joyeusement :

- Cheeeeese.

Évidemment, ils étaient maintenant tous les deux couverts de neige.
Et le pire, c'est qu'il en était fier.
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyDim 18 Mar - 11:16
ft. bro
Withoutter him

J'avais un secret. Un secret stupide. Un secret dont même Arthur n'avait pas connaissance. Dans mon dortoir, il y avait un lit. A côté de ce lit, une table de chevet. Dans cette table de chevet, un tiroir cadenassé. Et dans ce tiroir cadenassé, un carnet. Un unique carnet. La couverture rigide imitait un cuir ancien et usé. Les pages étaient légèrement jaunies, et de fines lignes horizontales les parcouraient. Un fin marque-page de tissu or et carmin nuançait l'austérité apparente de l'objet. Je l'avais trouvé dans une papeterie de la ville, lors de ma première expédition là-bas. Il était simple et sans valeur. Beaucoup de monde devait posséder le même. Pour noter ses comptes, écrire des poèmes ou dessiner des croquis. J'avais réussi à le rendre précieux et unique. J'avais décidé d'en faire le journal de ma vie. Pas un journal intime. Raconter la noirceur de mon âme, mes hésitations amoureuses ou la première fois que je me suis touchée, toutes ces conneries... ce n'était pas moi. Et si je me trouvais réellement déchirée par mes incommensurables problèmes d'adolescente un jour, je pouvais en parler à Arthur. Ce carnet là ne possédait pas de texte, en fait. Enfin très peu. Seulement des légendes, sous des photographies. Car c'était de cela qu'il était fait, de photographies.

Le journal de ma vie s'ouvrait sur l'image du château de Sainte-Catherine. Car c'est ainsi que débuta ma vie. La vraie. A mon arrivée dans cette école. Dessous, mon écriture calligraphiée indiquait le nom de l'endroit et la date de rentrée scolaire. Puis on trouvait les visages de mon frère et de mes sœurs. Arthur se baignant à la surface du lac. Un nuage qui ressemblait à Dark Vador. Un selfie, allongée dans l'herbe verte.  Les fesses de Daniel. La nonchalance de Lexa. Un cliché volé au détour d'un couloir, de cette Phénix qui m'avait fascinée. Elle est de dos, tourne légèrement la tête. On peut apercevoir son nez et les traces d'un sourire. Voilà tout ce que je conservais d'elle, comme le fantôme d'un quelque chose avorté.

Des photographies imprimées depuis mon téléphone portable. Et celle que nous nous préparions à faire allait embellir le tout. Parce qu'une photographie instantanée possédait cette spontanéité qui rendait chaque prise magnifique. Et parce que c'était Lexa, surtout. Il possède une forme de magie unique en lui, Lexa. Tout est agréable quand il est là. Je suis rassurée quand il est là. Je suis moi, quand il est là. Rien n'est jamais trop grave, ni trop sérieux. Je ne suis pas un monstre, je ne suis pas bizarre, avec Lexa. Je suis, juste. Et lui, il est. Dans toute sa simplicité. Il rit quand il faut rire. Il parle quand il faut parler. Il ne fait rien quand il n'y a rien à faire. Il essaie toujours d'être gentil, mais n'échoue cependant jamais à être bon.

Paré pour un petit selfie, bro ?

Pourquoi demander ? Je savais qu'il ne pouvait rien me refuser. Et pourtant, il fit mine d'y réfléchir. Il n'allait pas refuser, quand même ? Mon sourire était bien trop adorable pour qu'il refuse. Mais il réfléchissait encore, dans sa pose de l'homme qui réfléchit. Son talent de comédien me laissait bouche bée. Face à si peu de talent, j'étais sans voix. Bien sûr tout cela, comme la suite, faisait partie d'un odieux plan que je ne découvrirais à mes dépends que trop tard.

Il m'arracha l'appareil des mains et le souleva au-dessus de sa tête, hors de ma portée. Il avait l'air ridicule, dans cette posture... mais force fut de constater que la stratégie était infaillible. J'étais...  trop petite. J'aurais pu sauter, essayer d'en agripper la sangle du bout des doigts... Mais dans la neige, sur un sol irrégulier, à quelques mètres des précipices, c'était un pari bien trop risqué. L'un de nous connaîtrait une chute mortelle, et ce vol ne méritait pas un tel châtiment. J'aurais pourtant du me méfier. Le vol c'était son truc, à Lexa. Dans sa volonté de faire de moi quelqu'un de bien, il m'avait d'ailleurs appris quelques ficelles lors de cours en école buissonnière.

Seulement si je peux choisir mon plus bel angle.
Tu seras déçu, quand tu pigeras que tu n'en as pas.

Je reculai de deux pas et croisai les bras, une moue boudeuse sur le visage. J'allais le suivre dans son petit jeu, en espérant que mon capital mignon le fasse craquer avant que je ne craque moi. Il fallait toujours le suivre. Si on n'était pas capable de comprendre que tout ceci n'était qu'une vaste blague, on n'avait aucun moyen de construire la moindre relation avec Lexa. C'était comme ça qu'il marchait. Le visage le plus sérieux du monde cachait l'esprit le plus espiègle. J'aurais déjà du, à ce moment, me montrer méfiante. Mais trop occupée à bouder, je ne réfléchis pas plus à son étrange comportement.

Hm... Attends, commença-t-il en cherchant un nouvel emplacement du regard. Je plissai les yeux une seconde, le temps de penser avoir une ouverture pour récupérer mon bien. Mais c'était sans compter sur la hauteur et la distance qui nous séparaient. J'aurais tôt fait de le bousculer involontairement et de regarder son corps s'écraser dans les rochers, plusieurs dizaines de mètres en contrebas. Viens, ça sera mieux si on le prend là-bas !

Je fis mine de ne pas m'intéresser au coin qu'il désignait et de le suivre à contrecœur. Un coin qui, finalement, était très joli. Une belle scène de crime, ouais. Je le laissai me placer, ne bougeant que les jambes, mes bras figés dans la posture du boudin. Qui ne dura finalement pas plus longtemps. Dès lors qu'il passa son bras autour de mes épaules, j'arrêtai la comédie en pensant le voir faire de même. Je souris en coin pour la photographie. Et je savais qu'à côté, Lexa irradiait de bonheur.

Lexa irradiait de bonheur, ouais. C'est à cette réflexion que je compris. Lexa n'irradiait jamais de bonheur. Tout ça, c'était trop. Trop, et pas assez lui. Toutes les connexions entre les éléments se firent dans mon esprit. La photo, les arbres enneigés au-dessus de nos têtes, la position légèrement surélevée de Lexa. Mais c'était trop tard.

Lorsqu'il ôta son bras de mes épaules, je tournai la tête vers lui et plissai les yeux pour un regard noir et accusateur. Nos deux voix se mêlèrent.

Cheeeeese !
Oh, petit enf...

Sbroutch. Clic.

Je restai sans bouger plusieurs secondes. Surprise. Incompréhension. Trahison. On pouvait croire que je fulminais, prête à exploser de rage d'une seconde à l'autre. Bien sûr, ce n'était pas mon genre de comportement. J'avais simplement honte. Honte de ne pas avoir démasqué la supercherie plus tôt. Je pensais connaître Lexa. Je voyais en lui le calme et la raison qui me manquaient parfois cruellement. Finalement... pas du tout. C'était un petit gamin doublé d'un traître et d'un lâche. Bon finalement, peut-être que je fulminais un petit peu. J'étais mauvaise perdante. Et que je venais juste de perdre en beauté. Il allait être fier et me mettre la honte avec ça pendant trois semaines. Je ne pouvais laisser ça se produire. Mais comment lutter contre lui ? J'avais trop de compassion pour oser ce genre de coups bas, moi. Quoi que, j'avais des photos compromettantes de son camarade quand même. Mais j'avais bu à ce moment-là, donc ça ne comptait pas.

J'arrachai la photo qui glissait hors de l'appareil avant Lexa et partit plus loin en me secouant comme un chien mouillé. Le dos tourné à mon ami, je posai les yeux sur ce que je dus admettre être l'un des plus beaux clichés que j'avais pu voir de ma vie. Lexa, le bras levé, sourit comme un gosse sous la couche de neige qui s'écrase sur son bonnet et son manteau. A côté, j'avais la tête rentrée dans les épaules, la bouche bée par la surprise et une forme d'indignation. Et le froid. Surtout le froid. Même si on distinguait mal mon visage sous toute la poudreuse qui s'effondrait. On pouvait remarquer les tas de neige exploser à l'impact.

Ok j'avoue, lançai-je finalement en faisant face au mécréant. Beau cliché.

Je jetai ce dernier pour qu'il volette jusqu'aux pieds de mon ami. Je n'étais pas énervée. Ni même vexée. Mais il le savait aussi bien que moi, la guerre était déclarée. Elle ne nous empêcherait pas d'échanger, de nous amuser, mais chacun resterait sur ses gardes, attendant des représailles ou des frappes préventives. Une guerre froide, dans tous les sens du terme.

Je m'approchai de nouveau pour m'asseoir sur l'un des rochers.

T'es vraiment un petit con, dis-je finalement en pouffant de rire.

J'avais froid et c'était chouette. De la neige s'était insinuée dans mon manteau et glissait le long de mon dos en fondant. Tout le monde détestait ça, l'eau glacée dans le dos. Mais ces sensations, on en était privés à Sainte-Catherine, avec sa trop parfaite perfection. On n'avait jamais les doigts endoloris par le froid, les oreilles rougies ou le nez qui coule. A moins de prendre des douches très froides, mais c'était un peu ridicule. Pour quelqu'un qui avait passé une partie de son enfance en Angleterre, le temps pourri me manquait affreusement. Alors je n'allais quand même pas remercier Lexa pour son geste, mais le rire que je venais de lâcher traduisait, je pense, cette satisfaction à retrouver d'anciennes impressions un peu oubliées.

Mon journal allait tout déchirer avec cette photo.

Putain, qu'est-ce que ce gars pouvait être génial.


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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyLun 2 Avr - 12:12
Broback MountainLexa Dibra & Billie BarrettTrop tard.
Oui, Billie avait compris sa fin bien trop tard.

Peut-être s'était-elle doutée de quelque chose, lorsque le sorcier lui avait subtilisé son appareil photo pour le garder bien hors de sa portée. Peut-être avait-elle commencé à comprendre ses machinations lorsqu'il lui avait demandé de la suivre plus loin. Ou peut-être encore lui avait-il semblé suspect lorsqu'il avait commencé à entourer ses épaules de ses bras.
Ou peut-être n'avait-elle tout simplement rien vu venir.

Toujours était-il que Lexa avait savouré chaque seconde qui avait bien pu mener à cet instant. Ce moment suspendu dans le temps, lorsqu'il avait tendu son bras pour secouer la branche d'arbre qui signerait leur douche froide que l'appareil entre ses doigts documenterait au monde entier. Ce moment où Billie avait tourné vers lui un regard noir de haine, quelque part entre le choc et la déception.

- Oh, petit enf...

Le rideau blanc tombant sur nos deux protagonistes se chargea de censurer les mots de la jeune Faune, eux-mêmes déjà à moitié couverts par l'exclamation heureuse d'un Lexa fier de son crime. Le tableau superbe d'une trahison enfantine, immortalisé par un carré en plastique au clic reconnaissable entre mille : pas même la sensation glaciale d'une petite masse de neige coulant dans sa nuque ne pouvait rien enlever au charme de ce méfait accompli aux yeux de l'albanais.

Puis, le flottement dans l'air d'un silence qui en disait long.

Le regard assassin d'une Billie aux épaules recouvertes de neige.
Le sourire fier d'un Lexa chassant vaguement quelques flocons habillant son nez.

La jeune sorcière n'avait toujours pas pipé mot lorsqu'elle fit un pas vers son camarade, arrachant le cliché qui s'échappait de l'appareil photo entre ses mains sans qu'il ne lui oppose la moindre résistance. Il fallait dire qu'il était bien trop occupé à sourire comme un idiot - un idiot heureux et ravi, certes, mais un bel idiot. L'arme du crime de retour chez sa propriétaire originelle, cette dernière s'éloigna ensuite de l'albanais de quelques pas, dans une démarche qui rappelait celles de ces enfants vexés qu'on aurait puni le jour de Noël.
Elle fulminait. Elle secouait sa tête de gauche à droite aussi, dans une tentative de se débarrasser des excédents neigeux décorant son bonnet.

