} Les ermites de Pachelbel [PV Billie]
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Les ermites de Pachelbel [PV Billie]
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 :: La Ville de Malnans :: La Périphérie :: Les Vallons
MessageSujet: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptyLun 27 Aoû - 20:40
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&
Les ermites de Pachelbel


S'éloigner un peu de la civilisation. Plonger dans le rêve et l'imaginaire. S'envoler vers d'autres mondes lointains pour voyager. C'était ce à quoi aspirait Ludwig à chaque fois qu'il sortait son instrument de musique. Il enlevait son violon de l'étui, mettait un peu de colophane sur son archet, le posait lentement sur les cordes, et tirait sur son objet magique des notes qui transposait son âme dans un nouvel univers. Il fermait les yeux et se concentrait ensuite sur les points de couleurs qui arrivaient au rythme de la musique. Jaune, vert, bleu, rouge... Des nuances infinies qui dansaient devant ses paupières closes mais dont il ne se lassait jamais de voir les ballets. Voilà une magie unique que seule la nature pouvait lui offrir sans utiliser de sortilège. Il aimait jouer le plus souvent dans la salle de musique, avec ou sans accompagnement, mais il lui arrivait de temps à autre de s'isoler à l'extérieur, dans un coin où il savait que personne ne l'entendrait. Comme aujourd'hui, par exemple, où il s'était décidé à arpenter le chemin des Vallons pour espérer trouver un endroit tranquille où se poser et exercer son art sans quelqu'un pour le déranger. C'était jour de repos, et il faisait plus ou moins beau. Ce n'était pas le genre de Ludwig de sécher des cours, de toute façon, il était bien trop sérieux et docile pour ça. Alors il se permettait de sortir de l'école afin d'offrir aux animaux et aux arbres un petit spectacle musical de sa composition. Arrivé au bord de la rivière claire et à l'écoulement tranquille, le Larsen brandit son violon et se mit à jouer. Canon en ré majeur de Johann Pachelbel. Une œuvre  qu'il affectionnait tout particulièrement, même s'il lui avait donné quelques migraines au début pour l'apprendre par cœur. Fort heureusement, il savait que c'était surtout les violoncellistes qui s'ennuyait autour de ce morceau, alors il ne se plaignait pas d'avoir la partie "amusante" de la partition. Répétant son manège habituel, le Pégase ferma les yeux et se laissa bercer par les jeux de couleurs qui défilaient. Il n'y avait cependant pas de surprise. Chaque couleur était associé au même son à chaque fois. Cela lui permettait de savoir quand une corde était très légèrement mal accordée mais qu'il ne s'en rendait compte qu'après tout. Quand un orange était un tout petit peu moins clair que d'habitude, par exemple, il savait qu'il devait rectifier quelque chose. Mais il avait toutefois fait bien attention à accorder parfaitement son violon avant de partir, et il ne vit aucune couleur ternie jusqu'à présent.

Un mouvement de son menton plus tard, et Freyja comprit que c'était à elle d'entrer en scène. L'oiseau, au milieu du morceau se mit à accompagner le musicien de sa belle voix et rajouta une note de plus à la composition. Un petit quelque chose improvisé, puisqu'il n'y avait évidemment pas de son d'oiseau dans la partition originale, mais qui lui plaisait quand même depuis qu'il avait découvert que la femelle savait chanter et que ça lui plaisait de le faire. Mais alors qu'il ne s'y attendait pas, son Freyja s'arrêta tout à coup. Curieux, Ludwig ouvrit les yeux pour voir ce qui avait détourné l'attention de son familier. En se retournant, il vit alors une personne qui l'observait. Surpris, il s'arrêta d'un geste brusque, intrigué par cette apparition.

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MessageSujet: Re: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptyMer 5 Sep - 10:48
Et donc, tout ça n'était qu'un complot des vampires ?
Ouais ! Ça m'a semblé évident quand j'ai pigé que le nain était en fait un espion géant mal rapetissé. La suite allait de soi.
Je suis... impressionnée. Tu dois être le seul à avoir deviné la fin de Game of Thrones aussi brillamment. Mais je ne sais même pas pourquoi on parle de ça. On ne parlait pas de chantilly juste avant ?
Bah si, parce qu'on a commencé en parlant des sauterelles qu'on voyait. Après, ça n'a été qu'un enchaînement logique. Désolé, je sais que je dois retravailler mes entrées en matière.
Quelle entrée en matière ? On est ensemble depuis ce matin et on parle depuis bien vingt-cinq minutes. Ce qui est incroyable d'ailleurs puisque je me souviens clairement t'avoir dit de venir seulement si tu la fermais.
Laisse tomber, tu supporterais pas la vérité.

Je le regardai, circonspecte, faire un clin d'œil à une caméra invisible, comme un mauvais acteur de film briserait le quatrième mur. Sauf qu'Arthur n'avait aucun mur à briser. Car Arthur n'était pas un personnage créé. Il était bien réel. Comme le châtiment divin envoyé dans ma vie pour me punir d'un acte immonde que je n'ai pas encore fait. Le pire, c'était de savoir que la seule personne à blâmer pour son existence, c'était moi. Car Arthur – je devais finir par l'accepter un jour, aussi difficile que cette réalité puisse être – était une extension de ma personnalité. Peut-être celle que j'aurais pu être, peut-être celle que je devrais être, ou peut-être – et très certainement – celle que je me refusais catégoriquement d'être. Mais une facette de mon moi quand même. On apprenait à vivre avec ce fait, malgré l'absence totale de toute trace de dignité.

Est-ce que le fait qu'on soit perdus dans un endroit qu'on connaît pas du tout a quelque chose à voir avec la gueule d'enterrement que tu tires depuis deux semaines ? Et ton portable que tu r'gardes toutes les trois minutes quarante ?
J'avais besoin de m'éloigner un peu de l'école, c'est tout. Casse-toi si ça ne te va pas.
Pardon de m'inquiéter, ma poule, j'le ref'rai plus.  

