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Hell is round the corner where I shelter.
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MessageSujet: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. EmptyLun 28 Mai - 10:32
Clara Ragnarsdóttir
ft. Hana de ctchrysler

• Âge : 19 ans

• Espèce : Magicienne

• Nationalité : Islandaise

• Situation familiale : Enfant unique. Très proche d'une certaine Laurène. Orpheline selon ses dires, ses parents, à la tête d'une secte extrémiste, sont emprisonnés à vie pour le meurtre de plusieurs dizaines de Sorciers.

• Groupe : Dragon

• Familier : Gomorrhe, un dragon du Komodo de près de trois mètres de long. Il est en réalité le familier de son père, que ce dernier a magiquement lié à Clara, grâce à un rituel, pour la surveiller.

• Objet Magique : Aucun

Caractère

Si les émotions étaient des couleurs, je serais une grande peinture faite de centaines de celles-ci. Pas les stries rectilignes d'un arc-en-ciel, mais le chaos d'une toile tâchée. Souillée par chaque nouvelle nuance venant y faire sa place.

C'est comme si rien ne l'atteignait. Une âme absente, qui ne fait qu'observer le monde. Clara erre, dans une routine qui la maintient présente. Les plaisirs de la vie n'ont aucun goût, ils ne sont qu'une provocation. Un appel à l'aide, peut-être. Dépasser les limites, pour la seule impression de se sentir pleine de vie. Si nombreux sont ceux qui pensent la connaître, elle, le nom de l'ignominie. Si peu s'y intéressent.

La complexité d'un caractère aux milles facettes, d'un esprit trop vieux dans un corps trop jeune, d'un débordement de trop-vu dans un vase de rien-connu. Une peinture si saturée de couleurs qu'on ne peut plus en distinguer aucune. Et dans le reflet de ce miroir, je n'observe plus qu'une toile blanche.

Brutale, agressive, Clara est un animal sauvage placé en cage. Mais qui, ces barrières protègent-elles ? Clara n'est pas mauvaise. Elle défend le peu d'amour-propre qu'elle parvient, malgré un combat quotidien, à conserver. En s'isolant, elle se protège. Ainsi qu'en s'isolant, elle les protège. Eux, les innocents qu'elle attaque. Les proies malades que le troupeau abandonne. Celles dont on attend d'elle qu'elle les saigne à la gorge. Ses poings sont suffisamment couverts du sang et des larmes dont elle ne tire aucune satisfaction.

Je la vois vide parce qu'elle est trop pleine. Mais je la vois vide. Pas vierge, vide. Comme on y aurait étalé tant de mauvais goût, j'en aurais brossé la surface et raclé chaque trace, pour être vide. Usée et grattée, laide, inutilisable. Des lambeaux de passé arrachés. Mais préférable à cet amas de couleurs indéchiffrables.

Sarcastique, cynique, Clara est hermétique à la beauté. Le monde qui l'entoure n'est d'aucune couleur. Tout est gris et sinistre. L'espoir lui est inconnu. La fatalité est une ligne de conduite. Sa seule ligne de conduite. Le seul chemin qu'elle suit est tracé par la simple croyance que tout ce qui doit arriver arrivera, que tout ce qui est arrivé devait arriver. Et chaque existence ne récolte que le fruit, juteux ou pourri, qu'il mérite. Malgré tout, une question subsiste en elle. Une étincelle, sous des amas de cendres étouffantes, continue de luire. Faiblement, elle persiste. Pourquoi l'innocente enfant qu'elle était méritait de vivre ce que la jeune femme pleine de souillures a vécu ? Elle ne connaît qu'une réponse. La seule qui adoucit ses nombreuses plaies. Au moins si c'est elle, ce n'est pas un autre.

Chaque trait est une nuance, chaque couleur se démultiplie. Chaque union donne naissance à une nouvelle tâche. Chaque tâche s'unissant à une autre. Si bien qu'elles en deviennent infinies.

