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Meet me in the woods ★ Sangha
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MessageSujet: Re: Meet me in the woods ★ Sangha Meet me in the woods ★ Sangha  - Page 2 EmptySam 5 Mai - 10:04
L'air grave

Sasha
Rhodes

Oscar me lança un regard interloqué. Je lui souris pour affirmer les derniers ordres qu'il venait de recevoir.

Mieux valait ne pas la regarder. Tout d'abord, pour ne pas éclater de rire – ce serait franchement grossier – ; ensuite, pour ne pas faire face à son regard haineux. Je l'imaginais capable de me lancer des flammes par la seule force de ses globes oculaires. Ou peut-être allait-elle pleurer ? Des larmes de crocodiles pour attendrir le monstre que j'étais. J'en avais suffisamment bavé pour ne pas me laisser avoir. Plus aucune pitié à son encontre. Aussi continuai-je à avancer, trop heureux de lui avoir cloué le bec, et de retrouver mon chez moi. Je voyais enfin l'éclaircie au bout du tunnel. J'allais pouvoir me débarrasser de Sasha Rhodes.

Je vous trouvais sympa au début, mais là …

Et comment se comportait-elle avec les personnes qu'elle n'appréciait pas ? Si sa façon d'être n'était jusqu'ici qu'une manifestation d'un quelconque remerciement à mon égard pour être un individu agréable, je préférais encore me montrer plus odieux que je ne pouvais l'être. Histoire de mériter le supplice qu'elle m'infligeait.

J'espère au moins que vous avez un truc sucré à grignoter parce que sinon, je vous jure que je m'accroche au premier meuble que je trouve chez vous et bon courage pour me déloger !

Je soupirai. Une énième fois. Je n'en pouvais plus. Des élèves capricieux, rebelles, provocateurs ou simplement idiots, j'en avais connus. Rarement tout cela à la fois, excepté ce soir. Mais jamais je n'ai eu véritablement envie de fuir un élève, de le garder loin de ma vie ou de lui souhaiter tout le mal qu'il était possible de souhaiter à quelqu'un. Ce n'était pas moi. Je connaissais trop la définition de la souffrance pour souhaiter à quiconque d'en ressentir les maux. Pourtant, Sasha avait réussi à mettre dans une poubelle fermée cette belle personne morale et altruiste que j'étais. J'étais épuisé de l'entendre, d'insister et de ne jamais lâcher le morceau avec quelqu'un qui voulait juste qu'elle lui foute la paix. Je rêvais de terminer cette soirée, aussi accélérai-je le pas jusqu'à la porte de ma maison.

– D'ailleurs, vous m'avez toujours pas répondu ! Vous avez un géranium, oui ou non ?

Roulement d'yeux dans leurs orbites. Tais-toi, Sasha Rhodes, tais-toi. Sans plus prononcer le moindre mot, car tout enthousiasme alimenté par l'accident de vomissure s'était envolé, j'ouvris la porte et la laissai entrer. Puis de me jeter sur le garde-manger, en sortir un paquet de gâteaux secs que je lui fourrai dans les mains. Je retournai vers la porte, que j'ouvris avant de lui faire une révérence exagérée pour l'inviter à sortir.

Vous avez vos « trucs à grignoter », princesse. Maintenant, bonne nuit.

Je ne m'attendais évidemment pas à ce qu'elle m'obéisse. Elle n'était pas assez mature ni lucide pour cela. Elle ne comprenait toujours pas qu'elle n'était qu'une élève, et qu'elle n'aurait jamais le dernier mot. Je tournai la tête à droite. A gauche. Je fronçai les sourcils, faussement interloqué.

Tiens, où est Oscar ? remarquai-je finalement, le familier ayant disparu un peu avant que nous n'arrivions à la cabane. Ah oui, voilà ! Je lui ai demandé d'aller chercher un surveillant pour récupérer un élève hors de son dortoir. Dommage, moi qui suis sans doute le plus clément avec les punitions. Je vais devoir déléguer à un autre. Tu sais qu'à force d'accumuler les punitions, tu risques l'exclusion ?

Je retournai à l'intérieur, laissant la porte ouverte au cas où mon invitée souhaiterait s'éclipser. Je remplis une bouilloire d'eau, sur laquelle je posai le bout de ma baguette.. Rapidement, un filet de vapeur s'échappa du bec.

