Isaline n’a jamais vécu autrement qu’en voyageant. Ses parents, zoologistes du monde magique, les ont toujours embarquées, sa soeur et elle, vers des aventures au goût de liberté. Kelpies d’Ecosse, Nâgas d’Inde et Serpents arc-en-ciel d’Australie, elle a vu les plus beaux trésors de ce monde, ceux qui se cachent tellement bien qu’on peut passer à côté sans les remarquer.

Oui, le couple n’a jamais attendu qu’elles soient grandes pour voyager. Elles n'avaient même pas six mois qu’ils repartaient déjà pour l’espagne, terre ou ils pensaient pouvoir recenser le nombre de Meigas encore vivantes. Inconscience ou passion dévorante ? Surement un peu des deux, mais qui donna à leurs filles l’envie de perdurer dans cette idée. Mandatés par l’Institut National Américain de Protection de la faune et de la flore magique, leurs métiers consistaient en de longues missions, dignes des plus grands explorateurs. Bien sûr, ce n’était pas toujours concluant. Avant de trouver des créatures magiques, il fallait les chercher, et cela pouvait durer de longues, très longues semaines où ils finissaient par se décourager. Mais quand cela payait, l’enseignement et la satisfaction qu’ils en tiraient n’avait aucun prix.

Combien de soirées les filles passèrent devant un feu de bois, où leurs parents, s’amusant comme au premier jour, leurs racontaient leurs péripéties. Sourire en coin et gloussement discret face aux situations parfois pittoresques qu’ils avaient eu à vivre. C’était beau, c’était magique. Des soirées en compagnie d’amis, de gens rencontrés au hasard des rencontres, ou tout simplement entre eux. Les filles apprirent plusieurs langues, baragouinant plutôt bien dans d’autres, oubliant quelque peu le latin tant adulé. S’ennuyant d’une langue morte alors que la magie se trouvait dans tous les lieux qu’ils avaient pu visiter.

Loin d’être laxistes, leurs parents étaient assez à cheval sur leurs éducations. Des cours par correspondances, complétés par de la théorie fournie par leurs bons soins. Ils avaient beau avoir une vie sauvage, ce n’était pas pour autant qu’il fallait qu’elles le deviennent elles même. Isaline, au contraire de sa jumelle, eut plus de mal à apprendre la magie. Elle avait beau gloutonner tous les livres qu’elle pouvait trouver sur les sujets, ça restait toujours vague, assez flou pour qu’elle n’y arrive jamais complément. Mais tandis qu’elle était plus scolaire, sa soeur elle, manquait de rigueur dans son apprentissage. Une certaine jalousie, teintée d’amour fraternel, s’installa. Pas de quoi fouetter un chat, mais juste assez pour que leurs enfances soit aussi rythmées au gré de leurs colères.

Adolescente, Isaline pourtant, commença à rêver d’autre chose. Elle voulait se poser au moins une fois, connaitre le calme d’une grande école. Un souhait qui agaça au début, mais qui fini par être accepté, à la seule condition que l’institut choisit soit Sainte Catherine. Une pension ou la tolérance, valeur commune à la famille, serait au moins respectée. Les sorciers avaient beaux être les enfants du Destructeurs, ils n’étaient pas forcément responsables de ses actions. Apprendre à faire la part des choses, avoir une pensée libre de toute contrainte, n’était ce pas là le but du Créateur ? Bien qu’ils n’en aient jamais approchés, pour ses parents hippies, cela ne faisait aucun doute.