Car Clara, étrangement, est principalement faite d'une pure et profonde empathie. Aucun visage ne la laisse indifférente. Aucune peine ne la traverse sans la marquer. Ses larmes, souvent, sont celles qu'elles partagent silencieusement. Pourtant aucunement altruiste, elle n'apporte jamais son aide à personne. Dans l'ombre, elle compatit. A la lumière, elle combat. Sous l'œil lugubre d'un affreux familier aux aguets, elle répand malgré elle la parole de son héritage familial : la place du Sorcier est sous la semelle du Magicien. Pourtant elle, n'en croit rien.

Comme une tumeur, elles envahissent l'esprit torturé d'une jeune fille désemparée. Si nombreuses et si denses, que la question reste toujours en suspens : est-ce une toile très vide ou une toile trop pleine ?

Physique


Qui ne désirerait pas cette crinière ? Longue et épaisse. Au premier regard, on s'imagine déjà y glisser les doigts, l'empoigner pour simuler une illusion de domination, me tirer la tête en arrière, me demander de gémir comme une chienne. Pardon. Langage.

L'on pourrait parler d'une nature généreuse à son égard. De son corps élancé, elle surplombe une grande majorité de ses camardes. Ses jambes fuselées traversent la foule d'un pas félin. Ses hanches roulent et attirent les regards. Sa gorge, sous laquelle se dresse une poitrine discrète, se découvre à la moindre occasion. Ses cheveux tombent en une cascade d'or fondu, et fouettent l'air avec la même dureté que les traits de son visage. Sa sensualité froide, fruit de ses origines nordiques, s'impose naturellement tout autant qu'elle la travaille jour après jour.


Ils regardent les gens avec dégoût, ces yeux, parce qu'ils sont jaloux. Les autres ont des yeux innocents. Ils se torturent pour des conneries, car ça leur permet de se sentir vivants, intéressants. Ils ne connaissent pas la torture.

A bien y regarder pourtant, ce corps n'est pas parfait. Il a été délaissé, malmené. Comme on laisse la poussière s'accumuler dans la chambre d'un défunt, Clara abandonne tout ce qui est meurt en elle. Lorsqu'elle n'y prête pas attention, ses épaules sont légèrement voûtées. Ses hanches ne se dessinent que très peu et sa taille n'est pas marquée. Tout son corps est mince. Trop mince. Les phalanges de ses mains, aux doigts fins d'une ancienne prodige du piano, mais abîmés des cicatrices de trop nombreuses piqûres, sont contusionnés des incessants coups qu'elles distribuent. Ses poignets sont marqués d'un passé trop lourd à porter.  

Ils me regardent comme des animaux apeurés car ils reconnaissent le diable en le croisant, ça je ne peux le leur reprocher. J'ai les yeux de mon père, m'a-t-on souvent dit. Ils connaissent mon père. Mais ils ne me connaissent pas... moi.

Son visage se métamorphose selon ses humeurs. Gracieux lorsque, rarement, elle se sent en paix ; éblouissant quand, trop rarement, elle se met à rire de bon cœur. Ses traits secs dessinent une mâchoire carrée. Son menton en pointe, légèrement avancé, donne un relief élégant à un faciès trop souvent dénué de toute profondeur, car détaché de toute émotion. Ses lèvres charnues appellent à la passion. Mais à bien y regarder, on y remarque de légères cicatrices, des marques de morsures, de colère. Ses yeux sont bons comédiens. Ils dépeignent toutes sortes d'émotions. Des reflets de ce qu'elle ne peut se laisser ressentir. Des esquisses de la femme qu'elle serait. Les surplombent deux sourcils épais, qu'elle aime utiliser pour communiquer.


Qui a pris le plus gros marqueur pour les dessiner ? Ils en imposent tellement qu'ils effraient ! Ils rendent mon visage agressif, disent-ils. Je dirais seulement plus expressif. La notion d'agression reste subjective. Ils donnent une force de caractère. Ils sont la seule force de caractère que j'ai.

Sa peau, si elle paraît être faite de porcelaine, cache en vérité tout ce qu'est Clara sous un doux maquillage, comme des cernes d'insomnies ou la pâleur d'un teint sans éclat. Malgré tout, son charme, fruit d'une quasi-invisible mais pourtant présente fragilité, attire et séduit. Elle se fait l'objet des désirs, tel qu'elle pense devoir l'être. Rien de plus que l'objet.