Moi je m'en fous hein ! Tu peux être ou ne pas être là, ma vie et celle de tout le château ne changeront pas. Tu ne manqueras à personne et si quelqu'un venait à te regretter, il s'habituerait très rapidement à ton absence. C'est comme ça que ça fonctionne, la vie. Mais c'est pour toi que je dis ça.

Je sortis une unique tasse – pour montrer qu'elle n'était pas du tout la bienvenue – dans laquelle je versai l'eau fumante, à laquelle j'ajoutai un sachet d'infusion fait maison. Parce que j'étais comme ça oui, à faire mes propres infusions. C'est ce qui arrive quand on ne peut pas approcher un supermarché sans commettre un meurtre de masse. Je bus une gorgée d'un air ténébreux, en cachant la souffrance terrible que je ressentis au moment où le liquide qui n'avait aucunement refroidi vint me brûler la langue, le palais, l’œsophage et tout le système digestif.

Oh et tu peux t'accrocher à ce que tu veux, je connais suffisamment de sortilèges pour que ce soit le meuble auquel tu te tiens qui te ramène au château. Je peux aussi te transformer en géraniums, puisque tu sembles tant y tenir.

Je fis un mouvement avec ma tasse pour montrer la porte ouverte. Je l'invitais gentiment à ne plus insister et à remettre ses farces d'enfant à une autre fois. Pour l'heure, je ne souhaitais que dormir. Et j'avais fini de plaisanter.
Sangha Jani
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MessageSujet: Re: Meet me in the woods ★ Sangha Meet me in the woods ★ Sangha  - Page 2 EmptyVen 18 Mai - 19:06
⎡Meet me in the woods]
avec Sangha Jani


Invitée à rentrer, Sasha foula le sol de la « maison » de Sangha, frottant ses pieds nus pour chasser les quelques brindilles qui s'y étaient accrochées. Elle regarda à droite, à gauche puis en haut : c'était un peu plus « cosy » que ce qu'elle avait imaginé. La rousse en serait presque déçue : cet endroit avait l'air confortable, un peu trop pour une cabane au fond des bois. Cela dit, ça devait être suffisant pour l'adulte et son manchot. Elle remarqua les traces sales que ses pieds avaient laissé au sol : elle nota dans un coin de sa tête de nettoyer ça, c'était le minimum. Elle posa ses chaussures près de la porte, gardant ses bas sales à la main.

« Vous avez vos « trucs à grignoter », princesse. Maintenant, bonne nuit. »

Quoi, déjà ? Mais il était trop tôt pour dormir ! Sasha avait tellement de sujets passionnants et de questions à poser à l'homme. Peut-être que si elle reparlait du spectacle du Faune, Sangha allait devenir aussi pipelette qu'elle. Elle donnerait cher pour voir ça ! Mais avant ça … elle inspecta le paquet de gâteaux sous tous les angles. Pas ses préférés, dommage. Tout en le regardant faire sa petite révérence, elle ouvrit l'emballage et croqua dans un premier biscuit. Ouaip, il aurait pu acheter mieux quand même … ces biscuits là n'étaient pas chers et on savait très bien pourquoi.

« Tiens, où est Oscar ? Ah oui, voilà ! Je lui ai demandé d'aller chercher un surveillant pour récupérer un élève hors de son dortoir. Dommage, moi qui suis sans doute le plus clément avec les punitions. Je vais devoir déléguer à un autre. Tu sais qu'à force d'accumuler les punitions, tu risques l'exclusion ? »

Aucune chance, elle illuminait la vie ennuyeuse du Directeur. Elle aimait s'occuper de l'animation de cette école et elle suspectait le Directeur d'apprécier cela aussi. Sérieusement, sa plus grosse punition fut de nettoyer le sol du Hall ! Alors bon, si elle était vraiment insupportable, elle aurait déjà été renvoyée, même si ce n'était que temporaire. Sasha croqua dans un deuxième biscuit : Sangha l'aimait bien aussi, elle en était persuadée. Il était bien trop énervé contre elle pour juste n'en avoir rien à faire.