C'en fut trop pour Lexa, qui ne put retenir son rire plus longtemps en voyant son amie s'ébrouer comme un petit chien, la mine boudeuse et vexée. Elle avait beau lui tourner le dos, il savait exactement quel genre d'expression pouvait bien habiller son visage en cet instant. L'expression du dépit, de la défaite, ainsi que d'un poil de rage à peine contenue. Vraiment, Billie était trop adorable pour son propre bien parfois : il n'y avait pas moyen de résister à apprécier un tel spectacle.

Alors l'albanais la regardait sans un mot, un sourire malicieux toujours collé aux lèvres. Ou du moins il observait principalement sa nuque, osant à peine tenter de lancer un regard furtif par-dessus l'épaule de son amie pour voir la photo qu'elle lui avait subtilisé. De son côté, la sorcière avait baissé les yeux pour analyser la photo, témoin funeste du crime qui venait d'avoir eu lieu.

- Ok j'avoue, lança-t-elle finalement, se retournant par la même occasion pour faire face à son bourreau. Beau cliché.

Victorieusement, Lexa vit sa victime lancer ledit cliché à ses pieds. Il voletait dans une danse improvisée, petit papillon coloré à l'image de la malice de l'albanais. Enfin... Sa chute n'avait rien de particulièrement poétique en vérité, puisqu'il tomba simplement devant la chaussure gauche d'un sorcier hilare. Mais passons. Incapable de laisser son œuvre mourir au sol, le Phénix se baissa donc rapidement, ramassant la photo pour pouvoir l'observer à son tour.

Elle était parfaite.

Ce qu'il voyait entre ses doigts, c'était un véritable trésor : un moment arraché dans le temps, l'impression sur papier d'un centième de seconde d'intimité qui n'arriverait plus jamais. C'était l'instant. Le vif. La sincérité partagée. Seulement des émotions, capturées dans la pudeur de leur simplicité.

- Tu vois ? J'ai bien fait de prendre mon bon profil. Il tendit son bras en tenant le cliché, tout sourire, alors qu'il jetait un coup d’œil taquin à Billie qui s'approchait de lui pour s'asseoir sur un rocher. Et t'es pas mal non plus, la neige fait bien ressortir la couleur de tes beaux yeux.

Il la taquinait, oui. C'était bien plus fort que lui : Lexa était incapable de rester sérieux en sa compagnie, surtout en ces conditions. Il s'amusait, tout simplement. Quelque chose qui lui manquait un peu trop lorsqu'il se trouvait au château, le nez enfoncé dans des manuels de sorcellerie qu'il ne comprenait pas. Avec Billie, aujourd'hui, il avait purement et simplement décidé de mettre tout cela de côté.

- T'es vraiment un petit con, dit-elle en pouffant de rire.
- Il paraît, ouais, répondit-il en haussant les épaules.

Si certains pouvaient s'insurger de ce genre d'affirmation à leur égard, Lexa n'en faisait pas partie.
Il était un petit con, oui, et il assumait pleinement son statut sans la moindre honte : la vie était bien trop courte pour ne pas faire preuve d'un peu de bêtise de temps à autres. Et encore, le petit stratagème qu'il venait de mettre en place n'était rien, comparé à l'étendue du manque de sérieux dont il avait bien pu faire étalage dans sa vie - en témoigne son bras entièrement tatoué, ou encore les quelques objets volés qui traînaient dans sa table de chevet au dortoir.

Lexa n'était tout simplement pas le genre de personne à vouloir retenir ses impulsions, quand bien même celles-ci pouvaient parfois s'avérer ne pas être des éclairs de génie. Il allait au gré de ses envies, ne réfléchissait à ses actions qu'une fois qu'elles le menaient dans une situation problématique.

- Allez !

Il avança soudain d'un pas et se mit à la hauteur de Billie, un sourire narquois barrant son visage : c'était bien beau de se regarder dans le blanc des yeux en papotant, mais ils avaient d'autres choses plus intéressantes à faire maintenant. C'est pourquoi il tendit la main vers elle et déposa l'appareil photo sur les genoux de la Faune, avant de reprendre.

- Lève donc tes fesses de là : on a un col à explorer, tu bouderas plus tard.

Il avait du culot, Lexa.
Un peu.

- Enfin... Il fit une légère pause, agrémentée d'une petite moue. Tu peux toujours rester ici si t'as plus envie de venir, hein. Il se redressa en soupirant, mains sur les hanches et fit mine de s'éloigner d'un pas en arrière. Je te raconterai comment c'était en rentrant, au pire.

Bon, d'accord.
Il en avait beaucoup, du culot.

Ah... User du genre de stratégie qu'il utilisait déjà sur ses petites sœurs il y a quelques années de cela, c'était fourbe - même pour lui -, mais il comptait bien à ce que cela fonctionne sur Billie. C'est qu'un col jugé "dangereux", c'était bien plus amusant à parcourir en compagnie de quelqu'un que tout seul, mine de rien. Et lui, il avait simplement hâte de se mettre en route avec sa partenaire de crime préférée.

Allez...
Billie ne pouvait pas résister longtemps à son regard implorant, si ?
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Lexa Dibra
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyMar 3 Avr - 11:32
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Il paraît, ouais.

Je ris encore un peu à sa nonchalance. Être un con ou ne pas l'être, telle était la question qu'il ne se posait jamais, Lexa. Il se contentait d'être lui. C'était sans doute ce qui le rendait unique. Ne pas chercher à l'être. Ne pas chercher à être quoi que ce soit d'autre que ce qu'il était. Et cette présence ne pouvait qu'être bénéfique à quelqu'un comme moi. Quelqu'un dont les jugements constants des autres rendait complètement folle ; à ne pas se laisser vivre, à ne pas accepter la différence des autres, mais à clamer être différent du reste. Une pomme pourrie admirant sa propre tâche de moisissure dans un panier qu'elle allait très vite infecter. Des têtes à claques, à fuir comme la peste. Lui n'était pas comme ça. Il était détaché de ces superficialités. C'était un type qui marchait sur une plage, qui a vu une barque au bord de l'eau, qui a regardé à droite – personne – et à gauche – personne – avant de la mettre à l'eau, de monter dedans. Puis de laisser les flots capricieux le porter où il devait être porté. Ce n'était pas toujours la meilleure place, ce n'était pas la pire. Mais c'était la plus honnête. Un quelque chose de vrai qu'on ne voyait chez personne d'autre.

Arthur disait que j'en faisais un peu trop, avec Lexa ; que je m'emballais à trouver exceptionnel quelqu'un d'on en peut plus ordinaire – contrairement à lui, ajoutait-il. Je voulais lui expliquer que c'était ce qui me plaisait, quelqu'un qui n'essayait pas d'en faire trop, ni trop extravagant, ni trop réservé. Pas trop sérieux, pas trop léger. Il me disait qu'il s'en foutait, bien sûr, mais surtout que je réagissais comme ça parce que c'était simplement la première fois que j'arrivais à me faire un ami. Ce qui n'était pas tout à fait vrai. Après tout, j'avais Daniel ; mais c'était différent, unis par la contrainte de l'après-soirée. Quand on est bourré ça ne compte pas, qu'il disait. Alors peut-être qu'il y avait une forme de vrai dans ses propos, ce que je me passais bien de lui faire savoir. Peut-être que je le trouvais unique, parce qu'il était l'unique personne dont j'avais lentement appris à découvrir et à apprécier pleinement chacune de ses facettes. Je n'en sais rien. Je n'y connais rien, en relations humaines.

Allez !

Je levai les yeux vers lui, la tête enfoncée dans le creux de ma main, accoudée à mon genou.

Lève donc tes fesses de là : on a un col à explorer, tu bouderas plus tard.

Je ne le quittais pas des yeux, essayant difficilement de ne traduire aucune émotion sur mon visage. Ne s'y lisait que la concentration extrême à laquelle je faisais appel pour ne pas sourire. Trop de joie et d'espièglerie à contenir. Comme souvent avec Lexa. Son calme constant et sa retenue naturelle me poussaient à adopter une attitude similaire, alors même que je me voyais plutôt lui sauter au cou et le remercier d'exister. Ce qui était stupide, nous pouvons en convenir. Si je me laissais aller, je serais une pile électrique, comme une enfant de quatre ans tournant autour de ses parents quand ils l'emmènent dans un magasin de jouets.

Enfin... Cette foutue grimace adorable que le visage, impossible de résister ! Tu peux toujours rester ici si t'as plus envie de venir, hein. Je ne parlais que de ça à Arthur depuis plus de deux jours, bien sûr que je n'allais pas renoncer maintenant ! Je te raconterai comment c'était en rentrant, au pire. Tu peux toujours rêver.

Je le regardais s'éloigner, alors que tout son corps puisait dans ses talents de comédie trop peu développés. Mais ce visage... ce visage ! Qu'on fut en train de plaisanter ou non, cette moue était une plaie dans mon cœur dès qu'il en usait. Et il le savait, voilà pourquoi il nous la sortait à outrance. Parce que je craquais. Il me donnait envie de lui tirer les joues et de lui faire des bisous, comme une vieille tante malodorante qui l'aurait vu la dernière fois alors qu'il était « grand comme ça ». Sauf que je sens bon et que je suis mignonne. Et que mes bisous sont agréables. Du moins, je m'en étais persuadée, puisque personne ne pouvait véritablement en attester. Lexa était bien le premier à déterrer en moi ce besoin de contact physique. Comme pour combler la peur de le voir un jour m'abandonner, je voulais m'accrocher à lui.

Ce que je fis d'ailleurs, malgré lui.

Rhaaa ! grognai-je en me levant. C'est bon, t'as gagné. Encore.

Je trottine vers lui, un sourire malicieux sur le visage, mon appareil photo en main. Il n'allait pas avoir le choix. Je me jetai à son cou et je fis prisonnier de mes maigres bras en riant comme une enfant. C'était idiot. Ça n'avait aucun sens. Ça ne signifiait rien. Je lui imposais seulement ma joie. C'était là, avec lui, que je me sentais bien, que je me sentais moi.

Clic.

Selfie dans son dos. Sa nuque, mes bras, mes yeux lumineux, ma bouche rieuse. C'était parfait. Un moment fugace, déjà évanoui alors que je m'écartais de lui. Une seconde de mon bonheur figé pour toujours. J'allais grandir, j'allais vieillir. J'allais connaître certaines joies, et beaucoup de peines. Au fil des ans, tout ce que j'aurai vécu se marquera sur mon visage, dans mes rides au coin des lèvres, dans les pliures de mon front et les poches sous mes yeux. On lira mon histoire sur ma peau. Mais j'existerai aussi à travers cette photo. Une autre moi. La jeune Billie, sans expérience, sans grand chose sur les épaules, pas de lourd fardeau. Immortelle elle sera. Tout comme sa joie.

Je te suis, Bear Grylls. C'est quoi le programme alors ? questionnai-je en lui tendant la nouvelle photographie, pour qu'il la juge lui-même.

Je regardais la vallée qui s'étendait loin sous nos pieds. Et les monts qui nous attendaient. Il me semblait déjà loin, le temps de nos ballades dans les rues de la ville.

Eh ! ajoutai-je en le suivant, les pieds en galère dans l'épaisse couche de neige. On va où ? On va faire quoi ? Je ne veux pas mettre en doute tes choix d'activités, mais puisque jusque là ta seule blague était digne d'un enfant de quatre ans, je m'inquiète un peu pour la suite, continuai-je à taquiner.

Je parlais difficilement, parce que j'étais déjà à moitié essoufflée de marcher en montant aussi haut les jambes. On a toujours l'air idiot quand on marche dans la neige. Et parce que du fait de ses grandes jambes, je devais trottiner pour rester à hauteur de Lexa. J'eus également le malheur de quitter mes pieds des yeux, le temps de ranger mon appareil photo dans mon beau sac licorne. Je trébuchai et tombai à quatre pattes dans la poudreuse.

Toi et tes idées à la con ! articulai-je difficilement sous mon rire.


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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyLun 16 Avr - 15:15
Broback MountainLexa Dibra & Billie Barrett- Rhaaa !

Ah... Ce doux bruit, était-ce celui d'une victoire écrasante ?

- C'est bon, t'as gagné.

La réponse était oui.

- Encore.

Il n'aurait pas dit mieux.

Billie était maintenant en train de se relever de son rocher, ses grognements n'entachant en rien le sentiment de délectation que Lexa pouvait bien avoir à observer la sorcière craquer. Il ne fallait jamais sous-estimer le pouvoir d'une moue boudeuse utilisé par un maître en la matière, jamais. Et des années d'expérience avaient façonnées la sienne, plus redoutable que quiconque n'oserait jamais l'avouer.
Cette Faune n'avait eut aucune chance dès lors qu'il eut décidé de l'utiliser contre elle.