Peut-être que je suis vraiment le monstre. J'accuse de piètres artistes de toucher à mon tableau, sans ne jamais rien faire pour les en empêcher. Si je ne suis pas un monstre, alors je ne suis qu'un jouet.






   
   
   

Jeremy Zuckerman - The Rules
Histoire

Les murs suintaient de la sueur des élèves surexcités tandis que l'air sentait le soufre. Un simple mot, comme une étincelle en paysage aride, pouvait tout embraser. La pierre contre laquelle elle se tenait était froide mais la moiteur de l'atmosphère lui donnait des vertiges. A son côté, elle entendait le sifflement régulier de Gomorrhe. Du bout de sa langue fourchue, le chasseur à l'affût se délectait d'un climat électrisé. Il lapait l'enthousiasme des nouveaux élèves, pourléchait les silhouettes de Sorciers qu'il souhaitait voir choir au nom de ceux qui les dominent. Des regards furtifs se risquaient à contempler la bête. Plus de deux mètres de longueur, une tête fièrement dressée trônant à hauteur de hanche, et des babines constamment souillées d'une bave épaisse, Gomorrhe n'avait rien du familier comme on se l'était imaginé à Sainte-Catherine. Puis d'observer, par association, sa propriétaire. L'on pouvait connaître son visage. Enfant, elle eut son moment de célébrité dans le monde magique. L'on pouvait connaître ses yeux. N'étaient-ils pas aussi cruels que ceux de son horrible père ? Parfois, l'on pouvait lui adresser un sourire. Des partisans. Des suiveurs. Des loups dans la bergerie.

Des connards.

Clara eut envie de pleurer. C'était son monde à présent. Celui de la chasse et du mépris. Elle qui baignait depuis longtemps dans la violence. Adossée au mur le plus reculé, elle écoutait le discours du directeur d'une oreille évasive. Tout son esprit se concentrait à ne plus croiser aucun autre regard. Il n'était pas question qu'elle offre à ses détracteurs matière à commérer, aux nouveaux à sentir en elle une potentielle alliée, et surtout pas aux partisans l'idée qu'elle était de leur clan. Trop de visages pourtant lui étaient familiers. Elle ne pouvait s'évader. C'était le début de sa fin. Une fin horrible, tragique. Que ce soit d'un côté ou de l'autre, ceci s'achèverait par un sang épais jaillissant à flots. Elle en avait déjà le goût ferreux en bouche.

Merde... qu'est-ce que je fous là ?


Elle le regardait parler, horrifiée. Entre elle et lui, il y avait tellement plus que cette table et ces menottes. Il y avait un gouffre interminable, séparant le diable de l'être humain. Elle n'arrivait pourtant pas à se détacher de ses yeux d'un bleu pâle, si semblables à ceux de sa fille. Les écoutait-on ? Il utilisait la voix suave qui avait charmé tant de personnes autrefois. Un ton mielleux saturé d'un venin inodore, que Clara était la seule à pouvoir déceler. Il glissait sur sa peau et la faisait frémir d'une terreur qu'elle n'avait pas connu depuis près de dix ans. Lorsque Ragnar eut terminé ses révélations, il laissa planer plusieurs écrasantes secondes de silence. Il venait d'offrir à sa fille une place à la nouvelle école de magie Sainte-Catherine. Si elle était majeure et libre de ses choix, elle n'avait néanmoins pas d'autres choix que d'accepter. Elle deviendrait son espion et son bourreau. Scolarité catastrophique, piètres possibilités d'avenir, et l'assurance que des familles de Sorciers souffriraient mille tourments si Clara se soustrayait à son devoir au sein du pensionnat. Pour finir, il lui... procurerait un familier. Elle le connaissait bien, avait-il ajouté, puisqu'il était dans la famille depuis plus de temps qu'elle. Le monstre de son enfance. Caché sous son lit. Littéralement.

J'aurais du courir. Fuir.