J'étais désagréable, peut-être. Je culpabilisais, peut-être. Bordel, voilà que je me mettais à culpabiliser pour mon comportement avec Arthur. Ça n'avait strictement aucun sens. Lui qui méritait au moins de vivre toutes les tortures infligées dans le Tartare ! Il me regardait avec ses petits yeux brillants d'inquiétude et de tendresse. Je savais que ce n'était que du cinéma, parce que j'avais un paquet de Doritos dans mon sac, et pourtant je me laissais prendre au jeu. Ce qui, généralement, terminait mal pour moi. Ou pour quelqu'un d'autre mais nous étions seuls. Donc pour moi. Vivre avec Arthur, c'était vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Au moindre signe de faiblesse, elle tombait. Jusque là, son épée avait plutôt tendance à être des bombes à eau. Mais un jour peut-être, tout pourrait empirer.

L'école Sainte-Catherine avait perdu de sa saveur depuis plusieurs jours. De longues et pénibles journées, pendant lesquelles je me posais tout un tas de questions. Elles concernaient principalement mon importance dans la vie des gens que je fréquentais. Était-ce prétentieux d'avoir cru avoir une place suffisamment importante pour entrer dans l'équation ? Et si une personne proche pouvait agir de la sorte sans se soucier de moi, alors j'avais conscience de pouvoir me retrouver seule du jour au lendemain, abandonnée de tous. Aussi préférais-je me retrouver seule par choix.

Je crois que Billie va retourner à son état d'origine. Priorité à la solitude. Ça me manque, de ne me soucier que de moi. Me faire des amis finalement, ça ne m'avait apporté que des ennuis.

C'est quoi ce bruit ? On dirait un oiseau qui chante. Mais faux.

Au loin, effectivement, une mélodie se faisait entendre. A travers les collines alentours, les notes se dispersaient et s'envolaient à travers un ciel bleu pailleté des rayons d'un soleil pâle. L'aura magique de Sainte-Catherine n'avait plus d'effet ici. Nous étions au cœur d'un hiver encore frais. J'étais emmitouflée dans un long trench coat d'un bleu semblable à mes cheveux, un jean slim aux jambes et des bottes de cuir aux pieds. Mon bonnet jaune me donnait l'aspect d'un phare ambulant. Ou d'une grosse débile, selon Arthur et son manque évident de goût.

Ce n'est pas du tout un oiseau, c'est un violon.
C'est possible de jouer aussi mal ?
Qu'est-ce que tu racontes ? C'est très bien joué.

Curieuse de voir qui était à l'origine de cette musique extrêmement bien travaillée, je m'approchai de la source des sons. Arthur me suivait en râlant, car il devrait être interdit de faire grincer des cordes au milieu de nulle part et déranger les honnêtes promeneurs qui ne veulent pas supporter l'exaspérante nullité d'autrui.

C'est quoi ça, un deuxième violon ?
Mais t'es con ? Là, c'est un oiseau qui chante !
Il joue vachement mieux que l'autre.

Un soupir suffit à lui exprimer mes sentiments. Je m'attendais presque à retrouver Louis derrière la butte que je gravissais. Il était le seul violoniste que je connaissais. Mais je ne me souvenais pas d'un oiseau qui l'accompagnait. Le résultat, par ailleurs, avait quelque chose d'aussi étrange que poétique. Si les sonorités n'étaient parfaitement accordées, on ressentait pourtant une parfaite harmonie entre les deux musiciens. Cela possédait quelque chose de spontané et naturel. J'imaginais très bien le lien tissé entre un élève de l'école et son familier. Il se dégageait de la scène une magie très particulière.

Je m'assis en hauteur, au sommet de la butte. Silencieuse, je pliai les jambes pour poser mon menton sur les genoux. L'herbe était probablement humide mais je m'en fichais. En contrebas, un ruisseau serpentait à travers la verdure et un garçon aux cheveux d'un blond éclatant jouait. Aucun oiseau en vue pourtant, sans doute trop éloignée que j'étais pour le distinguer. Je laissais cette merveilleuse scène s'imprégner en moi, un sourire mélancolique sur le visage. Arthur se laissa tomber à mon côté, épuisé par l'escalade.

Tu vas pas te mettre à danser, hein ?

Il faisait référence à ce jour, juste après la rentrée scolaire, où j'avais dansé dans le parc de l'école sur les notes du violon de Louis que je venais de rencontrer. Devant tout le monde. Sans la moindre honte. Ce qui me ressemblait beaucoup. Ou peut-être à l'époque. Les choses avaient changé depuis. J'avais changé. Six mois de rencontres, de liens, de questions. Je m'étais ouverte au monde et il avait commencé à m'empoisonner. Comme on dit souvent : c'était mieux avant.

Je n'ai pas envie de danser.
Eh beh. Toi, ça va vraiment pas.

Nous nous rendîmes seulement compte que la musique s'était tue. Le jeune homme nous regardait. Son visage, pas inconnu, me suffisait à savoir qu'il était bien de l'école. Mais tout le monde n'était pas reconnaissable par ses cheveux bleus. Des blonds, il y en avait tout un tas. Est-ce que ce n'était pas le frère de Dimitri ? Dans le doute, disons que non.

Désolée, lançai-je suffisamment fort pour me faire entendre. Faites pas attention à nous, on va repartir.
Plop.
Billie Barrett
Billie Barrett

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: Sorcier

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: Arthur la loutre

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MessageSujet: Re: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptyLun 10 Sep - 3:25
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Les ermites de Pachelbel
Il fixa la nouvelle venue, incrédule. Lui qui pensait être seul... Enfin seul avec Freyja. Il espère qu'il n'a pas trop dérangé cette personne. Venait-elle de l'école ?.. Cette chevelure bleue peu ordinaire sortait un peu du lot, mais là, tout de suite, Ludwig ne reconnaissait pas la jeune fille ou même la loutre qui l'accompagnait. Il se contentait de la scruter avec curiosité, un peu gêné. Devait-il continuer à jouer malgré tout ? La présence de l'inconnue ne le dérangeait pas, mais si elle avait quelque chose à dire, il aurait bien aimé qu'elle se dépêche pour qu'il puisse se remettre à jouer. Mais il sembla que la fille voulait partir d'elle-même, car elle s'excusa aussitôt avant de signaler un départ imminent. Surpris mais gardant le silence, il aurait bien aimé lui dire qu'elle n'avait pas à s'en aller si elle désirait rester l'écouter, mais il n'en eut pas le courage. Déjà mal à l'aise quand il fallait parler aux autres, ce n'était pas l'envie qui l'en manquait mais l'adresse n'était clairement pas au rendez-vous. Bizarrement, pour enchaîner les vibratos en première et troisième position sur son instrument, y'avait du monde, mais pour faire la conversation, c'était les abonnés absents. Alors, sans un mot, il la regarde commencer à partir. La chardonneret, elle, tourne la tête rapidement en passant du blond à la bleue, l'air blasé.

