* Mon frangin est assez gourmand, comme moi d’ailleurs ! Il est particulièrement friand de chocolat, sous n’importe quelle forme, bien qu’il ait une préférence pour les cookies avec pépites ! Il était d’ailleurs adorable quand son visage était tout barbouillé enfant. Mais je m’égare je crois ~

* Depuis toujours, il a beaucoup de facilité avec les animaux, les créatures magiques et les familiers. On pourrait presque l’appeler l’homme qui murmure à leurs oreilles. Je pense personnellement qu’il a un vrai don, il suffit de voir à quel point les bestioles de toute tailles et de toutes espèces s’approchent facilement de lui et semblent apprécier sa compagnie. C’est très mignon comme don, je suis un peu jalouse !

* C’est une vraie calamité en Métamorphose. Même si je soupçonneuse plus une peur de faire mal à son familier qu'une réelle nullité dans ce domaine. Enfin, parfois il m'arrive d'en douter quand même... Et il n'est pas non plus très sportif, ce qui fait qu'il n'est pas très bon en éducation sportive non plus. Sauf quand on monte des Pégases, là il bat beaucoup de monde, dommage qu'il doive se farcir d'autres sports qui l'empêchent d'être le meilleur sportif de l'école.

* Bien entendu, à contrario, il excelle en Soins aux Créatures Magiques. C’est une vraie encyclopédie vivante concernant ces dernières. Si vous avez une question et que vous n’osez pas la poser au prof, c’est à lui qu’il faut demander. Je sais néanmoins qu’il a une préférence pour les Pégases et les Licornes, il aime bien les chevaux faut croire.

* Il a la fâcheuse habitude de perdre ses affaires. Il n’est pas rare qu’il quitte un cours et qu’il doive y retourner précipitamment au bout de quelques mètres après s’être rendu compte qu’il avait oublié quelque chose. Un livre, son sac ou même son familier... Yang le boude toujours pendant plusieurs heures quand ça arrive, c’est que cette adorable bestiole est assez susceptible mine de rien.

* En parlant de livres, mon frère adoooore lire. Il a toujours des bouquins sur lui, que ce soit dans son sac, dans ses mains ou dans son lit. Il en emprunte très souvent à la Bibliothèque ou alors il les a ramené du Manoir. Toutes sortes de livres, traitant de toutes sortes de sujets. A vrai dire, il m'est impossible de vous en faire la liste tant il se disperse. Je me demande comment il fait pour ne pas s'embrouiller avec toutes ces catégories. En tout cas, évitez de le lancer sur l'un d'eux, vous risquez de vous noyer dans un discours interminable vantant ou critiquant le bouquin en question. Enfin, il est quand même mignon mon frangin quand il est passionné.

* Je crois que mon cher frère est au courant que les Templier servent notre famille depuis longtemps, mais il n'en parle jamais. En même temps, j'ai l'impression qu'il désapprouve complètement la domestication humaine même volontaire donc ce n'est pas étonnant. Après tout, il a tenu tête à Père quand ce dernier a essayé de lui imposer une domestique. Et il fait toujours la tête quand on aborde le sujet devant lui. Ah si seulement il savait...


La famille Sinclair existe depuis très longtemps. C’est du moins ce que j’ai retenu des cours d’histoire familiale enseignée par mon père. Rarement entendu quelque chose d’aussi solennel, pompeux et surtout barbant. Même ma sœur qui est pourtant bien meilleure fille modèle que moi avait l’air de s’ennuyer. Enfin, je ne pense pas que ça vous intéresse vraiment de savoir qu’on s’est retenus de bailler – ou qu’on l’a fait discrètement – pendant des heures. Ce qui est intéressant, c’est de vous résumer cette histoire familiale et donc en quelque sorte ma propre histoire.