Alors que le sourire reconnaissable du vainqueur commençait à doucement se dessiner sur les lèvres de l'albanais, face à lui, la jeune Billie maintenant debout commença à trottiner. Trottiner vers lui. Trottiner vers lui le visage paré de ce genre d'expression qu'il était impossible de ne pas trouver suspect. Trop de malice, trop de pétillements dans les yeux. Trop de trop, irradiant de ce petit être qui venait à lui avec un entrain qu'elle avait rechigné à montrer jusqu'alors.

Clic

Elle lui avait sauté au cou, la bougresse.
Et ce bruit ne pouvait que vouloir dire qu'elle avait immortalisé un instant de plus au moyen de son appareil photo.

Il fallait l'avouer, il était plutôt rare que Lexa soit tactile avec qui que ce soit. Ça n'était tout simplement pas dans ses habitudes, lui qui était plutôt du genre à vivre sa vie de son côté - et cela même lorsqu'il était accompagné. Peut-être était-ce lié à sa Malédiction, au traumatisme qu'elle avait gravé en lui lorsqu'elle s'était déclenchée pour la première fois et qu'il eut pu la voir toucher sa sœur. Peut-être avait-il simplement toujours été comme ça. Peut-être pas.
Honnêtement, le sorcier avait du mal à se souvenir - ou plutôt, il ne faisait pas vraiment l'effort de le faire. Il savait probablement au fond de lui qu'il fut un temps où il était un grand frère bien plus expressif, plus réconfortant mais avec Billie, il avait toujours gardé une certaine distance physique, qu'il l'ait fait consciemment ou non.

Mais il ne détesta pas ce câlin imposé, étrangement.

Lorsqu'elle se détacha de lui pour lui offrir un large sourire et se plonger dans la contemplation du cliché qu'elle venait de prendre, Lexa ne put s'empêcher de pouffer légèrement au comportement de Billie. Il oubliait trop souvent ce côté enfantin qu'elle gardait encore en elle, son jeune âge n'étant pourtant pas si éloigné du sien que cela. Trois ans de différence, c'était tout et rien à la fois lorsqu'on n'était encore qu'à l'aube de sa vie comme eux.
La Faune le tira cependant de ses réflexions pseudo existentielles en reprenant la parole, le ton léger.

- Je te suis, Bear Grylls. C'est quoi le programme alors ?

Vous savez, ces moments où vous êtes conscient que la personne en face de vous vient de vous faire une référence mais que vous ne la comprenez pas ? Un simple regard à son visage décontenancé laissait comprendre que Lexa venait de vivre l'un de ceux-ci. Il n'avait foutrement aucune idée de qui était Bear Grylls. Pire, il pensait même que son amie le comparait peut-être à une sorte d'ours célèbre, ses connaissance limitées de la langue de Shakespear lui ayant permis tant bien que mal de traduire ce mot.
Le pauvre. Il était décidément bien loin de pouvoir apprécier ce trait d'humour de son amie à sa juste valeur, malheureusement pour lui - les aléas de n'avoir jamais vraiment été spécialement confronté aux différentes formes de médias en grandissant, certainement.

Profitant du fait que Billie lui tendait la photo qu'elle venait de prendre pour l'inviter à l'admirer à son tour toutefois, Lexa tâcha de subtilement mettre cette histoire d'ursidé inconnu de côté, attrapant le petit papier pour voir le résultat de l'attaque - pas si furtive que ça - de la Faune. Encore un très joli cliché, irradiant du bonheur d'une tête souriante, solaire. Et la nuque du sorcier, aussi, rendant à cette composition simpliste la part d'incongru qui aurait pu lui manquer autrement.
Il ne garda évidemment pas ce trésor de spontanéité bien longtemps entre ses doigts, le rendant bientôt à sa propriétaire tandis qu'il se décidait à vaguement répondre à la question qu'elle lui avait tout de même posé.

- Le programme ? Il haussa les épaules. Y'en a pas.

Et dans son naturel le plus total, Lexa se mit en marche, attendant de son amie qu'elle le suive. Ils avaient la journée devant eux alors à quoi bon en perdre de précieux instants à exposer un programme qu'il faudrait qu'il invente de toutes pièces ? Improviser et suivre son avancement comme il viendrait était bien plus intéressant. Billie l'en remercierait plus tard.

- Eh ! l’interpellait-elle en le suivant, peinant visiblement à suivre son rythme dans le manteau de neige épais qui emprisonnait leurs pieds. On va où ? On va faire quoi ? Je ne veux pas mettre en doute tes choix d'activités, mais puisque jusque là ta seule blague était digne d'un enfant de quatre ans, je m'inquiète un peu pour la suite.

La voix essoufflée qui parvenait aux oreilles de Lexa n'eut pour conséquence que de le faire lever les yeux au ciel en soupirant, plus par amusement que pour traduire une quelconque consternation à l'égard de sa camarade. Il ne se souvenait pas avoir jamais entendu Billie aussi bavarde qu'aujourd'hui, une véritable pipelette bouffée par la curiosité.

- Tu devrais-

« Économiser ton souffle », qu'il voulut dire.
« Sprouf », qu'il entendit plutôt l'interrompre.

Alors forcément, il se retourna... pour voir que la tête de Billie se trouvait maintenant bien plus bas que la dernière fois qu'il l'avait regardé. À trottiner sans regarder où elle mettait les pieds, elle avait apparemment réussi à trébucher puisque Lexa pouvait maintenant observer la sorcière au sol, à quatre pattes dans la neige. Comme quoi même lorsqu'ils ne faisaient rien de particulier, sa camarade trouvait toujours un moyen de s'écarter de l'ordinaire à sa manière.

- Toi et tes idées à la con !

Elle eut beau lui lâcher ces mots d'un ton vaguement accusateur, le fait que la jeune fille riait à cœur ouvert tout en les prononçant annula immédiatement toute possibilité de sentiment de culpabilité chez son camarade. Ce qui expliquait pourquoi son rire était venu se joindre à celui de son amie, alors qu'il hochait la tête de gauche à droite, les mains sur les hanches : irrattrapable, cette fille était tout bonnement irrattrapable.

- Eh oh, j'y peux rien si tu sais pas placer un pied devant l'autre.

Il aurait pu avoir peur que cela ne présage rien de bon pour la suite de leur périple une fois qu'ils s'engageraient dans des chemins plus escarpés mais étrangement, il voyait plutôt cette chute précoce comme l'assurance qu'il n'y en aurait plus à l'avenir. Ou du moins, qu'il n'y en aurait plus qui soient totalement inopinées et non contrôlées - il ne promettait pas résister à l'envie de faire tomber de lui-même Billie dans la neige au moins une fois avant qu'ils n'arrivent à destination.

- Allez.

N'étant pas un monstre, Lexa n'avait tout de même pas pour intention de laisser une amie le nez dans la neige sans lui proposer son aide pour la relever. Il fit donc un pas vers elle, se baissant bientôt pour lui tendre la main et la remettre sur ses pieds, époussetant même les genoux de la Faune pour la débarrasser un peu de la neige qui s'y était accrochée. C'était plus fort que lui, ses instincts de grand frère probablement, de ceux qui lui murmuraient à l'oreille qu'il ne faudrait pas qu'elle ne prenne froid à cause de ses vêtements trempés.
Une fois Billie debout sur ses deux pieds, le sorcier se plaça à côté d'elle. Il posa ensuite ses mains sur les épaules de son amie pour l'orienter vers le nord-ouest et lui pointa du doigt un chemin sinueux qui se devinait difficilement sous la neige un peu plus loin devant leurs yeux, avant de reprendre.

- On va suivre ce chemin là-bas pour descendre le col. En me baladant dans les parages, je crois que j'ai vu qu'un peu plus bas il y avait une sorte de colline où on pourrait s'arrêter à mi-chemin entre ici et la ville et quand on sera arrivés là-bas...

Il tourna son visage espiègle vers son amie et inspira un bon bol d'air frais, marquant une pause semi-dramatique dans ses explications puis posa son index sur la joue de la sorcière, le regard brillant de malice.

- Surprise. Il sourit de plus belle et se détacha d'elle, avant de lui faire un clin d’œil rieur et d'ajouter. Tu verras quand on y sera.

Si elle pensait qu'il allait tout lui dire, elle se mettait le doigt dans l’œil. Lui ? Dévoiler tous ses plans ? Il fallait bien garder une petite part de mystère pour motiver Billie à ne pas abandonner le trek difficile qui allait bientôt suivre : pour Lexa, ça n'allait pas être grand-chose mais pour les petites jambes de la sorcière, il savait qu'une source de motivation n'allait pas être de trop pour l'aider à continuer.

L'attente en vaudrait la chandelle.
Peut-être.
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyDim 22 Avr - 9:32
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C'est étrange, les émotions. Des réactions chimiques à l'intérieur de nous qui transforment la manière de percevoir le monde qui nous entoure. Moi, c'était l'adrénaline. Une excitation puissante face à tout ce qui s'offrait à moi : le mystère d'une randonnée, la sérénité  d'un paysage pittoresque, le danger d'un chemin escarpée ou la présence d'un très bon ami. Mon cœur battait la chamade – et pas seulement à cause des efforts physiques que je devais fournir – et un large sourire un peu idiot avait élu résidence sur mon visage malgré moi. Je me sentais invulnérable. Je me sentais grande. Je me sentais puissante. Je me sentais heureuse. La vie avait finalement décidé de m'offrir ce qu'elle pouvait posséder de plus attrayant. Même la solitude paisible de mon quotidien ne me paraissait, à ce moment, plus aussi agréable. Et si je perdais mon temps à fuir le monde, quand le monde hurlait pour que je vienne à lui ? Ou peut-être les réactions chimiques en moi, à cet instant précis, me faisaient réfléchir de cette manière. Demain, il en serait autrement.

Je me relevai avec l'aide de Lexa. Je le crus capable de me lâcher la main en pleine ascension pour me regarder chuter à nouveau dans l'herbe, comme le font de nombreuses personnes en manque et d'imagination, et d'humour. A croire que je mésestimais le très sérieux albanais ; celui qui avait fomenté tout un complot pour me faire tomber de la neige sur la tête, et qui ne s'arrêterait pas là. Non, je ne mésestimais personne. Je n'avais eu droit qu'à un coup de chance, à une remise à plus tard de la prochaine trahison. Mais cet étrange geste qu'il eut envers moi – de m'épousseter les jambes pour en ôter la neige collée – me fit un étrange pincement au cœur. C'étaient les gestes que je pouvais avoir envers mon frère ou mes sœurs après leurs chamailleries. J'eus un sourire voilé d'une tristesse toute relative. Qu'est-ce que ces gestes pouvaient signifier de la part de l'albanais ? Je ne connaissais pas les détails de sa jeunesse – à défaut de l'écraser sous ma curiosité, je préférais respecter son silence – mais je la savais peu reluisante. Des cicatrices, partout en lui.

Le voir sourire et entendre son rire me soulageaient. C'est qu'à l'école, il ne me semblait pas aussi heureux. Et loin d'être épanoui. Sainte-Catherine n'était pas un bel endroit pour lui. Contrairement à moi par exemple, qui y trouvais tout mon bonheur et me sentais grandir me découvrant moi-même. J'y étais bien, mais pas lui. Alors j'y étais un peu moins bien. Étranges choses que les émotions, oui. Ces réactions chimiques que l'on ne contrôle pas. Elles m'apprenaient ce qu'étaient l'empathie et la compassion. C'était la première fois pour moi. Peut-être étais-je excessive dans mon comportement, ou dans mon interprétation de son comportement à lui. J'étais toujours excessive. Donnez un jouet encore inconnu à un petit enfant, et voyez s'il n'est pas excessif. C'était ce que j'étais, une enfant à qui l'on donnait un nouveau jouet : des sentiments forts pour autrui. Et j'avais peur d'en faire n'importe quoi. L'échapper et le casser. La difficulté des émotions, c'est le jeu d'équilibriste auquel on doit se prêter lorsqu'on les manipule. Ni trop ni peu, ou c'est le risque de chute. J'apprenais lentement ; manipuler mes émotions, contrôler mes relations, entretenir mes rapports sociaux. Compliqué, oui. Angoissant, totalement. Je craignais à chaque instant ces bris éclatant au sol, le jour où quelque chose m'aura échappé. Heureusement pour moi, je n'y étais pas encore. Je poursuivais précautionneusement mon numéro de funambulisme sur le fil de la vie, s'il m'est permis un peu de poésie.