« …
- …
- Tu attends quoi, exactement ? Que le Créateur t'apporte un message ? Rattrape-là !
- Euh... Quoi ?!
- Elle croit probablement qu'elle te dérange, andouille !
- Mais... Mais ce n'est pas le cas...
- Alors va lui dire !
- Mais... Mais je...
- Rolala ! On doit tout faire soi-même ! »


Là-dessus, son oiseau s'envola de sa branche pour aller voleter juste devant l'adolescente à la loutre. Parfois, malheureusement, quand le manque d'expérience en sociabilité de son compagnon humain était plus que déplorable (ce qui arrivait tout le temps, en somme), Freyja devait se démener pour ne pas qu'il finisse par se retrouver seul. Parce que si Ludwig apprécie la solitude, il s'était bien mis en tête que cette année, il allait rendre sa famille fier en se mêlant à d'autres gens et en s'ouvrant un peu plus, de telle sorte à peut-être rencontre des Magiciens avec qui il pourrait devenir ami malgré son statut de Sorcier. Le blondinet savait qu'il devait faire un effort pour se démarquer et s'améliorer dans ses relations, mais il avait encore bien du mal à progresser dans ce domaine sans bafouiller ou faire une gaffe. De plus, le silence était généralement maître chez lui, alors quand on le laissait comme ça en plan sans rien dire de plus et qu'on ne cherchait pas à lui poser des questions, alors lui-même ne s'intéressait pas plus que ça. Il pensait en effet, que dans ce cas-là, peut-être que l'autre personne ne voulait pas qu'on la gêne à venir la voir pour lui parler subitement. Peut-être que cette jeune fille avait simplement été attirée par la musique qu'il produisait et qu'elle avait simplement suivi la mélodie sans toutefois penser à rester. Au fond, Ludwig regrette alors un peu de ne pas avoir continué à jouer, car peut-être cela faisait un moment qu'elle l'écoutait sans qu'il ne s'en rende compte et que, du coup, il n'a pas pu achever le travail qu'il avait commencé. Ce qui était frustrant pour lui maintenant qu'il savait avoir été pourvu d'un auditoire. Alors Freyja fit l'effort de rattraper l'inconnue, sans la brusquer pour autant, avant de se poser juste devant elle.

« Attends ! Mon ami a quelque chose à te dire. »

Le bec du Familier se dirigea ensuite vers le principal concerné qui fit quelques pas jusqu'à l'adolescente, son violon toujours dans ses mains. Il cligna des yeux, hésitant quant à la démarche à suivre. Que devait-il dire ? Par quoi commencer ? Devait-il se contenter d'un 'bonjour' tout à fait banal ? Qu'aurait fait Léo, son grand frère, qui était beaucoup plus ouvert que lui ? Sans trop réfléchir parce qu'il ne voulait pas passer pour un idiot et lui faire perdre son temps, il sortit la première chose qui lui passa par la tête.

« Tu... Tu étais en train de m'écouter ? »

'Non, elle comptait les pâquerettes', se retenait de lui communiquer par télépathie Freyja qui déplorait encore le manque de charisme de son humain. Ce n'était pas sa faute, certes, tout le monde ne pouvait pas être à l'aise, mais depuis le temps, maintenant qu'il était à Sainte-Catherine et plus dans le milieu connu de sa famille, il aurait pu faire des progrès. Mais il faut dire qu'à part les membres de son club de musique et de cuisine, le Larsen avait naturellement des difficultés à aller vers les autres.

« C'est gentil... de ne pas avoir fait de bruit. Merci pour ton attention. »

Lentement et brièvement, il s'inclina un peu en avant en signe de reconnaissance. C'était toujours ce qu'il faisait après un concert, après tout, et là, il venait de finir. Ou du moins de s'interrompre. Et il ne savait pas s'il allait reprendre après. C'était à son bon vouloir, de toute manière. Ou, peut-être, serait-ce à celui de son interlocutrice si elle lui redemandait de jouer. Parce qu'il le ferait avec plaisir. Même s'il le cacherait sûrement. Parce que c'est un vilain tsundere.

« Tu ne me dérangeais pas. Est-ce que je t'ai fait... peur ? Je m'appelle Ludwig. Ludwig Larsen, je suis un Pégase de Sainte-Catherine. »

'Tu veux pas lui donner ta pointure, pendant que t'y es ?', se retint une nouvelle fois de lui dire Freyja. D'accord, c'était elle qui l'avait poussé à parler, finalement, mais ce n'était pas une raison pour lui déballer toute sa vie non plus, on ne savait jamais. De base, son amie voulait juste qu'il aille la rassurer au cas où si elle pensait l'avoir embêté. C'était uniquement dans l'intérêt du violoniste, après tout, il fallait qu'il se décoince.

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MessageSujet: Re: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptyDim 14 Oct - 17:15
Non mais c'est DINGUE ! Quel espèce de sale petit enf...
Si on le gênait, on le gênait. Voilà tout. Pas de quoi en faire tout un plat, Arthur.
Tout le monde connaît le truc, pourtant. On dit qu'on dérange et qu'on va partir, juste pour qu'on nous réponde qu'on ne dérange pas et qu'on peut rester ! C'est comme ça dans TOUS LES FILMS ! Sinon pas de scénario, pas de suite, et on arrête d'écrire là !
Écrire ? Mais qu'est-ce que tu rac...
Non mais ce que je veux dire, c'est qu'il aurait au moins pu cligner des yeux au lieu de nous regarder comme un vieux poisson dégarni.