Si j’ai bien compris, mes ancêtres qui remontent vraiment à de lointaines générations ont toujours vécu sur les terres anglaises. D’après mon père, on serait une des Grandes Familles les plus anciennes d’Europe - et peut-être même du monde d’après lui, oui il est terriblement arrogant -, sans qu’il y ait jamais eu de migration ou de changement de territoire. J’ignore toutefois si c’est vrai ou si c’est une forme de propagande instaurée par nos ancêtres. Si ça se trouve, on vient d’un pays lointain ou alors d’Irlande. Enfin, je suppose que ce n’est pas important. Mes origines ne m’intéressent pas vraiment, ni même le passé. Le présent et l’avenir voilà ce qui est important, mais bien sûr je suis le seul membre de ma famille à être de cet avis. Ou alors les autres n’osent pas le dire tout haut comme moi.

Vous l’aurez compris, les Sinclair ont toujours été une des Grandes Familles depuis la création de ces dernières. Cependant, j’ai oublié le nom du premier de mes ancêtres qui a porté le titre de chef de la Famille Sinclair. Ce qui ne serait pas du tout au goût du paternel s’il l’apprenait, vous pouvez me croire. Mais comme on se fiche de son avis, ce n’est pas très important, n’est-ce pas ? Aujourd’hui nous sommes encore une des plus grandes et influentes Grandes Familles d’Europe. Voir du monde, mon père insiste beaucoup là-dessus, mais je pense que c’est plus de la vantardise que la vérité. J’ignore ce qui est vrai cependant, je n’ai pas assez voyagé pour le savoir. D’après l’histoire familiale, les enfants Sinclair doivent rester sur le territoire familial – oui on aime beaucoup ce mot chez nous, probablement pour faire croire qu’on est une famille unie et patati et patata – jusqu’à leur majorité. Vous vous demandez donc sans doute comment ça se fait qu’Amy et moi soyons partis pour Sainte Catherine. Et bien, c’est là que commence réellement notre histoire.

Notre mère, Lise, était une bourgeoise française. Elle ne venait pas d’une Grande Famille comme notre père, Ayden Sinclair, mais apparemment il y a de la politique derrière leur mariage. Je ne saurais pas vous l’expliquer, tout cela me dépasse. Si j’ai bien compris, ce qui n’est pas sûr, la famille de maman avait un territoire que la nôtre convoitait pour une raison ou une autre. Un mariage de convenance fut donc arrangé entre la fille aînée française et l’héritier anglais. Je ne sais pas vraiment ce que les deux partis ont gagné avec ce mariage et je ne le saurais probablement jamais. De toute manière, ce n’est pas très important. Ce qui l’est davantage, c’est que mes parents ne s’aiment pas vraiment, en tout cas ils ne le montrent jamais. Je sais que maman nous aime, Amy et moi, mais elle n’est pas non plus la mère des plus présentes et des plus affectueuses au monde. Ce n’est probablement pas sa faute, c’est probablement plus l’éducation très stricte des Grandes Familles, du moins de la nôtre, qui veut ça. On a été plus élevés par notre nourrice et notre père que par maman.

Néanmoins, je me rappelle que quand nous étions petits, il lui arrivait de nous lire des histoires, de nous laisser grimper sur ses genoux et de nous câliner tendrement quand père n’était pas dans les parages. Je chéris ces rares souvenirs que je garde précieusement dans ma mémoire. Aujourd’hui, mère est beaucoup plus distante, même si je pense qu’elle nous aime toujours autant. Mais comme nous serons bientôt majeurs, elle ne peut pas se permettre de nous traiter comme des enfants. Je le comprends, mais parfois ces moments de tendresse me manque. Parfois, j’aimerais redevenir un gosse ordinaire qui aime les histoires qu’on lui raconte, qui peut se permettre d’avoir et de donner de l’affection sans que cela ne froisse les convenances et qui peut pleurer dans les bras de sa mère après un cauchemar ou une journée difficile...