Je le laissai m'orienter comme on réglait l'orientation de ces jumelles là, que l'on trouvait en hauteur pour scruter le panorama. Oui parce que, derrière les rires, les moqueries et les genoux pleins de neige, j'avais quand même posé une question. Une longue question. Ce n'était pas dans mon habitude, l'interminable blabla. Mais avec Lexa je n'étais pas moi-même. Ou alors au contraire, l'étais-je pleinement. Sans Arthur pour monopoliser la voix (car il parlait beaucoup), les oreilles (car il aimait s'écouter parler), ou la gestuelle (car il ne s'abstenait de rien, mais m'interdisait tout), j'étais peut-être plus que le familier de mon familier. J'étais épanouie. Et c'était tellement facile de faire porter le fardeau de mon incompétence sociale à une loutre excentrique.

On va suivre ce chemin là-bas pour descendre le col, me montre Lexa avec une excitation certaine dans la voix. J'allais en bouffer, de la neige. Les sentiers étaient escarpées et sinueux – s'il nous est seulement possible de les distinguer ; la neige collante et traître. En me baladant dans les parages, continua-t-il en me prouvant joliment comme il avait tout organisé rien que pour moi, du moins l'interprétai-je ainsi. Je crois que j'ai vu qu'un peu plus bas il y avait une sorte de colline où on pourrait s'arrêter à mi-chemin entre ici et la ville et quand on sera arrivés là-bas...

Je tournai les yeux vers lui au moment où il tourna son visage vers moi. Ce silence ne m'était pas étranger. Et il n'avait rien de rassurant. J'ouvris grand les yeux, pour afficher un regard de terreur complètement surjoué, alors qu'il appuyait son doigt dans ma joue comme on écraserait son doigt dans un flamby.

Surprise. Tu verras quand on y sera.

Merde, je détestais les surprises. Et je ne pouvais pas lui dire, parce que ça pouvait l'inciter à m'en faire plus encore. Les gens aiment faire des surprises. On leur dit non, ils en font quand même. Les surprises, c'est juste la preuve flagrante et irréfutable de l'égoïsme humain. Avec une surprise, on cherche plus à se faire plaisir qu'à faire plaisir. Pourtant, si quelqu'un vous dit que le meilleur moyen de lui faire plaisir, c'est de ne pas lui faire de surprise, autant ne pas en faire pour être sûr de lui faire plaisir, non ? Ça me semble pourtant logique. En plus, on ne sait jamais comment réagir. Est-ce qu'il faut être content? Mais si l'idée est pourrie ? Je fais semblant ? Je dis la vérité ? Bref les surprises, ça craint.

Mais la curiosité l'emporta, parce que je suis faible, parce que j'avais envie de connaître les plans de mon ami. Et elle détermina une motivation nouvelle pour que mes petites jambes puissent affronter les difficultés qui allaient s'offrir à moi. Ce qui faisait partie intégrante du plan machiavélique du garçon, bien entendu. Comme d'habitude, je tombais le nez en plein dedans.

Je marchais derrière lui, les yeux bien plantés sur mes pieds, quand mon téléphone sonna. Le son du code-poudrier des Totally Spies m'indiquait que j'avais reçu un SMS. Je lus d'un coup d'œil le message avant de ranger l'appareil dans ma poche. Aujourd'hui, je n'avais aucune envie d'accorder mon attention à d'autres qu'à Lexa. Nos moments de partage se faisaient trop rare à mon goût, aussi je désirais en profiter pleinement.

C'est Arthur, expliquai-je naturellement. Il veut que je lui ramène des Dorritos si on passe en ville. Puis de comprendre que tout le monde n'est pas familier avec le concept d'un animal envoyant des SMS. Il... euh... Il vole les portables des filles du dortoir quand ils... euh... traînent, pour me contacter. C'était une habitude qui faisait partie du paysage quotidien de Sainte-Catherine à mes yeux. Comme toutes les actions bizarres de cette créature.

Je me mis à contempler le dernier cliché que j'avais pris, celui dans les bras de Lexa. Pas narcissique pour un sou, je me perdais pourtant à admirer mon propre visage. Les traits tirés par la joie, le sourire naturel exposant toutes mes dents, ces très légèrement pointes de larmes baignant dans le fond de mes yeux. J'avais du mal à me reconnaître; et je n'en étais pas contrariée. Je changeais. Peut-être même que je me... normalisais ? Et de dire d'une voix absente, comme la suite logique du fil de ma pensée :

Tu crois que je devrais me teindre les cheveux ? Genre en noir ou quoi. Je pourrais garder une mèche bleue au pire. Bleu, ça me paraît bien. J'éviterai juste le rouge... commençai-je à ajouter avec un sourire moqueur, mais sans lever les yeux vers lui, comme si je ne prêtais pas attention à ce que je disais. Même moi, je ne suis pas assez féminine pour une mèche rouge.

Je lui donnai un petit coup d'épaule pour ajouter un peu plus de puérilité à tout ça. Je ne savais même pas pourquoi j'abordais ce sujet ennuyeux. Je parlais comme les pensées me passaient par la tête.


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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyVen 4 Mai - 17:17
Broback MountainLexa Dibra & Billie BarrettHonnêtement, Lexa ne s'attendait pas à ce que la surprise qu'il réservait à sa camarade ne change radicalement la vie de celle-ci une fois qu'elle lui serait présentée. Elle n'allait ni rendre cette journée plus belle, ni la ternir d'aucune façon que ce soit – ou du moins il ne l'espérait pas – mais simplement leur permettre de partager un moment de bêtise simple tous les deux. Rien de plus, rien de moins.
Mais pour que ce moment ne soit pas gâché, il préférait le garder secret jusqu'au dernier moment. En espérant que cela parvienne à mettre l'eau à la bouche de son amie.

Heureusement pour lui, Billie sembla plutôt vaincue par son stratagème. Vaincue, ou convaincue. Elle semblait soudain plus prompte à se lancer dans cette aventure avec lui en tout cas, le suivant à présent d'une foulée à l'allure plus motivée qu'auparavant. Elle restait toujours derrière lui mais elle ne traînait plus des pieds, et lui tâchait de ralentir pour ne pas risquer d'en demander trop aux petites jambes de la sorcière.

Tululuuu tululuu.

Était-ce un chant d'oiseau ?
La mélodie du vent qui était venue chatouiller leurs oreilles engourdies par le froid ?

- C'est Arthur, expliquait Billie.

Moins poétique, plus réaliste. Lexa avait bien compris qu'il s'agissait de la sonnerie du téléphone portable de son amie mais il ne s'était pas réellement attendu à ce qu'elle se sente forcée de lui dire qui avait bien pu lui envoyer un message. Il ne lui demandait rien. Et pourtant, elle enchaînait déjà :

- Il veut que je lui ramène des Doritos si on passe en ville.

Y avait-il vraiment quoi que ce soit de sensé à répondre à cela ?
Probablement que non.

Une étrange créature, que pouvait bien être cette loutre qui faisait office de familier pour Billie. Bien qu'Arthur soit couvert de poils et que son apparence le rattache plus au règne animal qu'à la civilisation des Hommes, Lexa ne pouvait s'empêcher parfois de le considérer plus comme un humain que comme la loutre qu'il était censé être. Beaucoup détestaient cet être aux paroles parfois blessantes et à l'ego d'apparence surdimensionné ? Pas lui.
Arthur n'était pas bien différent de n'importe qui qu'il n'ait déjà pu rencontrer avant, à la différence près où le familier au moins ne cachait rien de sa personnalité à personne. Finalement, malgré le fait qu'il pouvait parfois semer le désordre et une pincée de chaos autour de lui, au moins était-il toujours fidèle à lui-même – le sorcier voyait cela comme une qualité, en un sens.

- Il... euh... Il vole les portables des filles du dortoir quand ils... euh... traînent, pour me contacter.

Étaient-ce de simples explications ou un aveu ?
Lexa haussa les épaules.

« C'est mal de voler », qu'une personne responsable aurait dû répondre. Probablement. Agrémentant cette admonestation d'un grand discours sur le respect des affaires d'autrui, ce genre de choses. Mais vous imaginez bien que Lexa ne faisait pas partie de ces gens-là. Il y avait bien longtemps que le jeune homme ne se permettait plus de faire ce genre de leçons à quiconque, aussi se contenta-t-il plutôt de hocher la tête aux explications honteuses de Billie, faisant cadeau à son amie de la moindre forme de jugement envers elle.
Elle n'était pas responsable des actes de son familier et même si tel aurait pu être le cas, l'albanais ne voyait rien de grave dans un simple emprunt provisoire de téléphone pour communiquer. Une action moralement discutable ? Sans aucun doute. Mais rien de condamnable, du moins à ses yeux.

- Tu crois que je devrais me teindre les cheveux ?

Surpris par la voix de Billie qui le sortit de ses pensées, Lexa se retourna vers son amie, sans cesser de marcher tranquillement. Il n'avait pas remarqué qu'un certain temps s'était écoulé sans qu'aucun mot ne soit prononcé entre eux, aussi il ne comprenait pas d'où pouvait bien venir cette question, tout à coup. Il avait comme l'impression d'avoir raté un pan de discussion complet, à vrai dire.

- Genre en noir ou quoi, reprit-elle. Je pourrais garder une mèche bleue au pire. Bleu, ça me paraît bien. J'éviterai juste le rouge...

Ayant vu un faible sourire commencer à poindre sur les lèvres de la sorcière, Lexa s'était évidemment attendu à une suite. Quelque chose pour le titiller, sans aucun doute. Une petite pique, une blague. Probablement un insulte envers cette couleur qu'il portait lui-même, pour lui faire savoir qu'il n'avait aucun goût...

- Même moi, je ne suis pas assez féminine pour une mèche rouge.

Mais pas forcément à cela.

D'aucun aurait pu sauter sur cette occasion pour confirmer les mots de la Faune en appuyant sur l'absence de poitrine qu'elle pouvait bien avoir à exhiber, mais pas lui. Il gardait tout de même trop de classe pour que ce genre de commentaire lui échappe – il valait mieux qu'un machiste horripilant et dépourvu du moindre sens de l'humour. Non. Lui, se contenta de la réponse qui lui paraissait la plus évidente après une telle atteinte à sa virilité :

- Sale gosse.

Et en albanais, s'il vous plaît.
Elle comprendrait.

Elle avait au moins le mérite d'avoir réussi à le faire sourire. Un peu. Pas trop. Il avait trouvé cela plus amusant qu'il n'aurait jamais osé l'avouer, à vrai dire. Toutefois, l'albanais n'aurait pas pu dire qu'elle avait été particulièrement originale : malheureusement pour Billie, elle n'était pas la première à l'avoir « attaqué » sur ce terrain-là. À mi-voix, riant doucement, il laissa tout de même échapper un petit :

- Elle se mérite, la mèche rouge.

Joignant à la parole un geste, il se mit ensuite à jouer avec ladite mèche, presque inconscient même de ce qu'il était en train de faire. Et l'espace de quelques instants, il se perdit. En souvenirs, en émotions. Un rire cristallin résonna dans son esprit, accompagné du fantôme d'un sourire aux fossettes aussi creusées que les siennes. Étrange, comme pour la première fois depuis bien longtemps son esprit avait décidé de lui renvoyer l'image d'une époque qu'il avait choisi de ranger. Comme s'il revenait au jour où pour la première fois, il avait mis la main sur une teinture capillaire.
Mais le moment n'était pas venu à se perdre en sentimentalisme ou à se plonger dans un passé tout à fait révolu. Billie n'avait pas besoin de se retrouver accompagnée de quelqu'un à l'esprit totalement absent, elle méritait au contraire toute son attention.

Soupirant, Lexa relâcha donc sa mèche. Portant ses deux mains à sa nuque, il se tourna alors à nouveau brièvement vers sa camarade, la gratifiant d'un sourire simple. Ni heureux, ni triste. Juste un sourire, sans grande signification. Puis il reprit, tout en continuant d'avancer alors qu'il détachait son regard d'elle pour se remettre à regarder devant lui.

- Enfin, fais ce que tu veux de tes cheveux, hein. Teins-les en noir, en vert, en violet... tant que ça te plaît, t'as besoin de l'accord de personne.

La vie avait cela de magnifique qu'elle pouvait être vécue comme bon quiconque le voulait. On l'oubliait souvent, lorsqu'on s'emmurait dans les codes et les valeurs que la société voulait nous imposer à tout va, mais pas lui : se limiter à ce que l'on attendait de nous était trop morne, trop triste, trop ennuyeux. Trop impersonnel, surtout.
Alors tout ce qu'il pouvait faire, c'était d'encourager son amie à suivre ses envies. Sans crainte du lendemain, sans crainte de la réaction du reste du monde. Elle ne devait vivre que pour son plaisir à elle, et non celui des autres.