Je ne m'en faisais pas plus que cela. Bien que n'étant pas musicienne, je comprenais parfaitement qu'on venait, d'une certaine façon, de pénétrer dans son intimité. Chose que je n'énonçai pas à Arthur pour m'épargner toute une ribambelle de blagues scabreuses. Je comprenais donc, disais-je – enfin pensais-je, qu'on avait pu se méprendre en mettant un pied dans son jardin secret. Sinon, le garçon se serait contenté de jouer dans le parc de l'école. Il avait eu envie de s'isoler et de ne jouer qu'au regard d'une nature endormie par les glaces de l'hiver. Pas d'une étrange crétine à bonnet jaune et son vicieux de chat croisé avec une jolie belette au caractère de bon gros porc.

La plénitude que m'avait apporté ce spectacle avait été de courte durée, mais j'en gardais un agréable souvenir. Ç’avait été un joli tableau sous mes yeux, ce corps fin – presque fragile – au pied d'un arbre contemplatif, et un visage angélique emporté par le mouvement de l'archet sur les cordes, là en contrebas, dans une nature certes privée de son manteau de neige, mais pourtant marquée par la forte présence de l'hiver.

Attends ! 

Je m'arrêtai pour chercher la source de cette interpellation. Devant moi se tenait un tout petit oiseau que je devinais être un familier, malgré la réflexion distinguée d'Arthur :

Bah merde alors... Un piaf qui parle !

Et de lever les yeux au ciel en soupirant, enfin vous connaissez la chanson.

Mon ami a quelque chose à te dire.

Je me retournai pour voir arriver le joli garçon aux yeux d'un bleu de glace et à la chevelure si lumineuse. Enfin, il était pas mal quoi. Mais ce dont il avait l'air surtout, c'était mal à l'aise. Un asocial, à tous les coups. A force, on apprend à se reconnaître entre nous. Je fis un sourire gêné, parce qu'il commençait à me gêner, à être gêné. J'avais les mains dans les poches, n'osant pas trop regarder son visage. « On dirait celui d'un ange » m'avoua Arthur, tout subjugué qu'il était.

Tu... Tu étais en train de m'écouter ?

Je souris un peu plus encore. Ces petites maladresses que pouvaient avoir les personnages timides m'amadouaient. Ça avait quelque chose de mignon, d'innocent. Une pureté d'enfant, que la plupart des gens perdait en grandissant. Pas tous.

Bah ouais, je... Enfin oui, oui, bafouai-je à mon tour, en me rendant compte que je n'étais pas si à l'aise que cela en présence d'inconnus.
C'est gentil... de ne pas avoir fait de bruit. Merci pour ton attention.
Non c'est... c'est normal, me contentai-je de rétorquer, pour ne pas avouer que je n'étais pas seulement en train de l'écouter, mais de le regarder aussi. Il y avait une harmonie merveilleuse entre son physique, son apparent caractère et la douceur de sa musique. Le tout m'avait, en quelques secondes, chamboulé plus que je ne le croyais. Mais ça, je préférais le taire sous des tonnes de honte.

D'autant plus que la brève révérence à laquelle j'eus droit renforça le malaise de la situation. Je ne méritais clairement pas tant d'hommage. Pourtant je souris plus encore. Ce garçon était bien trop mignon. Comme un petit chiot. Ce qui m'encourageait à ne pas le connaître d'avantage, de peur de briser la douce image que je me faisais de lui. Un chiot c'est mignon, mais en creusant un peu, on se retrouve à ramasser ses cacas sur le tapis et à jeter les vêtements avec lesquels il a fait ses dents. La situation est certes très imagée, mais on comprend où je veux en venir.

Tu ne me dérangeais pas. Est-ce que je t'ai fait... peur ?
Peur ? Non...

Je fronçai un peu des sourcils. Peur... pourquoi peur ? J'avais juste trouvé le message assez clair. « Casse-toi, intruse ». Apparemment, il y avait mésentente sur l'interprétation d'un corps et un regard figés dans ma direction, sans un son, pas une seule note.

Je m'appelle Ludwig. Ludwig Larsen, je suis un Pégase de Sainte-Catherine.
Il va nous déballer son pedigree ?

Le nom Larsen me fit réagir une seconde. Je l'avais déjà entendu quelque part. Mais impossible de me souvenir où. Un vieux flashback de mon enfance, ou seulement un nom trop répandu à l'école ? Peut-être un cousin au second degré par alliance de second mariage d'une belle-tante remariée. Chez les Sorciers, tout tournait autour de la famille. Ce qui, dans certains cas, pouvait lancer d'affreuses rumeurs. Ou dans d'autres cas, comme ici, laisser le malaise planer jusqu'à en devenir plus malsain que gênant : est-ce que je pouvais continuer de louer son charme qui m'envoûtait, ou est-ce que je mettais un pied dans la zone d'inceste ? Impossible de le savoir, malheureusement, sans ressortir l'arbre généalogique de ma famille. Un livre qui devait bien rivaliser avec la Bible des humains, en terme d'épaisseur.

Un dernier sourire gêné, parce qu'il avait été sympathique, et que je ne m'étais pas conduite de la meilleure des façons.

Désolée de m'être invitée comme ça. Ce n'était pas très respectueux, je n'aurais pas du. Moi c'est Billie, Faune. Faune, c'est ma classe, pas mon nom. Alors tu... Je baissai les yeux, sentant mes joues rosir. Tu vas retourner jouer ?
Tu veux pas lui rejouer un morceau ? intervint Arthur pour mon plus grand désarroi. Elle est pas au top de sa forme aujourd'hui. Regarde donc ces petits yeux de chien abandonné. Elle est toute triste parce que...
La ferme, Arthur ! Ne l'écoute pas, il aime me mettre mal à l'aise.
Si tu te démerdes assez bien, elle dansera autour de toi comme une vieille hippie sous acide.
Non... ça n'arrivera pas. Excuse-le. Enfin excuse-moi. Enfin... excuse-nous. On n'est pas de très bonne compagnie.