Je m’égare, je crois. Mon histoire n’est pas très passionnante, vous savez. Notre naissance à Amy et à moi a été plutôt compliquée. Nous avons tout de suite été pris en charge par l’équipe hospitalière, puis par notre nourrice sans que maman ait pu vraiment profiter de nous. Très vite, dès nos premières années, notre père nous a éduqués de manière très sévère. Des précepteurs nous ont appris ce qu’un héritier et une héritière devaient savoir pour tenir leur rang. La plupart du temps j’étais séparé de ma jumelle pour ces leçons souvent barbantes. Je savais qu’on allait être moins sévère avec elle qu’avec moi. C’était moi, le fils, qui allait devoir prendre les rênes des Sinclair plus tard. Il était donc certain que mon père et mes précepteurs ne laisseraient rien passer.

Les rares moments de répit que j’avais, je les partageais avec ma sœur, ma mère quand cela m’était permis ou avec les Pégases de l’écurie familiale. Je devins rapidement ami avec une femelle en particulier et quand elle mit bas je suppliai mon père de me donner son poulain. C’est ainsi que Snow devint mon plus fidèle compagnon. Quand je volai sur son dos une fois qu’il fut en âge de voler et de porter quelqu’un sur son dos, j’oubliai tous mes soucis et mes craintes. Ces moments ne duraient bien longtemps, mais ils me permirent sans doute de tenir le coup malgré la sévérité et le manque de liberté qui régissaient mon quotidien.

Un jour, Père nous convoqua dans son bureau Amy et moi. Apparemment, maman lui avait demandé de nous inscrire à Hortensia une école de magie française de très bonne réputation. Elle qui se souvenait de ses origines se rappelait très bien de cette école et estimait que cela pouvait nous apporter que du bien. De manière inattendue, Ayden Sinclair donna son accord, même si on eut droit à un sermon de sa part. On avait intérêt à être irréprochables, non seulement pendant les cours, mais également en société. Je me retins de lever les yeux au ciel et imitai ma sœur en promettant que je le serais. J’étais prêt à tout pour échapper un peu à mon quotidien habituel, le même depuis de longues années maintenant.

Bien sûr, vous vous doutez que ma rentrée se fit avant que Benjamin Leroy eut l’excellente ou la très mauvaise idée suivant le point de vue de permettre aux sorciers d’entrer à la future Sainte Catherine. J’entrai donc chez les Faunes en compagnie de ma sœur qui montra autant son excitation que moi pour une fois. Il ne se passa rien d’exceptionnel pendant cette première année. Autour de nous, il n’y avait que des magiciens et des magiciennes provenant de familles souvent tout aussi illustres que la nôtre, même si certaines l’étaient un peu moins comme celle de maman avant son mariage. Néanmoins, cette nouvelle semi-liberté me plaisait. Je n’avais plus père sur le dos et je pouvais enfin souffler malgré les cours et la bonne tenue en société que je devais en permanence adopter.

Et puis, ce fut le cataclysme. L’annonce du Directeur d’accepter les Sorciers fit grand bruit. Autant vous dire que mon père n’apprécia pas du tout cette décision, lui qui semblait tant détester et mépriser pour des raisons qui m’échappaient la race qui nous était opposée. Enfin, les humains avaient droit au même traitement de sa part apparemment. Je ne sais pas pourquoi ou plutôt comment on fut autorisé à rester à Sainte Catherine, Amy et moi. Père avait-il besoin d’espions ? Mère avait-elle réussi à le raisonner ? Nous testaient-il ? Je ne le sus jamais et probablement que je ne le saurais jamais. Cela m’est égal. Ce qui est important c’est que j’ai encore un peu de répit jusqu’à la fin de ma scolarité. Après... J’ignore ce que mon avenir me réservera. Il est cependant sûr que je suis assez grand maintenant pour m’opposer à lui et que je n’ai plus peur de lui dire ses quatre vérités. Je suis l’ami des sorciers et je n’ai aucune honte à l’avouer.