La magie ne se scinde pas bêtement en deux catégories : celle des Sorciers et celle des Magiciens. Elle se révèle être bien plus complexe, infinie. Si elle ne l'avait jamais pratiquée, Clara connaissait cependant très bien la magie noire. Elle avait assisté à tant de rites qu'il lui semblait possible, même après tout ce temps, de réciter certains textes interdits de mémoire. Elle aurait du comprendre à temps. Une prison n'en est une que de nom pour qui semble contrôler le monde. Elle aurait du comprendre avant que deux gardes ne viennent la maintenir sur sa chaise. Elle aurait du comprendre avant que son père ne se taille une veine. Son fin sourire, confiant et supérieur, ne le quittait pas. D'entre ses lèvres s'extirpaient les mots impies d'un rituel noir, tandis qu'entre celles de sa fille il fit couler son sang. On lui tenait la tête en arrière, la bouche ouverte. Bloquée, elle subissait, les joues couvertes de larmes, les outrages et l'humiliation de cette profanation. Elle pleurait à torrent, car elle savait quel enfant allait naître de ce viol.

Il existe plus d'une manière de se lier à un familier.

Il ne restait à Clara que deux mois pour se préparer à cette nouvelle vie. Elle venait d'avoir dix-neuf ans et sortait de soixante-douze heures de garde-à-vue, une amende à la main, pour coups et blessures portés à un prisonnier en détention lors d'une visite. Le reste, malgré le goût de fer qui persistait sur sa langue, était passé sous silence. Tout son corps fulminait. Ses muscles se contractaient et ne se détendaient plus, comme électrisés. La détresse de ses yeux pleins de larmes juraient avec la haine qui se dégageaient de sa mâchoire si crispée qu'elle paraissait être scellée à tout jamais. Quand elle ouvrit la porte du foyer dans lequel elle vivait depuis tant d'années qu'elle ne saurait plus les compter, il n'y eut aucun des reproches qu'elle attendait. Personne pour la sermonner. A peine pour s'inquiéter. Il n'y eut qu'une voix tremblotante, pour lui annoncer une visite qui l'attendait dans sa chambre. Sur le chemin, elle fut coupée du monde. Ne lui parvenait que le rythme pesant de sa respiration. Elle ne prêtait pas attention à ces couloirs délabrés aux papiers-peints déchirés dans lesquels elle déambulait et qu'elle connaissait depuis si longtemps. Elle n'entendait pas grincer le parquet branlant sous ses pieds. Seul comptait le poids de sa respiration devenue lourde, les battements effrénés de son cœur devenu fou, la vision de la porte de sa chambre.

Pas ça...

La porte, sur laquelle on pouvait distinguer l'écaille d'une ancienne peinture rose posée là à la va-vite, laissait également entrevoir les dessins de fleurs et de prénoms colorés. Celui de Clara et ceux de ses amis, ceux qui s'étaient succédé tandis qu'elle, restait. L'esquisse d'une jeune fille qui avait voulu, à un moment de sa vie, ressembler aux autres. Puis viennent les lacérations, les traces de couteaux, les brûlures de cigarettes et les tags vulgaires, qui font de cette porte le passage à un monde dépourvu d'espoir. A l'intérieur, les murs étaient tapissés d'une vie adolescente dépravée. Les photographies et affiches disparaissaient sous des paquets de cigarettes cloués, des morceaux de papiers sur lesquels étaient raturés des numéros de téléphone, des billets de concert volés et des trophées de méfaits en tout genre. Sa table de chevet se noyait sous une pile de livres abîmés, dont les pages de certains moisissaient, du tabac dispersé et des sachets de drogue éventrés. Au sol, des bouteilles vides d'alcools bons marchés s'entassaient au milieu de vêtements éparpillés. Mais ce qui arracha un sanglot incontrôlable à Clara ,ce n'est pas la contemplation du résumé de sa misérable vie. Ce qui arracha un sanglot si puissant qu'elle se recroquevilla dans un coin de sa chambre à Clara, c'est la visite qui l'attendait. A travers les particules de poussières dansant dans toute la pièce, quelques rares et pâles rayons de soleil faisaient luire le regard malveillant de deux billes noires là, juste sous son lit.

Merde... pourquoi je suis allé le voir ?