Un dernier sourire, au coin des lèvres, peut-être pour essayer de l'attendrir. Qu'est-ce que je cherchais à faire finalement, là ?
Plop.
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MessageSujet: Re: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptySam 10 Nov - 19:50
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Il aurait peut-être dû parler davantage pour tenter de la mettre plus à l'aise, mais c'est encore un concept avec lequel Ludwig n'est pas très doué. Avant, il aurait été du genre à ne pas savoir comment retenir l'autre et à laisser les choses se faire en regrettant intérieurement de ne pas avoir réagi. Là encore, c'était son familier qui avait dû faire le plus gros du travail, mais cette fois-ci, il avait pu saisir l'occasion pour se présenter. On lui avait toujours dit que c'était déjà pas si mal, s'il pouvait donner son nom et obtenir celui de son interlocuteurice. De cette façon, s'ils voulaient mutuellement se retrouver, c'était quand même plus simple pour la suite. Enfin, il fallait même encore compter sur Freyja là-dessus puisque le Larsen avait encore du mal à approcher les gens naturellement à cause de sa timidité, sa maladresse, et parce qu'il aurait peur de déranger, aussi. Des points sur lesquels son oiseau le reprenais souvent mais ça ne suffisait pas toujours à ce qu'il retienne la leçon. Au pire, se disait-il, si cette Billie a vraiment mieux à faire, elle trouvera un moyen de s'échapper de lui. Ce n'était pas difficile de faire faux bond à Ludwig en utilisant n'importe quel prétexte, lui qui peut être naïf parfois. La discrétion de la jeune fille lui permettait, pour le coup, d'être un peu plus audacieux même si ça se résumait à quelques mots, qui étaient pourtant beaucoup pour lui. Ses excuses, en outre, s'il ne s'y attendait pas, il ne pouvait pas dire qu'elles ne lui faisaient rien. Il voudrait lui dire que ce n'était pas à elle de le faire, qu'elle ne l'a nullement embêté dans sa performance et que, au contraire, il n'aurait pas cru attirer âme qui vive jusqu'à lui au simple son de sa musique. Maintenant que le Pégase s'était arrêté de jouer, c'est vrai qu'il ne s'était pas demandé ce qu'il allait faire après, s'il réussissait à rattraper la bleue. Il ignorait également si elle lui posait la question dans l'espoir qu'il recommence ou si ça voulait implicitement dire qu'elle pourrait l'accaparer pour lui parler, s'il ne faisait rien. Au fond, c'était comme elle le sentait, puisqu'il y pensait. S'il avait éprouvé le désir de se faire des amis, on lui avait alors conseillé de ne pas hésiter à profiter de chaque occasion pour faire plus ample connaissance avec les autres. Le moment était peut-être venu, se dit-il...
Jusqu'à ce que le familier de la dénommée Billie ne le fasse sursauter en prenant la parole. Il ne voyait pas trop ce qu'il voulait signifier en parlant de 'hippie sous acide' mais...

« S'il dit que ça peut lui faire plaisir, tu crois que tu pourrais.. ? »

Il n'y avait pas besoin de lui redire deux fois, en réalité. Ludwig comprenais peu de choses en matière de sociabilité, mais il captais quand on lui demandait de jouer, et si en plus ça pouvait raviver des émotions chez les autres, alors il était toujours ravi de mettre ses talents à contribution. S'il savait jouer du violon, il pouvait bien en faire bénéficier les autres. Il était assez confiant sur sa pratique, qui plus est, surtout qu'il avait pu s'entraîner un petit peu avant alors il n'y avait pas cette gênance du moment où il devait faire attendre son auditoire en s'accordant et en testant la flexibilité de ses doigts : c'était essentiel de faire ça, bien sûr, mais Ludwig avait son côté impatient quand il avait vraiment envie de jouer.

« Mais... Qu'est-ce que je pourrais lui jouer ?.. Une gavotte ? Ou... Ou un menuet, peut-être...
- Roooh, on s'en fiche ! Joue un truc joyeux ! Tu l'as entendu, l'autre ? Il faut lui remonter le moral ! »


Paradoxal de déjà faire appel au blondinet pour ça alors qu'il était bien le dernier pour s'occuper de ce genre de cas, mais bon, si c'était la musique qui pouvait la faire aller mieux... Alors il imaginait qu'il pouvait faire quelque chose pour elle. Il lui fallut un peu de réflexion pour décider de ce qui pourrait lui jouer. Son répertoire ne se constituait pas uniquement de musiques tristes (contrairement à ce qu'il aimait bien dire), mais puisqu'il aimait les rythmes plus lents qui lui laissaient du temps pour souffler, il ne connaissait pas énormément d'airs dynamiques par cœur. Toutefois, en laissant son regard bleu glace divaguer sur la neige aux alentours, il trouva enfin une idée.

« J'ai peut-être ce qu'il faut. »

Il sourit très doucement, son envie de faire de la musique ayant pris un peu le pas sur sa timidité. Sans en révéler plus sur le moment à la jeune Faune, il replaça son violon sur son épaule et déposa son archer dessus. Marquant un temps de pause où il se concentra pour être sûr d'être placé de telle sorte à produire un son correct. Puis, il laissa ses yeux rivés sur ses doigts avant de commencer à jouer. Printemps de Vivaldi. Des Quatre Saisons, le plus logique aurait été de prendre l'hiver, sûrement, pour aller avec le moment présent, mais il préférait établir un contraste en même temps de prendre un air connu et vivant qui pourrait enthousiasmer davantage Billie. Cette dernière était libre de danser ou non, mais les couleurs qui reprirent devant sa vision, elles, ne se gênèrent pas pour le faire. Elles apparurent les unes à la suite des autres pour lui offrir un ballet comme tout à l'heure, et il se mit à espérer secrètement que l'adolescente en fasse autant si elle le désirait.

« Je ne sais pas comment danse une 'vieille hippie sous acide', mais si tu sais faire quelques pas, ce serait du plus bel effet pour l'accompagner. Quand penses-tu ? »

Comme d'habitude, si lui n'était pas très bavard, Freyja pouvait être une vraie pipelette. Posée à terre, elle avait levé sa tête plumée en direction de la Faune pour s'adresser à elle, curieuse de savoir la réaction de son Sorcier si elle se décidait à mettre ses sons en mouvement. Mais après tout, rien ne l'obligeait. Elle croyait seulement que, si cette 'petite' avait le rythme dans la peau, alors elle pourrait sûrement créer quelque chose avec le musicien.