- Évite peut-être juste de laisser Arthur choisir la couleur. Et ne le laisse pas s'approcher des boîtes de teinture, si tu veux garder tes cheveux sur la tête.

Vivre sa vie était une chose, y laisser trop de libertés à un être aussi imprévisible que cette loutre démoniaque en était une autre. Question de bon sens.

Arrivé aux abords d'une descente légèrement plus raide que le chemin sur lequel ils avaient eu la chance de se déplacer jusqu'à présent toutefois, Lexa décida de ne pas s'étaler sur le sujet plus longtemps : le premier obstacle de leur parcours venait de s'imposer à eux. Faisant signe à Billie d'arrêter de le suivre, l'albanais analysa leur chemin quelques instants, cherchant le meilleur moyen de l'aborder.
Devant eux, une pente d'apparence presque anodine se déroulait. Et ils allaient devoir la descendre. Le problème étant qu'ils n'avaient strictement aucun moyen de vraiment savoir où ils allaient poser leurs pieds puisque le sol était parfaitement recouvert d'une épaisse couche de neige qui leur empêchait de voir dans quoi ils allaient s'engager.

Lexa crut toutefois trouver la solution au moyen d'aborder cette descente puisqu'il se tourna bientôt vers son amie, lui tendant la main pour l'inviter à attraper son sac. Il avait l'air sûr de lui. Plus ou moins. Il était relativement difficile de déchiffrer ses sourcils froncés et ses hochements de tête, qui lui donnaient plus l'air de se convaincre lui-même que d'être véritablement assuré de ce qu'il allait dire.

- Hm. Tiens-toi à mon sac, ça a l'air un peu glissant par ici.

Et tout le monde savait parfaitement que le meilleur moyen de ne pas glisser sur de la neige fraîche en pente se trouvait être de s'appuyer sur une personne tout aussi instable que soi, essayant elle-même de se mouvoir sur ladite pente.

Si cela se trouvait être une erreur, il était trop tard pour faire machine arrière.
Car Lexa s'était déjà lancé.
Évidemment.
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyDim 6 Mai - 12:15
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Merde, voilà que je me sentais bête. L'insulte en albanais, je commençais à m'habituer. Ça me faisait rire, même si lui ne s’esclaffait pas. Je savais qu'il ne prenait pas la chose trop au sérieux. Encore une fois, voilà pourquoi cette amitié était aussi solide : on se comprenait, sans avoir besoin de se comprendre. Et ce fut la raison pour laquelle je me sentis bête.

Elle se mérite, la mèche rouge, me mit la puce à l'oreille.

Lorsqu'il commença à jouer avec, je savais que ce n'était pas qu'une blague sur les colorations capillaires. Il me disait cela pour toute la dimension sentimentale que semblait incarner cette mèche. Elle avait toute une histoire à raconter, dans laquelle je le vis se perdre quelques secondes. Plusieurs secondes. De longues secondes. De trop longues secondes, pendant que je marchais difficilement à ses côtés, en le regardant d'un air inquiet, l'estomac rongé par la honte. E la solitude comme seule compagne, Lexa s'effaçant progressivement dans ses souvenirs. La boulette que je venais de faire.

J'oubliais parfois – souvent – que Lexa n'était pas un garçon aussi enthousiaste que moi. Enfin il était plus un garçon que moi, mais moins enthousiaste. Sainte-Catherine ne lui avait pas apporté tout le confort dont il avait besoin. Il n'était pas épanoui. Et il avait de lourds bagages derrière lui, qui lui semblaient de plus en plus difficiles à traîner. Ce n'était pas des reproches que je lui faisais, mais c'était de la tristesse que je partageais. Silencieusement, car je ne pouvais aborder de tels sujets. Il pouvait blaguer et se laisser aller. Mais était-ce vraiment lui, cet homme qui pouffait et se moquait ? Était-il l'homme qui rit ou le garçon qui pleure ? J'avais du mal à trouver une réponse à cette question. Qui était-il? Ces deux facettes, ou une seule, l'autre n'étant qu'une image ? Mais alors, laquelle ? C'était la première fois que j'éprouvais tant d'empathie pour autrui. Ce n'était pas agréable. Mais pour rien au monde je n'ôterais ce que je peux éprouver. Même si je ne le lui dis pas, même s'il ne le voit pas, j'essaie de porter avec lui ses fardeaux.

Son soupir et le sourire qui s'en suivit m'achevèrent. J'eus envie de le gifler pour me faire tant culpabiliser. J'espérais qu'il ne m'en voulait pas. J'avais l'impression de lui avoir plongé la tête sous l'eau comme pour le noyer. Alors que je n'étais que l'idiote qui met la tête des gens sous l'eau pour plaisanter.

J'essayai de lui rendre son sourire, sans grand succès.

Enfin, fais ce que tu veux de tes cheveux, hein. Teins-les en noir, en vert, en violet... tant que ça te plaît, t'as besoin de l'accord de personne.

Je hochai les épaules pour approuver. Je ne lui avais pas demandé son accord, seulement son avis. Je n'étais pas de ceux qui attendent le jugement des autres pour s'autoriser ses envies. Je ne vis que pour moi, et c'est bien là l'un de mes pires défauts. Si les autres, en trop grand nombre, m'oppressent et m'écrasent, leurs jugements par contre me traversent comme un fantôme immatériel. Je n'ai pas de sourcils bleus pour suivre une mode, prôner ma différence ou me rebeller contre les diktats de la société. J'ai des sourcils bleus parce qu'un jour, je me suis levé avec l'envie d'avoir des cheveux bleus, et que des sourcils de couleur naturelle avec des cheveux bleus, ça faisait vraiment trop con.

Violet, par contre, ce n'était pas si con comme idée. Je plissai les yeux une seconde, le temps de m'imaginer toute violette.

Évite peut-être juste de laisser Arthur choisir la couleur. Et ne le laisse pas s'approcher des boîtes de teinture, si tu veux garder tes cheveux sur la tête.

Il commençait à bien connaître le bestiau. Je ris un peu.

Il est capable de prendre comme une insulte envers lui le fait que je change la couleur de mes cheveux.

Un jour, il m'avait surprise dans la salle de bain alors que j'avais un mollet couvert d'une bande cire. Quand je lui expliquai le principe de l'épilation, il en a conclu que je méprisais toute espèce vivante poilue et que je ne l'aimais pas parce que lui-même était couvert de poils, ce qui l'a bizarrement beaucoup affecté. La nuit suivante, je me suis réveillée en sursaut alors qu'il s'apprêtait à me coller une bande de cire sur le crâne, prétextant que c'était pour m'aider à vivre sans poil, puisque je les détestais tant. J'avais réussi à le convaincre de laisser tranquille ma chevelure, en échange d'un mois de pilosité aux jambes. Le mois passé, ce fut lui qui me demanda de « redevenir comme avant ».

Je sortis de ces étranges souvenirs lorsque la main de Lexa se dressa sur mon chemin, comme un militaire ordonnant à ses hommes de stopper leur avancée. En beaucoup moins convaincant. Je le laissais silencieusement analyser la pente mortelle vers laquelle il souhaitait nous diriger, probablement pour trouver quelle était le meilleur angle à aborder pour me briser la nuque contre un rocher.

Hm. Tiens-toi à mon sac, ça a l'air un peu glissant par ici.
Oui chef !

Je pris son sac entre mes bras et le serrai contre mon ventre pour être certaine de ne pas l'échapper. Et parce que ça me tenait chaud. Mais ça ne dura que quelques secondes. Lorsque Lexa s'aventura dans la zone mortelle, j'installai son sac sur mon épaule à côté du mien. Car j'allais le suivre. Il était hors de question qu'il meure dans son coin et m'abandonne seule ici.

Oh ! Oh! Oh ! Une seconde Mike Horn ! Je le rattrapai sans prendre autant de précautions que lui. On y va tous les deux ou on y va pas.

Tout s'était très bien passé jusque là, m'entraînant dans une confiance à toute épreuve. Puis il y eut, sous la neige, ce rocher glissant sur lequel je posai le pied, m'entraînant dans une chute à toute épreuve. Le choc sur mon dos est amorti par la couche de neige et les sacs. Mes mimines paniquées s'accrochent à la première chose qu'elles trouvent à leur portée : le manteau de Lexa. Désolé bro. C'est comme dans Titanic. Si je saute, tu dois sauter aussi.

Et je sentis très vite que ma chute ne s'arrêterait pas là. Voyons le bon côté des choses : Lexa avait une vue et une intuition extrêmement développées. En effet, c'était un peu glissant par là.



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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyMer 23 Mai - 19:00
Broback MountainLexa Dibra & Billie BarrettParfois, on ne remarque pas que les plus petits moments d'absence et de silence qu'on laisse s'étaler entre un ami et nous-même risquent d'inquiéter ce dernier. On est trop occupé à laisser nos pensées s'égarer, au risque de laisser apparaître sur notre visage quelque témoin des soucis qui peuvent bien nous hanter. Et c'est exactement ce que Lexa laissa – malgré lui – transparaître de son court échange sur la capillarité avec Billie, perdu dans ses souvenirs.
S'il s'en était rendu compte, il aurait tôt eut fait de rassurer cette dernière, de lui lancer une petite blague pour détendre l'atmosphère et pourquoi pas même se moquer lui-même de la féminité de sa mèche. Mais il ne remarqua rien. Pas même le regard légèrement inquiet de la Faune posé sur lui.

Il marchait simplement, écoutant distraitement sa camarade.

Lexa aurait pu relever la remarque de son amie à propos de la probable insulte que son familier aurait pu considérer d'un éventuel changement de couleur de cheveux de sa part, mais il ne le fit pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que plus rien de l'étonnait à présent de la part de cette loutre caractérielle : Arthur avait une opinion pour tout – et rarement se rangeait-elle du côté de celle des autres.
C'est pourquoi il s'était donc contenté de continuer son chemin sans rien dire, jusqu'à s'arrêter finalement pour conseiller à Billie de faire une petite halte et se laisser le temps de sonder le chemin à suivre pour la suite de leur avancée. Le plan d'attaque fut simple à choisir et rapide à exposer : qu'ils s'arrêtent, que la sorcière s'accroche à son sac et qu'ils se lancent tous deux à l'aveuglette sur cette pente aux multiples rochers glissants certainement cachés par l'épais manteau de neige la recouvrant.

Aucune chance que rien ne se déroule comme prévu, en somme.

- Oui chef !

Il fallait le dire : de l'enthousiasme et de la motivation, voilà qui était particulièrement agréable d'entendre de la bouche de la petite Billie aux oreilles de Lexa. Alors forcément, si tôt qu'il eut senti sa camarade se rapprocher de son dos et un léger poids lui faire savoir qu'elle avait établi le contact demandé sur son sac à dos, le sorcier n'avait pas attendu avant de commencer à déjà se diriger vers le vague chemin qui s'étendait sous leurs pieds.

Il était temps de se lancer.

- Oh ! Oh! Oh ! Une seconde Mike Horn !

Ou pas, apparemment.

Alors qu'il n'avait eu le temps de faire que quelques pas, cette exclamation derrière lui fit Lexa se retourner, décontenancé.

- Mike qui ?

Car oui, plus que la surprise qu'on lui demande de s'arrêter, ce fut la mention de ce nom parfaitement inconnu qui le fit d'abord réagir. Encore une référence perdue dans le désert de son incompréhension, malheureusement pour lui.

- On y va tous les deux ou on y va pas, que renchérissait toutefois déjà Billie.

C'était bien le plan, oui.

Si Lexa lui avait demandé de se tenir à son sac, c'était bien pour qu'ils s'engagent tous deux sur cette pente ensemble, et non pour laisser son amie se débrouiller toute seule pour le rejoindre plus tard. Cette Faune pouvait parfois laisser échapper des choses dépourvues de la moindre logique lorsqu'elle le voulait – ou bien l'étranger qu'il était avait mal compris ce qu'elle venait de lui dire. Cette dernière possibilité fut toutefois rapidement écartée de son esprit puisqu'il se considérait tout de même assez habile dans la langue de Molière pour comprendre une phrase aussi basique.
Généralement, c'était lui avait du mal à se faire comprendre plutôt que l'inverse, de toute façon.

Et puis vint cet instant.
Cette réalisation soudaine.