Elle courrait dans les ruelles de la ville, un sourire carnassier aux lèvres. L'adrénaline lui donnait presque la force de s'envoler. L'air était humide, sa peau moite collée au tissu de son débardeur comme des mèches de cheveux au front. Depuis combien de temps les policiers les poursuivaient-ils ? Elle riait parce qu'ils étaient ridicules, incapables de les rattraper, à leur hurler de s'arrêter tandis que les adolescents se faufilaient et jouaient des coudes à travers la foule. A dix-huit ans, il ne s'agissait que d'un jeu pour eux. La provocation d'un vol à l'étalage, la course avec les forces de l'ordre. Cela finissait toujours de la même façon. Ils s'échappaient jusqu'au foyer, où l'on venait les retrouver, les embarquer au poste, les garder une nuit, puis les relâcher. Clara, à l'esprit fin, soupçonnait sa famille d'utiliser son influence pour ne lui causer aucun ennui. C'était pourtant ce qu'elle cherchait, les ennuis. On fermait les yeux sur ses bras couverts de cicatrices, sur les marques de seringues laissées sur sa peau, sur ses yeux jaunis, ses phalanges éraflées, ses hématomes, ses contusions. On voulait lui faire peur, mais on la laissait se mourrir.

Regardez-moi.

Cela finissait toujours de la même façon. Jusqu'à ce que. Jamais elle ne pourrait oublier les détails. Elle fuyait avec Tom et Laurène. Ses amis. Son frère, Sa sœur. Ceux qu'elle aimait et qui la répugnaient. Ceux avec qui elle sortait, buvait, sniffait, goûtait, baisait. Toute sa vie, comme une misérable petite lune, tournait autour de ces deux majestueux astres. Eux, rien ne les arrêtait. Deux soleils incandescents, contre lesquels elle adorait se brûler. Et brûlée elle l'était, elle n'était plus que cendres déjà. A dix-huit ans. Elle les admirait, s'imposant au monde qui les rejetait, depuis plus de six ans. Un Sorcier et une Magicienne qui n'accordaient d'importance qu'à la vie elle-même, et les plaisirs qu'elle pouvait offrir. Jusqu'à ce que. La rue était pavée et Clara était pieds nus, dans une robe blanche comme une jeune vierge prête au sacrifice au nom d'un quelconque dieu à queue. Les bâtiments de cette ville de France défilaient, tous habillés de leur pierre jaune. Le ciel si bleu en était presque blanc. Le soleil cognait et ne laissait à l'atmosphère aucun souffle. Son oreille était concentrée sur ses pieds salis, martelant la pierre pour disparaître le plus vite possible. Ses yeux ne quittaient pas Laurène qui la traînait par la main. Sous son autre bras, des fruits dans une casquette de policier. Les fruits, on ne les mangeait jamais. Ce n'était qu'un jeu.

Tout ça pour toi, enflure.

Le temps s'arrêta lorsque le coup retentit. Brutal, sec, un unique coup de glas qui se diffusa avec fracas jusqu'aux abords de la ville. Clara continua sa course folle, la mort aux trousses. Elle ne s'arrêta que lorsque de tout son long, elle s'étala sur les pavés maculés du sang de son ami, trébuchant sur son corps gisant. Le hurlement de Laurène déchira l'air brûlant et le ciel incandescent comme le plus puissant coup de tonnerre que Clara eut entendu. Elle, ne vit que le policier lever lentement son arme pour braquer son amie. Lentement, comme un message plus qu'un acte. Pour leur laisser le temps de s'enfuir, disparaître sous les cris, les sirènes et les larmes. Derrière elles, un tiers de ce qu'elles étaient servait à nourrir les charognes accrochés à leurs téléphones. Au foyer, le silence, cruel. Aiguisé comme un rasoir, il les enfermait dans l'horreur de leurs souvenirs encore pulsant comme un cœur bouleversé, chauds comme le sang qui continuait de gorger les pavés d'une ville en sécheresse. Elles s'allongèrent dans le même lit, nul autre échange que des pleurs, l'une dans les bras de l'autre. Aujourd'hui, l'astre lumineux se réfugiait sous la coupe protectrice d'une lune habituée aux climats gelés. Il n'y aurait ni justice ni vengeance, car il n'y avait pas vraiment eu de policier pour appuyer sur la détente. Juste une illusion. Un visage qui avait hanté ses nuits, les souvenirs enfouis d'une enfance terrible. Un abominable prestidigitateur à la joue balafrée. Un ami de la famille dans un costume volé. Ce fut ainsi qu'il revint la hanter, lorsque enfin Clara s'endormit, un papier à la main. Une lettre trouvée sur son oreiller. Et maintenant, te décideras-tu à nous rendre visite ?