« Moi je m'en fous hein ! Tu peux être ou ne pas être là, ma vie et celle de tout le château ne changeront pas. Tu ne manqueras à personne et si quelqu'un venait à te regretter, il s'habituerait très rapidement à ton absence. C'est comme ça que ça fonctionne, la vie. Mais c'est pour toi que je dis ça. »

Oh là là, tant de négativité ! Troisième biscuit et elle n'avait toujours pas ouvert la bouche, c'était presque un record pour elle. Ses bas continuaient d'empester le reste de poissons mais Sangha restait près de l'unique source d'eau dans la pièce. Et il continuait de parler, encore et encore … elle attrapa un quatrième gâteau qu'elle avala tout aussi rapidement que les précédents. Mikorin était allongé, en chien de fusil, dans un coin de la pièce, loin de Sangha et de son apparente colère ainsi que de Sasha et de cette odeur de poisson.

« Oh et tu peux t'accrocher à ce que tu veux, je connais suffisamment de sortilèges pour que ce soit le meuble auquel tu te tiens qui te ramène au château. Je peux aussi te transformer en géraniums, puisque tu sembles tant y tenir. »

« Sérieusement, vous pouvez faire ça ?! C'est trop cool ! On a seulement le droit de pratiquer la métamorphose sur nos familiers mais sur un autre humain, ça doit être un niveau de magie vachement impressionnant. »

Et hop, un autre gâteau ! Waouh, il avait l'air sacrément crevé, dis donc. Peut-être assez pour ne pas être sérieux dans sa menace. Ou alors, il n'avait pas peur des risques. Voilà un point en commun entre eux deux. Ah, quelle soirée riche en nouvelles découvertes ! Elle baissa les yeux sur l'unique tasse que Sangha avait préparé : même pas un verre d'eau ? L'hospitalité était vraiment à revoir …

Enfin bon, tant pis. Elle referma le paquet du mieux possible et le déposa là où elle trouva de la place. Une fois devant l'évier, elle commença à frotter ses bas sous l'eau pour commencer à enlever le reste de résidus puants. Elle ne se faisait pas d'illusions, à part à la machine avec une bonne dose de lessive, elle n'allait pas remettre ses bas de sitôt. Elle les essora le plus possible et les posa à plat pour les faire sécher. Ensuite, Sasha récupéra ses chaussures et les nettoya comme elle pût. Cette soirée lui aurait au moins appris que connaître un sort de nettoyage serait relativement utile.

« Vous … attendez que je sorte là ? Vous allez me laisser attendre dehors ?! Non, moi je peux pas vous laisser, ce serait criminel ! Imaginez que vous avez une commotion, ce qui serait pas étonnant après votre vol plané. Si vous vous évanouissez, qui va veiller sur vous ? Votre manchot est pas là et on est un peu loin de tout. »

Elle s'efforçait de parler lentement et calmement parce que la tasse fumante de Sangha semblait être une bonne arme, surtout entre ses mains à lui. Ses chaussures un peu plus propres, elle les posa et se releva pour aller s'asseoir. Elle le regarda droit dans les yeux, bien déterminée à lui montrer qu'elle allait rester jusqu'à l'arrivée de ce prétendu surveillant. Franchement, elle l'aimait bien ce type, ce serait dommage de rester fâchés ainsi.

« Au fait, vous n'auriez pas une serpillère ou un truc du genre ? J'ai laissé des traces partout, je vais nettoyer quand même. »
   


Tsubaki
Sasha Rhodes
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MessageSujet: Re: Meet me in the woods ★ Sangha Meet me in the woods ★ Sangha  - Page 2 EmptyVen 1 Juin - 10:51
La main légère

Sasha
Rhodes

Sérieusement, vous pouvez faire ça ?! C'est trop cool !

Un nouveau soupir s'échappe d'entre mes lèvres pincées par l'impatience. J'aurais aimé qu'on soit nés tous deux un demi-siècle plus tôt. Une douce époque durant laquelle les châtiments corporelles n'étaient pas réprouvés par les lois. Une époque, si vous voulez mon avis, où le taux de dépression dans le corps enseignant était bien plus faible. Tirez-en les conclusions que vous voulez. Mais les Sasha Rhodes aussi, devaient se faire plus rares en cette époque. Étrange, voilà des pensées qui ne m'auraient jamais traversé l'esprit en temps normal. Mais le temps normal était révolu, mort et enterré. Je me sentais comme en temps de guerre, contre un virus inarrêtable.

