Un chaud samedi, tout juste après la pause de midi. Le lieu est calme, il a été choisi car à l'ombre permettait de profiter d'une fraicheur rendant service à l'effort. A la lisière, le sol est encore assez propre de toute branche, et éclairci des nombreux buissons perlant quelques mètres plus loin. La zone a aussi été choisie pour l'absence d'ortie, et sa proximité, sans être totalement accolé, à un petit sentier pour regagner rapidement l'établissement si besoin. Un petit coin parfait, en somme, pour être tranquille sans se couper du monde, et faire... Un peu de gymnastique.
L'idée était venue par hasard à Claralisa, la veille, avant d'aller dormir. Elle avait souhaité bonne nuit à sa sœur jumelle après avoir parlé avec elle de l'époque du collège, époque radicalement différente d'aujourd'hui, surtout pour la jeune femme blonde. C'était ce qu'elle avait dit à Anastasia d'ailleurs, en raillant : "Tu es toujours entourée de monde, moi je n'avais que le sport !". Et La rouquine lui envoya son oreiller à la tête tout en riant, et en se moquant de son abandon de la gymnastique pour se passionner pour les jeux-vidéos.
Mine de rien, cela fit cogiter toute la nuit Claralisa sur sa pratique sportive. Et même si de temps en temps, elle se faisait de petites séances d'abdominaux dans sa chambre afin de garder un ventre relativement plat, ses enchainements au sol, notamment, lui manquaient énormément. Le lendemain, après les cours de sport réglementaires, elle chercha donc, aidée de son familier, une zone propice à la pratique. Elle voulait juste faire un échauffement, tester ses capacités... Elle a forcément perdue en souplesse avec le temps, la puberté est passée par là, les heures de flemme aussi... Claralisa ne se fait aucuns doutes là-dessus : l'essaie sera loin d'être concluant. Aallan, par contre, se montre plutôt intéressé, lui qui regarde toujours d'habitude ses parties de jeu avec une mentalité hautaine.
-Tu en as fait longtemps ? C'est bizarre, en trois ans c'est la première fois que je te vois faire un truc comme ça. Tu étais forte ?
Si Anastasia voyait son familier comme ça... Il n'y a que Claralisa, qui, en de rares moments, peut profiter de cette facette du petit renard. Il est toujours d'un cynique assez aberrant, surtout quand on voit cet être tout mignon dormir aux côtés de sa maitresse. Il parle peu, mais durement, froidement. Il pique toute personne qui s'approche, amis comme ennemis. Même Claralisa, d'ailleurs. Mais il semblait bien trop intrigué cette fois-là pour appliquer ses codes habituels.
-J'ai commencé à six ans, arrêté à... Douze ? Ouais, mais il paraît que j'étais plutôt bonne. En même temps, je ne faisais que ça à un moment, donc...
-C'est donc de ça dont vous parliez hier soir !
Claralisa haussa un sourcil. Il écoutait, maintenant, en faisant mine de dormir ? Elle ne s'en formalisa pas, et elle choisit ce fameux endroit pour s'installer, proche du chemin permettant d'entrer dans la Forêt des Elfes, tout en se mettant sous l'ombre des arbres pour éviter de cuire au soleil. Le but est de renouer avec son corps, non pas de le faire farcir...
Tout doucement, Claralisa effectua ses premiers exercices d'échauffement classique, au fur-et-à-mesure qu'ils lui revenaient à l'esprit. Étirement du corps, petite course, et de nouveau tentative de s'étirer les membres une fois le corps un peu plus chaud. Étonnement, la souplesse est toujours là, et la jeune femme a un petit sursaut de bonne humeur en découvrant qu'elle maitrisait toujours aussi bien le grand écart. Elle leva alors la tête pour signifier sa joie à Aallan, mais le renard ne la regarde pas elle ; quelqu'un est là.
-Oh, quelqu'un qui vient se perdre avec nous. Bien le bonjour.