Il n'est pas pire reproche qu'être jugé plein d'humanité.


On lui demandait de répéter son histoire. Les larmes l'empêchaient de retrouver ses mots. Les pleurs, comme elle allait en connaître au cours de sa vie, se déversaient comme un barrage viendrait à rompre à force de trop résister. Une force de la nature impossible à contrôler. Si, à l'autre bout du fil, on s'apprêtait à juger ce canular trop exubérant, il semblait plus clair désormais que cet appel aux des forces de l'ordre n'était pas anodin. Sa voix, au début de son appel, était tremblotante. Elle chuchotait de peur d'être découverte. Elle parlait vite et suppliait. Supplier comme on ne le faisait plus. Une jeune fille si désespérée qu'elle abandonnait son sort aux mains des premières personnes prêtes à l'entendre. Une jeune fille si désemparée, qu'elle venait la monstruosité de ses propres parents.

Si un humain était capable de tant d'atrocité, que nommait-on donc humanité ?

Au téléphone, la voix douce d'une femme au timbre maternel tentait de la rassurer. Des gens allaient arriver, dans cet entrepôt isolé à soixante kilomètres au nord de Reykjavik, pour la sauver. Elle lui demandait de raconter son histoire, alors Clara racontait. Elle racontait comment on l'emmenait là. Dans cet entrepôt tout en acier, dans lequel s'accumulait une poussière âcre et une odeur de ferraille rouillée. On la préparait, disait-on. A quoi la préparait-on, se demandait à juste raison la voix au téléphone. A dominer le monde. Des cages s'agglutinaient là, et dedans des personnes. De véritables personnes. Des visages tuméfiés, des vêtements en lambeaux, à peine un seau pour chier. Elle devait supporter leur odeur et leurs lamentations. A chaque réunion, l'un était choisi. De ses yeux innocents, elle avait du contempler sans ciller de trop nombreuses tortures. Des hurlements et l'agonie. Le sang ruisselant et la mort approchant. Elle écoutait les discours et les incantations. Elle attendait de rentrer pour pleurer. Combien de temps, s'inquiétait la jeune femme au téléphone, a-t-elle assisté à ces atrocités ? Il y avait, répondait-elle une réunion toutes les semaines, parfois plus, parfois moins. Cela, pour elle, durait depuis six ans. Et quel âge avait-elle, cette jeune fille au bout du téléphone ? Douze ans, avoua-t-elle.

Ragnar, assassin le plus célèbre du monde magique. Humain aussi, comme d'autres avant lui.

Comment avait-elle pu endurer tout cela ? Clara ne le savait pas. Elle l'avait vécu, c'était tout. Mais qu'est-ce qui l'avait poussé à dénoncer tous ces adorateurs ? Elle avait vu autre chose, ce jour-là, racontait-elle. Derrière les barreaux, un regard différent des autres. Lorsque ses yeux croisèrent les siens – d'un gris d'acier liquide – elle y vit une chose nouvelle. Une malice au coin d'une ride. Peut-être même l'esquisse d'un sourire. Elle y vit l'espoir, tout juste naissant. Enfermé comme s'il ne valait rien. Elle s'était approchée alors, comme tout enfant intrigué. Une voix grave, sous une barbe courte, toute rousse, lui demanda son nom. Clara. Clara, répéta-t-elle, cette voix. Clara, Clara, Clara, disait-il encore et encore, d'un accent qui faisait rouler les lettres à la surface de sa langue et de ses dents. Dans un souffle, il prononçait ce nom comme on prononce une prière. Elle, vit une corde à laquelle il s'accrochait. Et qu'il lui était proposé de saisir.

Je lui avais demandé son nom. Humain, m'avait-il répondu.