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MessageSujet: Re: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptyMar 13 Nov - 23:24
Gagner sa pitié, peut-être était-ce là ce que je souhaitais. Voilà la seule manière de me faire apprécier. Voilà comment je tentais de le faire rester près de moi. Je ne pouvais compter sur ma sympathie, ni mon entrain. Je n'avais plus vraiment d'énergie à partager, rien que ma morosité. Tout ce qui avait fait de moi ce que je croyais être avait volé en éclats bien des jours plus tôt, lorsque j'appris que malgré toute la confiance que je me portais, je n'étais pas le genre de personnes auquel on pouvait véritablement s'attacher. L'abandon. Comme un simple acte avait su me parler plus que n'importe quel discours. C'eut l'effet d'un triste miroir. Reflet de mon inutilité. Contingence d'une existence. Je n'avais pas su offrir ce qui se devait d'être important : moi. Je n'avais pas su me rendre importante. Je n'avais pas su m'importer. Qu'importe.

–  J'ai peut-être ce qu'il faut.

Il sourit, peut-être pour la première fois. Je le lui rendis. Son visage possédait un éclat qui avait un don tout particulier, celui d'adoucir mes maux. A sa seule vue, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine culpabilité, celle d'imposer à cette douceur l'amertume de mon cœur. De bien jolis mots pour dire que je ne me sentais pas à ma place. Arthur aurait plus simplement dit que je craquais pour le minet, ce qui n'était pas foncièrement vrai. Ce n'était pas ce que je cherchais, m'enticher de quelqu'un.

Ludwig avait cette particularité propre à certains musiques, et plus généralement à certains artistes : celle d'adopter une sorte de double personnalité. Il y avait la personne sociale, souvent mal à l'aise, réservée, en décalage avec le monde qui l'entourait ; et il y avait l'artiste, celui qui s'exprimait, en pleine de confiance, à travers un langage qui lui était propre. Je connaissais cela de Louis, et je le contemplais maintenant à travers tout Ludwig. La posture de ses épaules, les traits de son visage, la portée de son regard et même le rythme de sa respiration, le changement s'opérait en même temps que l'archer approchait son crin des cordes silencieuses.

Je reculai de quelques pas, pour mieux profiter. Et la musique résonna.

Je devais le confesser, le choix m'avait plus que surprise. Un air très connu, mais dont j'étais incapable de retrouver ni le nom ni le compositeur. Si je m'intéressais beaucoup à la musique ou à la littérature, c'était des œuvres contemporaines et actuelles dont j'étais la plus proche. Les vieux classiques ne m'évoquaient pas grand-chose d'autre qu'une certaine froideur académique. Je n'étais cependant pas insensible, et parvins même à me laisser porter, et toucher.

Ce qui n'était pas le cas de tout le monde.

Oh merde alors ! Cette ringardise ! Et la Marche Turque tant qu'on y est !
Euh... Je ne trouvais pas mes mots, face à ce qui semblait être une loutre drôlement cultivée, bien que la musique qu'il mentionnait ne comprenait, je crois, aucun violon. C'est pas... ringard.
C'est ringard. C'est putain de ringard. C'est bordel à cul de putain de carrément trop méga ringard. De sa mère.
Mais arrête... On juge pas un musicien qui nous partage son univers. Si les classiques c'est son truc...
C'est pas classique, c'est baroque.
Et puis merde hein, voilà.

Avec toute cette agitation dans ma tête, je n'avais pas prêté la moindre attention au familier du jeune Pégase qui s'était approché pour s'adresser à moi, lui aussi. Je dus difficilement déchiffrer ses paroles, puisque Arthur tentait vainement de parler plus fort que lui. C'était comme la beauté d'un repas de famille le dimanche, quand chacun veut faire entendre sa voix par-dessus les autres. Sauf que ça se déroulait dans ma tête.

Je ne sais pas comment danse une 'vieille hippie sous acide', mais si tu sais faire quelques pas, ce serait du plus bel effet pour l'accompagner. Qu'en penses-tu ?
C'est ça, va nous faire quelques pas de danse baroque ! T'auras pas du tout l'air conne !

Je souris doucement au petit oiseau avant de m'accroupir près de lui. Je ne voulais pas donner raison à Arthur, et pourtant la vérité sort souvent de la bouche de ceux dont on ne veut surtout pas l'entendre. Je n'étais vraiment pas faite pour danser là-dessus. Ce qu'il me fallait, c'est une musique qui emporte, qui voyage. Des notes aériennes et libres. Libres des règles de l'écriture ou des fioritures. Je ne recherchais pas de mélodie, je ne désirais qu'un état d'esprit. Une atmosphère. Une ambiance. Un sentiment sculpté à travers le son. Enfin, je voulais bien des choses que moi seule parvenais à comprendre. Tout était trop fouillis dans ma tête.

Je suis désolée, euh... – je ne connaissais pas son nom – enfin désolée... Je n'ai vraiment pas la tête à danser. J'ai juste envie de... pfff...

J'enfouis ma tête dans mes genoux pour pleurnicher. Qu'est-ce que cela pouvait faire du bien. C'était libérateur. Et peut-être Ludwig, à l'aide de sa musique – aussi entraînante et joviale fut-elle – n'y était pas étranger. Je l'en remerciais.
Plop.
Billie Barrett
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MessageSujet: Re: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptyLun 19 Nov - 13:03
PostRPLudwig