Alors que l'albanais fronçait lentement les sourcils, il sembla enfin remarquer un détail d'une importance relativement capitale alors qu'il observait sa camarade : pourquoi Billie n'était-elle pas accrochée à son sac ? Et depuis quand celui-ci n'était-il plus sur le dos de Lexa mais entre les mains de la jeune fille ? Et surtout... pourquoi était-elle en train de se lancer à sa suite sans la moindre précaution ?

- Attends, qu- ?

Il devait effectivement y avoir eu un léger problème de communication et de compréhension entre eux, finalement.

Tout s'était enchaîné trop vite, sans que Lexa n'y comprenne quoi que ce soit. Billie qui courait sur la neige, deux sacs sur le dos. Lexa qui cherchait comment son sac avait quitté son dos pour finir sur les épaules de son amie. Billie glissant sur le sol.  Lexa ouvrant la bouche, les yeux écarquillés de stupeur. La panique de la Faune au sol, dégringolant en direction de son camarade. Des mains attrapant le bas de la veste du sorcier. Un léger crack, signe de faiblesse de la part des vieilles coutures de l'habit.

Rien ne s'était passé comme prévu, en fait.

Lexa réagit immédiatement – ou du moins, aussi rapidement qu'il l'était possible pour une personne normale – lorsqu'il entendit le craquement de sa veste et vit les petits bras qui tentaient désespérément de s'accrocher à lui. Il se baissa donc, tâchant d'attraper au moins une main de sa camarade pour tenter de la ralentir dans sa descente improvisée de la pente... et s'étala à son tour sur le sol, le nez enfoui sous la poudreuse.

Ils étaient maintenant deux à glisser.

Le point positif, c'était qu'au moins le sorcier avait effectivement réussi à ralentir un tant soit peu la dégringolade de Billie, sa main gauche fermement agrippée à un avant-bras encore indéterminé. Indéterminé oui, parce qu'un visage dans la neige n'aidait pas particulièrement à faire des observations précises.
Ça, c'était le point négatif. Accompagné de quelques autres détails.

D'abord, il y avait la neige. Apparemment, Lexa n'avait pas soupçonné le nombre d'interstices dans lesquelles celle-ci était capable de s'infiltrer lorsqu'on faisait de la luge à plat ventre sans combinaison. Dans sa bouche, son cou, sa nuque, son dos, l'intégralité de ses vêtements, elle était tout simplement omniprésente. Il était prêt à jurer en sentir dans des endroits bien moins accessibles, pour tout dire.
Et puis il y avait les rochers. La sensation d'avoir sa joue râpée contre eux et brûlée par la poudreuse n'était pas spécialement agréable, étrangement. Presque aussi peu que l'idée que sa camarade puisse être en train de subir le même sort. Mais au moins eurent-ils le méritent d'être utiles au sorcier, à leur manière : on pouvait remercier le corps entier de l'albanais d'avoir sacrifié son confort pour s'agripper à chacun d'entre eux pour aider à les ralentir, lui et Billie qu'il ne lâchait pas.

Puis, après plusieurs mètres de glissade chaotique, le duo se stabilisa enfin.

- Dreqin...
* Putain...

Directement adressée à la neige qui étouffait son visage, Lexa ne prit même pas la peine de se relever pour murmurer cette insulte, plus par soulagement d'enfin être à l'arrêt que par colère envers quiconque : le manège de l'enfer était terminé, Dieu merci.

Un peu sonné par sa folle descente, le sorcier mit quelques longues secondes avant de se retourner pour se mettre sur le dos, le visage à présent habillé d'un masque glacé. De sa main libre, il chassa la poudreuse de son nez, grimaçant légèrement au contact de ses doigts contre sa joue bien râpée. Sans grâce aucune, il respirait avec autant de discrétion qu'un bœuf au milieu d'une crise d'hyperventilation, les yeux fixés sur le ciel bleu qui le surplombait.
C'était plutôt joli comme vue, si l'on parvenait à faire abstraction du reste.

- J'avais pas vraiment prévu de descendre comme ça... parvint finalement à souffler Lexa à voix haute. Mais au moins c'était plus rapide, j'imagine.

Son écharpe l'étranglait à moitié, son bonnet semblait avoir disparu du sommet de son crâne, il avait l'impression que ses habits étaient devenus des blocs de neige, mais il était vivant. Et Billie aussi, surtout. Billie. Il l'avait rattrapée Billie. Elle devait aller bien, Billie. Billie...

- Billie !

Lexa se redressa vivement, tournant immédiatement son visage vers sa jeune amie. La pauvre venait de glisser sur plusieurs mètres dans cette pente infernale, peut-être même lui avait-il envoyé des coups sans le faire exprès ? Il fallait absolument qu'il vérifie que tout allait bien pour elle. Inquiet, il redoubla donc d'emprise sur l'avant-bras de Billie lorsqu'il s'adressa à nouveau à elle, comme s'il craignait soudain qu'elle ne s'envole.

- Ça va ? T'as rien ? Tes bras, tes jambes, rien qui te fait mal ?

Au diable le français correct, Lexa était bien trop occupé à s'assurer que son amie allait bien pour faire attention aux fautes de grammaire ou de conjugaison qui pouvaient bien sortir de sa bouche.
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyMar 5 Juin - 9:42
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Tout se passait très bien. Enfin, comme prévu. Enfin, comme d'habitude. Peut-être oui, avais-je mal saisi l'information. Peut-être oui, avais-je tout fait foiré. Peut-être oui, étais-je en train de nous entraîner vers une mort douloureuse, ou l'agonie et la souffrance de nos membres cassés. Je pouvais accuser l'accent de Lexa ou son utilisation bancale de la langue française, mais je refusais de faire preuve d'une si grande mauvaise foi – que d'aucuns s'empresseraient de qualifier de racisme, en plus. Il était pourtant clair que la faute lui incombait presque totalement, puisqu'il avait très mal articulé. J'aurais bien compris où il voulait en venir en me disant « tiens-toi à mon sac »... mais j'avais entendu « tiens-moi mon sac ». Donc je le lui ai tenu, son sac. Combien de temps avait-il mis pour se rendre compte que celui-ci ne traînait plus sur son épaule ?

Je le vis se sacrifier, héroïquement ou stupidement, cela demeurait un jugement assez subjectif. Je le vis se baisser et tendre la main pour saisir la mienne à mon passage. Ce qui était beau, ce qui était altruiste, ce qui était irréfléchi. Bien sûr, la force de ma chute – pour en pas dire mon poids, en tant que jeune fille, paraît-il que cela ne se fait pas – l'entraîna et nous glissâmes comme deux enfants dans le toboggan d'un centre aqualudique particulièrement négligent quant aux normes de sécurité.

Je sentais la neige s'infiltrer par tous les interstices de ma tenue, se coller à ma peau et diffuser dans tout mon corps une froideur douloureuse, mais aussi quelque peu agréable tant elle s'était fait rare depuis mon arrivée à Sainte-Catherine. La situation était suffisamment désespérée en elle-même, essayons d'en sortir quelques pointes d'optimisme. Bien que la chose soit difficile quand on passe à côté d'énormes rochers aiguisés qui pourraient, avec ma vitesse, me couper net une jambe. Au moins. J'étais dos à ma destination, face à un Lexa qui me suivait de près. J'aurais ri de le voir manger de la neige par kilos entiers si je n'avais pas moi-même des vagues entières qui me passaient par-dessus la tête, m'enfonçant le bonnet sur le front et devant les yeux. Je serrais le bras de mon ami avec une force insoupçonnée, et il en faisait de même pour moi. C'était bien. Si nous mourrions, ce serait ensemble. Pas question que l'un survive à l'autre, ça ne faisait apparemment pas partie du contrat de notre amitié.

Puis de ralentir enfin. Après une chute qui dura mille ans, la pente s'adoucit suffisamment pour que la friction nous arrête. Je sentis tous les muscles de mon corps se décrisper, comme si j'arrêtais l'effort physique le plus important de ma vie. La peur, c'était un sacré effort physique oui. Je posai une joue brûlante par l'émotion contre la neige glaciale, convaincue de pouvoir voir celle-ci s'évaporer instantanément au contact. Je respirais fort, le visage écarlate et les bottes inondées.

Dreqin...
Amen mon frère, soufflai-je sans comprendre ce que les requins venaient faire dans l'histoire.

Après quelques secondes de flottement dans un paysage trop calme, nous nous tournâmes tous deux sur le dos pour faire face à un ciel d'un bleu sans imperfection.

J'avais pas vraiment prévu de descendre comme ça... je l'entendis dire enfin. Mais au moins c'était plus rapide, j'imagine.  

Je souris, les yeux rivés vers le ciel. L'une de mes activités préférées. J'avais l'habitude, presque chaque jour de la semaine, de me prendre un moment pour aller m'allonger dans l'herbe et contempler le ciel, les nuages, y écrire de fantastiques scénarios dans lesquels je m'enfuyais de ce monde pour en visiter de nouveaux, et bien souvent de meilleurs. Ici, frigorifiée, tremblante, les chaussettes trempées et le souffle court, c'était presque mieux. Ça avait quelque chose de vivant, de viscéral. J'aurais aimé prendre mon casque et me perdre quelques minutes seulement dans cette infinité de possibles. Mais cela aurait été malpoli.

Billie !

Je fronçai des sourcils. Je l'aimais beaucoup, Lexa. Je l'aimais sans doute plus que beaucoup d'autres dans ma vie. Mais il venait de m'extirper de force d'un bien-être qu'il ne pouvait sans doute pas comprendre. Je sentais une certaine panique dans sa voix, donc il s'inquiétait. Donc je ne pouvais pas lui en vouloir.

Ça va ? T'as rien ? Tes bras, tes jambes, rien qui te fait mal ?

Je glissai le crâne contre la neige pour regarder mon ami la tête à l'envers. Et pour lui sourire. Tout allait bien. Mon corps tout entier était endolori, mais rien de grave. Quelques bleus demain, sans doute.

Seulement mon ego, t'en fais pas, plaisantai-je alors.

Avec un grognement d'ursidé mal léché, je parvins à m'asseoir et à me glisser vers lui. Pour lui tapoter l'épaule avec une compassion sarcastique.

Merci de m'avoir sauvée, t'es un vrai champion.

Et de lui rire ouvertement au nez pour me fiche de sa tronche. J'étais mal placée pour cela, mais au diable les bonnes manières. J'avais pu voir sa tête pendant la chute. Ce visage crispé, soufflé par le vent et frappé à grands coups de neige, était la chose la plus hilarante qu'il m'avait été donné de voir depuis qu' Arthur avait loufé au nez de Blake pendant un cours de matières générales, la veille. J'avais, en quelques sortes, pris ma revanche sur sa photographie piégée. Bien qu'il fallut que je me sacrifie aussi pour obtenir un tel résultat.  

Puis, avant qu'il n'ait le temps de se redresser, je me rallongeai dans le sens opposé à l'albanais, de notre que nos deux corps ne forment qu'une seule ligne. Ma tête juste à côté de la sienne. Les yeux rivés au ciel, de nouveau. Je souris un peu bêtement. S'il ne tournait pas le visage, Lexa n'avait heureusement pas l'occasion de le voir.

Dis... soufflai-je d'une voix plus calme, abandonnée de toute la malice avec laquelle je m'adressais à lui jusque là. On peut rester là encore quelques minutes ?

Je me sentais apaisée, sereine, malgré tout ce qui venait d'arriver. Je laissai le ciel m'emporter dans une douce évasion. Si bien que j'avais entamé un mouvement de bras pour essayer de saisir la main de Lexa – pourquoi ne pas l'emmener avec moi ? – puis de m'abstenir finalement. C'était peut-être un peu trop pour une relation amicale, qu'est-ce que je pouvais bien en savoir. Fallait pas abuser.



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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptySam 25 Aoû - 13:00
Broback MountainLexa Dibra & Billie BarrettAh, l'inquiétude.

Lexa n'avait jamais été du genre à se faire du mourrons pour grand-chose, il fallait bien l'admettre. Ses résultats scolaires désastreux ? Il n'en avait cure, ne jugeait pas cela de la moindre importance. Ses mauvaises relations avec la majorité des membres de sa propre classe ? Rien de bien grave, il n'avait jamais été du genre à chercher à quérir l'amitié de quiconque de toute façon. Il prenait les choses telles qu'elles venaient à lui, sans se soucier du reste. Tout simplement.
Toutefois, lorsqu'il s'agissait des rares personnes auxquelles il s'attachait, le sorcier plongeait parfois dans cet état d'inquiétude – ce qui expliquait sa réaction après la chute qu'il venait de faire dans cette montagne et son empressement de s'assurer du bien-porté de Billie. C'était son petit côté protecteur un peu caché, en quelque sorte.