Clara demanda au téléphone : était-elle un monstre, elle qui n'agissait comme aucun humain autour d'elle ? L'humanité s'est perdue, avait répondu la voix au téléphone. Mais avec des personnes comme cette jeune fille, elle finirait par retrouver le bon chemin. Mais Clara s'interrogeait. Assise dans l'ombre, elle percevait au loin de nouveaux hurlements. Elle ne croyait en rien de bon. A quoi servait-elle, seule contre tout un monde ? Elle venait pourtant de changer des choses. En ce jour, les monstres allaient enfin regagner leurs cages grâce à elle. Clara, désormais, n'avait plus que deux choix face à elle. Continuer à briller et à lutter, ou sombrer parce que trop souillée. Elle fit le choix de la facilité.

Après tout si je l'ai vécu, c'est que dès ma naissance, d'une façon ou une autre, je le méritais.


Un mois d'août qui arrive à son terme lorsqu'au manoir, ses premiers cris résonnent dans les couloirs. Un accouchement à domicile, et toute une équipe pour accueillir les yeux pétillants de ce nouvel enfant. C'était une bâtisse immense aux plafonds trop larges, aux lustres trop grands, aux meubles trop vieux, que Clara aurait toute l'occasion de parcourir dans son enfance. Son père, aux yeux de glace, toisait un enfant dont il ne portait guère d'intérêt. Sa mère, épuisée, ne demandait qu'à ce qu'on entretienne son confort. La nouvelle arrivée, Clara fille de Ragnar, fut remisée en couveuse et laissée aux bons soins d'une nourrice attentionnée. Celle avec qui elle grandira. Celle qui lui aura tout appris. Des premiers pas jusqu'aux premiers mots. De la colère jusqu'à l'amour.  De la bonté jusqu'à l'altruisme. Celle qui se désolait pour le sort de cette gamine, dont les yeux débordant de joie de vivre ne reflétaient que le désespoir d'une vie si peu remplie. Celle qui murmurait qu'elle ne méritait pas cela, les mains jointes près de son lit. Celle qui, lorsque la fillette eut atteint ses six ans, fut remerciée pour le travail fait. Celle qui disparut à jamais, comme tant d'autres après elle. Celle qui vit, au fond de ses yeux, la potentialité d'un magnifique avenir.

Je remonte le temps comme on remonte une pente : toujours plus douloureusement. Lorsque j'atteindrai finalement le sommet, j'espère avoir le droit de me laisser m'écrouler.




   
   
   

Yuujin A-Kun Wo Watashi No Bansousha Ni Ninmeishimasu


A votre propos

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Clara Ragnarsdóttir
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MessageSujet: Re: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. EmptyLun 28 Mai - 19:41
Hell is round the corner where I shelter. 3324820222

:hugattack:
Daniel Chandeliere
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MessageSujet: Re: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. EmptyLun 28 Mai - 20:33
:hug:

Parce que.
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MessageSujet: Re: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. EmptyVen 31 Aoû - 10:30
Juste un message pour dire que, du coup, la fiche est en réécriture mais elle avance bien.

J'essaie de terminer l'histoire au plus vite !
Clara Ragnarsdóttir
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MessageSujet: Re: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. EmptyVen 31 Aoû - 11:21
Une raison de plus de t'aimer. Ce feat (Je l'ai tellement saigné sur plusieurs fow. Hana is love Hana is life.
*muchlove*
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MessageSujet: Re: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. EmptyDim 2 Sep - 15:25
Fiche t-t-t-t-terminée !

Hell is round the corner where I shelter. 84
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MessageSujet: Re: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. EmptyMer 5 Sep - 10:34

Félicitations !
tu es validée~

Nous avons corrigé les petits détails gênants ensembles, donc me voilà pour la validation o/

Et woah, Clara dénote vraiment de Billie et Sangha, c'en est presque perturbant Hell is round the corner where I shelter. 3324820222 En tout cas, explorer un peu plus le côté obscur des magiciens est vraiment passionnant. Nous avons peu d'extrémistes de ce côté-ci et même si Clara ne partage pas les principes de sa famille, son background demeure vraiment intéressant. Bon, son familier est carrément flippant mais ... mais ça va aller, nous allons prendre soin de toi~

Je n'ai donc aucune raison de refuser ta fiche (sauf p'têt ton retard ? /pan)~ Bon jeu à toi :D


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MessageSujet: Re: Hell is round the corner where I shelter. Hell is round the corner where I shelter. Empty
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