&
Les ermites de Pachelbel
Freyja haussa les épaules. Bah, si elle voulait pas danser, finalement, qu'est-ce qu'elle y pouvait, de tout manière ? Elle avait juste compris qu'elle aimait ça, mais bon, peut-être qu'elle est de ces personnes qui ne savent pas apprécier un classique de Vivaldi. Enfin, peu importe, au fond, elle savait que son Sorcier faisait de son mieux et que, lui, prenait plaisir non seulement à jouer pour d'autres mais aussi à produire des sons aussi légers et connus qu'il arrivait à mémoriser sans partitions, car c'était un exercice plutôt difficile, en général. Il avait eu beaucoup de mal à se passer des notes devant lui mais les couleurs qui dansaient devant lui quand il jouait aidait déjà à s'en rappeler. On lui avait demandé parfois si ce n'était pas un peu handicapant, d'avoir quelque chose devant les yeux, mais il a toujours vécu avec alors ça ne le dérange pas. Au contraire, ne plus avoir ces touches colorées lui ferait bizarre, à présent, car ça lui permet d'avoir un peu plus de justesse avec son instrument. Il était d'ailleurs tellement concentré sur sa musique et sur le fait de donner le meilleur effet pour remonter le moral de la demoiselle qu'il ne faisait plus attention à ce qu'il entourait. Heureusement, son Familier, surprise de voir tout à coup la jeune fille se mettre à sangloter, vola jusqu'au Larsen pour l'interpeller. Elle se posa directement sur les cordes du violon et battit des ailes pour attirer l'attention du blondin. Ce dernier, curieux, suivit la direction que son amie pointa -c'est-à-dire vers Billie- et en voyant le drôle d'état dans lequel elle se trouvait à présent, s'arrêta progressivement. La tête dans les genoux, la nouvelle venue repliée ainsi sur elle l'inquiéta tout à coup. Embêté, il crut que ses sons étaient en réalité peut-être plus tristes qu'il ne le pensait. Son but avait été de jouer un morceau joyeux, mais il est vrai qu'il était aussi un habitué des mélodies tristes alors peut-être qu'il a changé de rythme sans le savoir de telle sorte à ce qu'il ait fini par jouer quelque chose d'un peu moins gai ?..

« Je.. Désolé, je ne connais pas beaucoup de musiques contemporaines. »

Baissant la tête, un peu honteux, c'est tout ce qu'il put dire à la bleue pour le moment, ignorant quoi dire ni quelle était la nature du problème exactement. On lui reprochait souvent de ne pas jouer de musiques plus modernes, mais en vérité, et un peu égoïstement, il s'en fichait bien. Il jouait avant tout pour le plaisir de ses propres oreilles ; jouer pour celles des autres était un bonus non négligeable qui lui plaisait bien mais il n'irait pas subir chaque caprices pour ensuite qu'on lui dise que c'était 'de la musique de vieux'. Enfin au moins, Billie ne lui avait fait aucune remarque sur ce sujet, alors peut-être que ça ne la dérangeait pas tant que ça -quoiqu'il croyait avoir vaguement aperçu l'espèce de loutre faire une grimace mais peut-être s'agissait-il de son imagination- ou du moins, si elle n'était pas fan, elle n'en avait rien dit, il aimait le respect dont elle faisait preuve.

« Est-ce que... Est-ce que ça va ?.. »

Il ne pouvait pas dire que la voir comme ça l'indifférait, ce serait un mensonge. Surtout qu'ils étaient plus ou moins seuls et isolés, alors il se sentait légèrement plus à l'aise que s'ils avaient été à l'école. Il se permettait d'être plus détendu, surtout que l'état actuel de la jeune fille perturbait son habituelle expression de glace. Parce que Ludwig, s'il demeurait parfois très stoïque, ressentait quand même un peu de peine pour la Faune. Doucement, le violon dans une main, l'archer dans l'autre, il fit quelques pas en sa direction.

« T-Tiens, j'ai des mouchoirs, si tu veux. C'est la période des rhumes en ce moment, alors... J'en ai toujours un peu sur moi. »

Il s'accroupit pour se mettre à sa hauteur et sortit tout à coup de sa poche lesdits mouchoirs qu'il trimbalait toujours sur lui. En vérité, cela lui servait aussi à nettoyer son violon quand il y avait trop de colophane dessus, mais puisqu'il était le seul de sa chambre à venir d'un pays habitué au froid, en période hivernale, c'était celui qui avait le moins de mal à supporter les mois de décembre à février. Ce n'était pas qu'il n'attrapait jamais de rhume non plus, mais il y était moins sensible que certains de ses camarades. Peu sociable, prêter des mouchoirs était banal mais ses frères lui avaient maintes fois conseillé des petits gestes de ce genre pour se rapprocher de d'autres personnes. Et puis les mouchoirs, ça pouvait toujours servir, de toute façon.

« Tu... Tu voulais peut-être que je te joue autre chose ?.. Je... Je ne voulais pas... Enfin... »

Embêté, il se massa l'arrière de la nuque, n'osant pas la regarder directement et laissant donc ses yeux bleus dériver sur le côté. Freyja, quant à elle, s'était posée juste à côté d'eux et encouragea son compère à dire ce qu'il avait sur le cœur, ou n'importe quoi qui pourrait aider Billie.

« … Tu veux en parler ? »

Hésitant, s'il était peu sûr de son coup, il se doutait néanmoins que quelque chose troublait peut-être la nouvelle venue et qu'elle avait probablement peu d'aide à disposition dans sa vie de tous les jours.

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MessageSujet: Re: Les ermites de Pachelbel [PV Billie] Les ermites de Pachelbel [PV Billie] EmptyMar 20 Nov - 11:39
Je voulus cacher mon visage dans mes bras, mais c'était peine perdue. L'on pouvait entendre mes sanglots me posséder comme une démente. Et plus je me concentrais pour les faire cesser, plus ils reprenaient avec violence. Sous un bonnet jaune et une nouvelle frange bleue, c'était le désespoir qui s'incarnait en moi. La solitude ne m'avait jamais fait de mal. Mais je l'avais délaissée quelques temps, et aujourd'hui elle se vengeait. J'avais parfaitement l'air ridicule, et en avais conscience. Recroquevillée là à me lamenter sans raison apparente. Un caprice puéril, et un profond manque de respect envers celui qui m'avait autorisée à pénétrer dans son doux univers.

Est-ce que... Est-ce que ça va ?
Désolée... tentai-je de répondre, mais les sons restaient coincés dans ma gorge. Alors je me contentai de secouer la tête pour signaler que non, ça n'allait pas.