Il la regardait donc, assis dans la neige et une main fermement agrippée au bras de la Faune.

Relativement rapidement, il vit son amie faire rouler sa tête pour le regarder, toujours allongée sur le dos. La bonne nouvelle, c'était que le visage que Billie lui offrait était celui d'une jeune fille souriante – un peu malmenée par leur descente aux enfers, certes, mais pas le moins du monde démontée par les kilos entiers de neige qu'elle avait dû avaler en l'espace de quelques secondes. Une bonne nouvelle qu'elle s'empressa d'ailleurs bientôt de confirmer par le biais de sa réponse à la question de son ami vis-à-vis de possibles douleurs sur ses membres.

- Seulement mon ego, t'en fais pas.

Un soupir de soulagement se fit entendre.
On pouvait très bien survivre avec un ego meurtri, alors tout allait pour le mieux.

Tandis que les muscles de l'albanais se relâchaient, la bouche de son amie laissa échapper un grognement peu emprunt de féminité : elle venait de se redresser pour à son tour se mettre en position assise, lui permettant de mieux glisser sur la neige sur son arrière-train pour le rejoindre. Sans rien ajouter, le sorcier la laissa se rapprocher de lui. En toute bonne foi, il n'avait rien à dire de toute façon.
Lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule, il ne bougea pas d'un pouce. Il ne voyait pas en quoi Billie pouvait bien ressentir le besoin de lui apporter une forme de réconfort en la tapotant de la sorte mais soit, il acceptait ce contact sans rechigner. Si cela pouvait lui faire plaisir.

- Merci de m'avoir sauvée, t'es un vrai champion.

Ah.

Lexa préféra ignorer l'évidente ironie qui se dégageait de ces derniers mots à son égard, bien que le fait qu'ils furent rapidement suivis par l'esclaffement pur et simple de sa camarade rendit cette tâche pour le moins ardue. Au lieu de cela, il se laissa plutôt retomber contre le matelas glacial de neige en soupirant de délivrance en même temps que Billie, non loin de là où la tête de cette dernière reposait à présent. Probablement une manière pour lui de laisser ces dernières péripéties retomber, comme si d'étendre – et de détendre – son propre corps allait en quoi que ce soit être plus efficace que de rester assis pour se faire.
Savait-on jamais, peut-être était-ce une bonne méthode de relaxation après tout.

Les yeux rivés sur le ciel tacheté de bleu et de blanc qui le surplombait, le sorcier laissa un silence tranquille s'installer. À côté de lui, il sentait le corps de sa camarade se déplacer légèrement, probablement à la recherche d'une position plus confortable qu'elle trouva bientôt. La tête de Billie était restée à côté de la sienne, tandis que son corps s'était décalé plus loin, dans le prolongement inverse à son propre corps. Ils étaient une ligne, en quelque sorte, chacun pouvant faire reposer sa nuque sur l'épaule de l'autre. Ce qu'ils firent.

C'était agréable, ce calme.

- Dis...

Timide, une voix vint l'habiller. Douce, dépourvue de la malice qui l'avait caractérisé jusqu'alors, elle se laissa mourir pour mieux reprendre, flottant dans l'air glacial comme une mélodie légère. Alors il l'écouta.

- On peut rester là encore quelques minutes ?

À l'écoute de cette demande, l'albanais sentit ses lèvres s'étirer en un sourire. Loin d'être moqueur, il était touché. Il n'avait probablement pas de raison de l'être, mais il l'était. Avec les mois qui s'étaient écoulés depuis leur première rencontre, il connaissait assez bien Billie pour reconnaître les fluctuations dans le ton de sa voix et celle-ci, il aurait pu l'écouter des heures : Billie sonnait heureuse, tout simplement. Et si elle se sentait bien, lui se sentait bien.

- Aussi longtemps que tu voudras. lui répondit-il donc, sans hausser la voix.

Il ne détestait pas ne rien faire, au contraire même. À vrai dire, il serait certainement resté couché dans la neige de lui-même sans qu'elle n'ait besoin de le lui demander, ne serait-ce que pour imprimer dans son esprit ce moment suspendu dans le temps qu'ils étaient en train de vivre. Qu'elle lui donne en quelque sorte l'autorisation de le faire en toute impunité n'était qu'un bonus heureux.

Alors se laissa s'évader.
Sans un mot, il ferma les yeux.

L'albanais n'aurait pu dire à quel point il savourait ce moment. Le froid, la sensation grisante d'avoir fait quelque chose de stupide mais de s'en être sorti – plus ou moins – indemne, c'étaient des choses qu'il croyait presque avoir oublié depuis son arrivée à Sainte Catherine. Au château, ces moments simples se faisaient bien trop rares, bien moins réels, comme s'ils étaient toujours enrobés dans un cocon protecteur de mornitude. Ils étaient fades.
Alors il profitait de cette neige qui lui gelait la peau, de cette éraflure qui lui brûlait la joue. Il se complaisait dans la normalité d'une simple pause entre deux amis couchés dans la neige. Pendant de longues minutes, il songea à la suite de leur aventure pas si formidable que ça jusqu'à la ville de Malnans, objectif qu'il avait bien l'intention d'atteindre avant midi.

Puis quelque chose le fit rouvrir les yeux.

- Hé.

Il venait de se souvenir d'un détail de leur épopée qui lui semblait tout à coup bien cocasse.

- Tu veux savoir ce que c'était, la surprise que je voulais te faire une fois qu'on arriverait à la colline dont je t'ai parlé ?

Probablement que la jeune fille avait d'autres préoccupations plus capitales à l'esprit, mais la question était rhétorique de toute façon.

Levant son bras gauche vers le ciel, Lexa se mit à faire voyager son index, comme si celui-ci dessinait un parcours invisible sur les nuages. Il le fit ainsi voyager quelques secondes, avant de faire retomber mollement son bras sur son ventre, tout en tournant légèrement sa tête pour regarder son amie. Le sourire aux lèvres, l'albanais s'amusait déjà de la confession qu'il était sur le point de faire à Billie, conscient qu'elle apprécierait l'ironie de celle-ci à sa juste valeur.

- J'avais ramené de quoi faire de la luge.

Puis de tourner sa tête vers le ciel à nouveau, avant d'éclater de rire.

Quelle idée formidable il avait eu, décidément.
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyMar 28 Aoû - 21:51
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Aussi longtemps que tu voudras.

Les yeux perdus dans le ciel j'avais bêtement souri, comme une enfant dont on aurait autorisé la demande farfelue. Au fond, je l'étais cette enfant. Un peu fantasque. Beaucoup rêveuse. La tête dans les nuages, mais rarement les pieds sur terre. J'étais un ballon d'hélium attaché à un mince fil, n'attendant qu'une occasion pour m'enfuir et ne jamais redescendre. Voyager, caresser les étoiles du bout des doigts. C'est ce que j'ai toujours voulu. Mais aujourd'hui, peut-être un peu moins. Il y avait une main qui tenait mon fil, et un visage vers lequel me tourner. J'aurais voulu partir, mais pas sans lui. Et comme je n'avais pas la possibilité de partir, j'étais heureuse de rester. Ça ne servait à rien de rêver d'autres mondes plus beaux, quand le mien commençait enfin à me plaire.

Il n'existait, à mes yeux, qu'une seule manière de définir une véritable amitié. Même si, je devais l'avouer, je n'y connaissais pas grand chose dans ce domaine. C'était le silence. Celui qui, naturellement, s'installe et ne crée aucun malaise. Celui qu'on ne cherche pas à briser en se sentant gêné. Celui qui peut durer, et qui exprime plus qu'une centaine de conversations. C'était cela, l'essence même d'une belle relation. C'était cela à quoi j'avais longtemps aspiré. Je ne pensais pas partager un tel moment un jour, je me serais contentée de le fantasmer. Le vivre, c'était bien plus puissant.  

Je laissais mon esprit s'évader, au rythme de la respiration de Lexa, comme la cadence d'une locomotive. Direction l'infini ! Je pourrais jurer qu'il fermait les yeux. Les miens, grands ouverts, regardaient les étoiles. Non bien sûr, on ne les voyait pas. Mais elles étaient bien là. Alors qu'est-ce qui m'empêchait de les regarder ? Regarder, ce n'est pas voir. Moi l'extravertie, on me regardait souvent sans me voir. Alors j'en savais quelque chose.

La neige ne me gênait pas. Je profitais de la fraîcheur infinie qui s'immisçait au travers de mes vêtements. De toutes les façons, avec Lexa, j'étais invincible. Couchés dans la poudreuse, on voyageait dans tout l'espace. Je pouvais enfin lui présenter mon univers. Celui qui ne ressemble qu'à une jeune fille allongée quand on le regarde, mais qui se révèle être tout un périple quand on prend le temps de le voir. Ça ne me gênait pas qu'on n'en voit jamais rien. Tout cela n'appartenait qu'à moi. Et j'étais heureuse d'en ouvrir la porte à l'invité de mon choix.

Cette expérience émotionnelle que je vivais secrètement, à ce moment, était d'une puissance folle. Je le concevais néanmoins, il était peut-être difficile de la comprendre si l'on n'était pas moi.

–  Hé.

Je n'aurais pas dit que toutes les bonnes choses ont une fin, parce que ça aurait impliqué que revenir à la réalité, cette journée partagée avec Lexa, était inférieure à cette évasion intérieure. Ce n'était pas le cas.

–  Tu veux savoir ce que c'était, la surprise que je voulais te faire une fois qu'on arriverait à la colline dont je t'ai parlé ?

Je fronçai les sourcils. J'avoue avoir eu d'autres préoccupations en tête, comme me demander quelles seraient les possibilités qui pourraient s'offrir à nous si l'on avait six doigts au lieu de cinq aux mains. Des préoccupations capitales, en somme.

Il leva la main et traça dans le ciel ce que je devinais être, après réflexion, un lamantin jouant de la flûte à bec. Et comme je le sentais tourner la tête vers moi, j'imitai le mouvement, la face sûrement crispée d'incompréhension et d'impatience. Je savais qu'il adorait se jouer de moi ainsi, faire monter le suspens pour dévoiler une idée toujours plus géniale que la précédente. Et moi, à chaque fois, j'attendais la révélation comme une gamine attendait d'entendre les clochettes du traîneau le soir de Noël.

–  J'avais ramené de quoi faire de la luge.

Je ne sais même pas s'il eut le temps de voir mon visage s'illuminer, comme si cette même gamine venait de découvrir que le Père Noël n'était pas une légende (comment le serait-il d'ailleurs, dans un monde où je peux faire danser la carioca à un poivron ?), d'un sourire enthousiaste, les yeux pétillants d'excitation autant que de malice. Car j'étais déjà debout. J'avais abandonné sans vergogne le doux espace que nous partagions pour repartir à l'aventure. C'était ce que nous étions, Lexa et Billie, Lexie : des aventuriers.

Je fouillai sans plus de honte le sac dont je l'avais délesté plus tôt, à sa demande. Enfin je crois. J'en dénichai une luge toute ronde dont la conception me paraissait tout à fait sûre et sans risque. Je le plaquai contre ma poitrine, car c'était ainsi que j'avais toujours lugé, un sourire immense entre les oreilles. Je sautillais sur place d'excitation en m'approchant du rebord le plus proche, avant de me tourner une dernière fois vers Lexa.

Où est-ce qu'on va ?


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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyMer 26 Sep - 19:00
Broback MountainLexa Dibra & Billie BarrettS'il n'avait pas immédiatement éclaté de rire après avoir révélé ses plans secrets à son amie, Lexa aurait pu voir le visage de cette dernière véritablement s'illuminer à l'écouter. Il aurait pu se délecter du bonheur de voir la totalité de ce visage enfantin refléter toute l'innocence pure qui subsistait encore envers et contre tout en elle. Il aurait pu non plus rire de la bêtise de son idée, mais plutôt de l'effet chaleureux que celle-ci avait provoqué sur une simple jeune fille s'excitant à la seule perspective d'aller jouer dans la neige.

Mais malheureusement pour lui, il ne vit rien de tout cela.