Arthur était étrangement devenu muet comme une loutre, une vraie loutre j'entendais. C'était un comportement bien peu familier que je remarquai chez lui déjà plusieurs fois depuis que j'étais retournée à ma solitude habituelle. D'ordinaire, que je ris ou pleure, que je me lamente ou hurle de joie, il est là pour râler. Il est là pour m'insulter, insulter la personne en face, insulter mon père, ma mère, son frère qui n'existe pas, et même ta famille à toi. Mais le départ de Lexa avait changé quelque chose en lui aussi. Maintenant lorsque je me sentais mal, il se taisait et me regardait. Il se contentait de me regarder. Et je lisais dans ses petits yeux un événement exceptionnel, un fait rare qui pouvait faire passer certains miracles pour de simples petits tours de prestidigitation sans intérêt. Je lisais dans ses yeux l'inquiétude, et la compassion. Arthur mon familier, se faisait du souci pour moi. Cela durait deux secondes, peut-être trois. Une fois, je crus même qu'il réussit à tenir jusqu'à cinq secondes. Ensuite, il redevenait ce bon vieux sac à merde.

C'est qu'il était très en colère, Arthur. Selon lui, pour me faire souffrir, il fallait obligatoirement ou être lui, ou lui demander une dérogation spéciale. Je l'avais déjà surpris, la nuit, en train de comploter autour de sa vengeance sur l'albanais si celui-ci avait prévu de revenir. Je lui rappelais l'existence de Jasper, et il finissait par se calmer. Il existait une histoire entre eux qui relevait du mystère le plus absolu. J'en riais, bien souvent, à imaginer cette petite boule de poils être la seule force au monde à créer une si grande terreur chez Arthur. J'aurais aimé connaître son secret.

T-Tiens, j'ai des mouchoirs, si tu veux. Je relevai la tête, car la voix du violoniste était bien plus proche qu'auparavant. Je ne l'avais pas vu s'approcher, trop absorbée que j'étais à me morfondre sur moi-même. C'est la période des rhumes en ce moment, alors... J'en ai toujours un peu sur moi.

Je souris du coin des lèvres en baissant les yeux. J'avais honte de me montrer dans cet état, mais étais particulièrement touchée par le soin que mettait Ludwig à me tendre une main amicale, avec cette douceur que j'avais entendu entre les cordes de son instrument. Et voilà qu'il s'accroupissait en face de moi, d'égal à égal, comme pour me dire que je n'avais rien à craindre, qu'il ne me jugeait pas. Je n'aimais pas les jugements. S'il était resté debout, ç'aurait été pour me toiser avec une condescendance bien écrasante.

Je m'essuyai les yeux et le nez en reniflant bruyamment. Ayant laissé l'élégance quelque part sur ma table de chevet, avec ma bonne humeur et ma dignité, je ne cherchais pas à faire bonne impression auprès de ce joli Pégase. C'était peine perdue désormais, il avait vu cette facette que je cherchais ardemment à cacher aux yeux des autres. Il avait vu ma faiblesse, celle de m'être attachée à autrui. Alors que, pour le reste du château, j'étais cette fille en bleu et jaune qui vit seule avec sa loutre. Celle qui passe son temps allongée dans l'herbe à rêvasser, un casque audio sur les oreilles. Celle qui n'a pas d'ami et ne noue aucun lien. La bizarre qui vit dans un monde à des milliards de lieux d'ici. Si maintenant on apprenait que cette fille-là, elle pleurait à cause d'un autre individu. C'est le monde à l'envers.

Tu... Tu voulais peut-être que je te joue autre chose ?.. Je... Je ne voulais pas... Enfin...

Et de nouveau cette honte. Je m'étais imposée à ce jeune homme, lui qui était venu jusqu'ici chercher sa tranquillité. Il avait cherché à me faire plaisir, à me proposer une musique joyeuse et entraînante et cela m'avait tant fait chaud au cœur. Et pourtant, je ne lui avais montré que la pire des formes d'irrespect existante. Je ne m'étais tournée que vers moi-même et avais agi en égocentrique, à pleurer sur mon sort pour quelque chose qui, je le savais, n'était pas un tel drame, et ne valait pas la peine que je finisse dans ce pitoyable état.

Mais même un enfant qui monte pour la première fois sur un vélo, et qui chute, et chute, et chute, va finir par pleurer. Ce n'est pourtant pas bien grave, ce n'est qu'un vélo. Oui, mais c'était sa première fois en vélo.

–  … Tu veux en parler ?

Le voulais-je, Billie ? Bonne question.

Je souris, toute reconnaissante que j'étais que cet inconnu fasse un tel effort envers moi. Et honteuse, toute gênée que j'étais que cet inconnu fasse un tel effort envers moi.
 
C'est gentil, Ludwig... Mais je crois t'avoir déjà bien assez embêté. Pardon de t'avoir interrompu... deux fois. Je ne suis simplement... pas adaptée pour les relations sociales, je crois. C'est comme si... on m'avait tendu la main pour me sortir de l'eau, m'empêcher de me noyer, tu vois ? Et qu'une fois que je pensais être sauvée, on me relâchait. Et là je... je recommence à me noyer.

Pourquoi restait-on accroupis dans cette neige épaisse, comme deux enfants en train de fomenter leur prochaine bêtise ? C'était agréable. Il y avait une proximité étrange entre nous qui se créait grâce à cette posture, alors même que nous étions deux parfaits inconnus avec, je crois en tout cas, bien peu de points communs.

Je souris encore un peu. C'était un exercice difficile mais pourtant pas hypocrite, ni forcé. J'avais envie de lui montrer que sa bienveillance me mettait du baume au cœur.

T'occupe pas de moi, va ! Fais ce que tu avais à faire, je t'ai déjà fait perdre bien trop de temps.
Tu fais perdre de temps à personne, BB. C'est toi qui perds le tien à t'intéresser à eux.
Laisse tomber, Arthur.

Mes yeux encore humides, exaltant leur couleur azure, restaient figés sur le visage de Ludwig. Chose qui pouvait mettre bien des gens mal à l'aise. Mais son visage me fascinait par cette étrange douceur glaciale, comme si les émotions avaient du mal à s'y incruster. Et puis il était beau, ça ne servait à rien de le cacher. Jusqu'à ce qu'Arthur me tape la cuisse. Je le regardais détourner la tête ailleurs, comme s'il avait honte de quelque chose.

Arrêêêêête, me fit-il en parlant entre les dents pour être discret, ce qui était parfaitement ridicule puisqu'il parlait par télépathie et ne prenait plus la peine de privatiser la conversation. C'est la honte, putain... poursuivit-il en murmurant, du moins comme on peut faire semblant de murmurer par télépathie.
Plop.
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