Tout ce que l'albanais put percevoir de l'effet de son annonce sur Billie fut de sentir soudain celle-ci s'arracher à leur cocon, quittant leur – pas si confortable que cela – matelas de neige pour se lever avec une rapidité déconcertante. Beaucoup de vivacité, pour un si petit corps – pas forcément la réaction qu'il attendait mais toutefois une réaction qu'il acceptait sans rechigner : il sentait déjà son amie irradier de bonheur, alors que pouvait-il bien demander de plus ?
Tandis que la sorcière s'agitait pour se précipiter vers ce qu'il devinait être son sac à dos, Lexa se redressa légèrement, prenant appui sur ses coudes. De la voir si fébrile et si animée le fit sourire. Oui, peut-être était-elle en train de s'exciter un peu trop pour dire qu'elle ne faisait que fouiller un sac à la recherche de luges en plastique à bas prix mais cette scène avait tout pour émouvoir quiconque l'observait.

Lorsqu'elle trouva son trésor, elle se mit à sautiller d'excitation, laissant un sourire attendri habiller les lèvres de l'albanais qui ne la quittait pas des yeux. Elle était pleine de vie, pleine d'envie, allant même jusqu'à se précipiter vers le rebord de la montagne où ils se trouvaient pour mieux admirer le territoire qu'ils iraient potentiellement dévaler à l'aide de la simple assiette qu'elle serrait entre ses doigts. Puis elle se retourna vers Lexa.

Billie était radieuse.

- Où est-ce qu'on va ?

Serrant précieusement le morceau de plastique rond contre son cœur, son regard avait presque imploré Lexa de la rejoindre lorsque Billie lui posa cette question. Alors avec plaisir, l'albanais s'exécuta : lentement il se leva, ramassa par sa hanse le sac que son amie avait laissé sur le sol et la rejoignit, laissant son sourire s'agrandir à chaque pas qui le rapprochait d'elle.

Ils iraient là où l'aventure les porterait, tout simplement.

~~~

Dans un café de Malnans, plus tard.

- Tadaaaa !

Victorieusement, Lexa posa son plateau sur la table, comme un preux chevalier déposerait son épée aux pieds de son monarque après avoir gagné une périlleuse bataille. Sur celui-ci trônaient deux immenses gobelets en carton fumants, dont l'odeur qui s'en échappait parfumait délicieusement l'espace de saveurs sucrées. À côté d'eux étaient disposés deux muffins généreux et on devinait à la quantité de chocolat et de pépites en ceux-ci qu'ils représentaient de véritables bombes à calories.

La recette du bonheur existait, et il venait de la livrer à la Billie devant lui.

Tranquillement, le sorcier entreprit de disposer leur butin sur la table : à chacun son muffin, à chacun son chocolat. Une fois chose faite, il prit place sur la chaise qui faisait face à Billie – le gentleman en lui ayant gracieusement laissé son amie s'installer sur la banquette – et posa un coude sur la table, supportant ainsi son menton tandis qu'il plongeait son regard dans celui de sa voisine en souriant.

- N'empêche que dans cette histoire, je finis perdant. Reprit-il. Plus de bonnet, un énorme trou de plus dans ma pauvre veste, une précieuse luge en plastique détruite et voilà que je te paye même le chocolat chaud.

Il était difficile à prendre au sérieux sa complainte, lorsqu'il avait de lui-même offert à Billie de payer lesdits chocolats en se permettant même de lui faire la surprise d'une pâtisserie supplémentaire. Mais passons. Dans un effet dramatique des plus convaincants, Lexa leva les yeux aux ciel en soupirant puis lâcha son menton, reposant son bras sur la table. Il inspira longuement, soupira plus lentement encore et pour finir, gratifia son amie d'un hochement de tête faussement résigné avant de continuer.

- Heureusement que tu le vaux bien.

Le clin d’œil était-il vraiment nécessaire ? Probablement que non, mais cela ne l'empêcha toutefois pas de le faire, ni d'enchaîner immédiatement sur un ton soudain bien inutilement mystérieux.

- Et...

Jouant de façon plutôt immature avec un suspens qui n'avait pas lieu d'être, le sorcier étira ce seul mot, tandis que les doigts de sa main gauche s'agitaient théâtralement devant le visage de Billie, pour lentement se diriger vers l'intérieur de la poche de sa veste qu'il n'avait toujours pas enlevée. Sa main ne disparut que quelques secondes sous le cuir du vêtement mais lorsqu'elle en ressortit, un objet bien singulier était venu rejoindre ses doigts. Il s'agissait d'un petit objet rectangulaire, recouvert d'une sorte de peau de reptile à la coloration douteusement rosâtre.
Un objet qu'il agita sous le nez de sa camarade avec un regard empli de malice lorsqu'il reprit enfin :

- Que j'ai "trouvé" ça, surtout.

Ne disait-on pas « chassez le naturel, il revient au galop » ?

Dans son cas, sans même avoir réellement essayé de s'en débarrasser, les petites habitudes de Lexa étaient visiblement revenues plus vite qu'on n'avait pu les oublier puisqu'en l'espace de seulement une poignée de minutes passées dans la ville, il était apparemment parvenu à chaparder le portefeuille de quelqu'un.
Car c'était bien un portefeuille volé qu'il montrait à Billie oui, se riant tout à fait du mauvais exemple qu'il pouvait bien lui montrer en se comportant de la sorte. Fidèle au gamin des rues qu'il avait toujours été, il étalait fièrement son butin à cette adolescente pas si pure et innocente que cela.

Il n'y avait qu'avec elle qui le faisait aussi ostensiblement, comme s'il savait que jamais elle ne le jugerait pour cela. Peut-être qu'en se comportant ainsi, il cherchait quelque part à retrouver un brin d'habitude qu'il avait été forcé de perdre avec les années. Peut-être s'autorisait-il seulement à pleinement être lui-même en cet instant. Peut-être cette confiance qu'il projetait à Billie représentait-elle bien plus que leur seule amitié.

- Si tu veux, j'te l'offre tiens. C'est tout à fait ton style je trouve.

Ou peut-être était-ce trop essayer d'interpréter un simple geste pour lui donner une importance qu'il n'avait pas.

Ayant reposé le portefeuille – totalement vidé de l'argent qu'il avait pu contenir, il était bon de le préciser – pour le faire glisser sur la table en direction de son amie, Lexa n'avait pu résister à l'envie de cette pique envers le penchant de Billie pour les choses colorées. C'était de bonne guerre en quelque sorte, comme une revanche particulièrement tardive pour ce qu'elle avait pu lui dire à propos de sa mèche lorsqu'ils étaient encore sur le Col des Dragons.
Alors il gloussa doucement, son regard furetant à droite à gauche.

Il s'amusait, très clairement.
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MessageSujet: Re: Broback Mountain [Lexa] Broback Mountain [Lexa] EmptyDim 4 Nov - 11:02
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Les victoires se savourent pour chacun de manière bien personnelle. Certains ne veulent se voir couvrir que d'argent, et d'autres de gloire. D'aucuns prient, pour attribuer en toute humilité le mérite de cette réussite à une force supérieure. Les derniers ne désirent rien, ils se contentent de cette satisfaction qui les remplisse tout entier d'un chaleureux sentiment d'accomplissement. Je ne voulais rien de tout cela. Les odeurs de chocolat qui m'enveloppaient dans un cocon de bien-être me suffisaient. La chaleur d'un café, quand derrière la vitre, à quelques côté de nous pourtant, un froid piquant fait tourbillonner des bourrasques de neige violentes. Les rires et les conversations d'un cadre convivial, renforcé par l'aspect rustique du lieu. Et un ami, souriant et enthousiaste, déposant sous mon nez les véritables trésors de cette glorieuse journée.

J'avais le nez rouge et les joues roses, les yeux humides et je reniflais. Peut-être couvrais-je même un rhume. Mon manteau, posé sur la banquette à mon côté, laisser dégouliner par terre des milliers de kilos de neige fondue, au moins. Et pourtant, je m'étais rarement sentie aussi bien. L'aventure, l'amitié, la bonté, je n'avais jamais véritablement connu ces choses, ces étrangetés dont j'étais imperméable avant de débarquer à Sainte-Catherine. Mais toutes ces rencontres m'avaient changé. Celle-ci en particulier. Aussi étais-je en train de sourire, les coudes sur la table, les yeux dans les siens, alors qu'il faisait de même. J'aurais voulu l'enlacer pour le remercier, mais j'avais peur qu'il ne comprenne pas. C'était pourtant une démonstration encore bien maigre pour traduire toute la reconnaissance que je portais à Lexa Dibra.

Il m'avait appris à vivre.

N'empêche que dans cette histoire, je finis perdant, fit-il sans que je ne puisse le contredire. Il faisait un peu pitié à voir. Plus de bonnet, un énorme trou de plus dans ma pauvre veste, une précieuse luge en plastique détruite. Je souriais gentiment pour me moquer, en me mordant un coin de la lèvre, comme un coupable trop fier de son méfait. Et voilà que je te paye même le chocolat chaud. Là je me redressai, visiblement outrée par cette dernière conséquence. C'était son idée !

Il fit sa comédie alors que je reprenais cette élégante position d'avachissement sur la table. Je ne pouvais pas le suivre, bien trop amusée que j'étais. Spectatrice, je me contentais de rire à son humour pourtant discutable, et de lui mettre une petite claque sur le bras pour qu'il arrête de m'embêter. Ce qui, évidemment, ne fonctionnerait jamais.

Heureusement que tu le vaux bien.
Je sais. A son clin d'œil, je passai une main dans mes cheveux en fermant les yeux, une moue pédante sur le visage.
Et...

Encore une surprise ! Il excita littéralement, en agitant ses doigts sous mon nez, la gamine curieuse qui s'était endormie en moi. Celle qu'il avait déjà réveillé en haut de la montagne. Il n'avait tiré aucune leçon apparemment : c'était dangereux de me préparer des surprises. J'avais tendance à réagir de manière exacerbée.

… que j'ai "trouvé" ça, surtout.

Un porte-feuille entre les doigts, il se délectait visiblement de son petit effet. Bien sûr, il le savait pertinemment. Je n'approuvais pas spécialement le fait qu'il soit une espèce de voyou, parce que ça pouvait être dangereux. Mais il savait aussi que j'adorais le risque que cela impliquait. Et que je me fichais pas mal de savoir si Monsieur-Tout-le-Monde venait de perdre ou non son porte-feuille.

- Si tu veux, j'te l'offre tiens. C'est tout à fait ton style je trouve.

Il le glissa dans ma direction, le vil tentateur. Pourtant, je le repoussai sans ménagement, un air de complaisance supérieure sur la face.

Il est affreux et tu as très mauvais goût. Je préfère me les faire faire sur-mesure, vois-tu. Et si la galanterie te dérange au point d'être navré de me payer un chocolat, tant pis. Je n'ai qu'à racheter tout le café, ainsi même ton muffin m'appartiendra.

Je pris cet air de grande dame encore quelques secondes, avant d'éclater d'un rire bien trop sonore. Il n'y avait qu'avec Lexa que je pouvais me permettre ce genre de blagues. Il savait que la richesse, même si j'en profitais largement, n'avait absolument aucune espèce d'importance à mes yeux. j'en riais donc. Je pouvais peut-être me le permettre avec Daniel également, mais étant lui-même d'une classe aisée, l'effet ne serait pas le même. A la limite, nous passerions pour deux bourgeois insupportables au milieu du petit peuple, et c'est à peu près tout.

Je pris le muffin et en engloutis un énorme morceau sans quitter le garçon des yeux. J'étais bien trop heureuse de le voir rire et sourire, je ne voulais pas en perdre une miette. Lui qui pouvait se montrer parfois si morose. En plus, j'observais attentivement sa veste. Il était vrai que c'était un peu ma faute, cet état déplorable dans laquelle elle se retrouvait. Et je comptais bien me rattraper en en lui offrant une nouvelle. Après tout, il fallait bien que ce soit utile d'être riche.

Tu sais, t'es quand même un peu moins moche quand tu souris, plaisantai-je en rapprochant le chocolat chaud de moi. Ou alors, c'est le vol à la tire qui te va au teint.

Je détournai les yeux pour la première fois. Pas parce que j'étais gêné de lui avoir fait un compliment. Nous avions dépassé ce stade là, lui et moi. Non, je restais mal à l'aise quand j'abordais à vive voix, de près ou de loin, cette morosité évoquée tantôt. Je ne voulais ni le vexer, ni le plonger dans des pensées qui contrarieraient cette journée proche de la perfection (proche seulement, car j'avais perdu un gant et tâché de boue mon pantalon).

Pour essayer de détourner son attention, je saisis mon appareil à photos instantanées, qui avait survécu par miracle à nos aventures, et pris plusieurs clichés du lieu. Son atmosphère m'était chère, alors que la neige battait puissamment dehors. Là, seule, heureuse et apaisée avec mon meilleur ami.



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