J'observai du coin de l'œil le paquet de gâteaux que la gamine avait englouti, plus énervé encore par cette provocation claire qu'elle me lançait en engloutissant plus de sucrerie que nécessaire. Sûrement une vengeance, qui me laissait déjà m'imaginer l'agripper à la gorge pour l'étrangler. C'étaient mes gâteaux préférés, ceux que j'avais tant de mal à dénicher – pas facile quand on ne peut pas approcher un magasin – et que j'avais l'intention de partager avec Line l'infirmière. Peut-être que j'aurais eu droit à un bisou en retour. Et Sasha Rhodes venait de m'arracher ce doux espoir.

Le message n'était toujours pas passé. Elle était là et ne se souciait pas le moins du monde des notions d'autorité, de respect ou de dérangement qu'elle bafouait à chaque seconde de son existence. J'allais prendre un malin plaisir à rédiger le plus solide rapport de ma vie sur ce comportement infernal. J'aurais avec moi, je le savais, une ribambelle de professeurs et autres membres du personnel de l'école pour me soutenir dans ma lourde tâche. L'objectif final – douce utopie qui caressait mon esprit avec tendresse – étant d'assister au renvoi pur et simple de ce monstre hors de cette école qui, malgré une sacrée dose de bizarreries entre ses murs, restaient jusque là tout à fait honorable.

Je la regarde d'un air las nettoyer ses affaire dans mon évier sans demander la moindre permission. Classique. Je l'écoute à peine, plongé dans la dégustation d'un thé bien trop chaud qui me brûle la langue et le palais.

Vous … attendez que je sorte là ?
Oui.
Vous allez me laisser attendre dehors ?!
Oui.
Non, moi je peux pas vous laisser, ce serait criminel !
Sors.
Imaginez que vous avez une commotion, ce qui serait pas...

Je n'écoute plus ses justifications à deux ronds à partir de ce moment. Je ferme les yeux et tente de maîtriser les doigts qui se referment avec fermeté sur le bois d'une baguette grossièrement taillée mais à la valeur inestimable, rangée dans la poche de ma veste.

Ce n'est pas ma faute. J'ai essayé de l'arrêter par tous les moyens, mais elle persistait. C'est allé trop loin, cette histoire. Je voulais juste sauver une élève. Qui a oublié de me prévenir que j'avais secouru le diable ? Elle allait s'asseoir. Je l'ai vu au moment où j'ouvrais de lourdes paupières, écrasées par la fatigue et la lassitude. Et elle me regardait avec un air de défi. Elle n'avait pas l'intention de partir. J'étais une cocotte-minute, et elle a augmenté petit à petit la puissance du feu qui brûlait en-dessous, sans se soucier de la soupape de sécurité. D'accord, j'ai peut-être dérapé. Ok, j'ai un peu merdé pour un professeur. C'était pas cool. Mais qu'est-ce que ça m'a fait du bien.

Au fait, vous n'auriez pas une serpillère ou un truc du genre ? J'ai laissé des traces partout, je vais nettoyer quand même.

J'avançai d'un grand pas vers elle, dégainai ma baguette et la braquai droit entre ses deux yeux. Grâce à une aventure précédente comprenant une louve blessée et une maisonnette mise à sac, j'avais appris à maîtriser à la perfection le sortilège de sommeil. Une fois le sortilège lancé, j'avais deux solutions : retenir le corps dans sa chute ou la laisser s'affaler contre mon sol sali par le vomi de manchot et la terre humide de la forêt. Quel plaisir ce fut d'entendre le « poc » à mes pieds, alors que je reprenais une gorgée de thé.

J'étais assis sur les marches de mon péron, à l'extérieur, lorsque le surveillant déboula avec un Oscar effréné et fier de son devoir accompli. Sasha était posée à côté de moi. Bien qu'un air de reproche se lisait dans ses sourcils froncés, il comprenait parfaitement qu'un professeur en soit arrivé là. Je lui racontai les détails de notre désastreuse épopée – omettant ma peur panique qui avait déclenché cette rencontre – afin qu'il ait le plus d'éléments nécessaires susceptibles de l'aider dans sa recherche d'une punition adéquate.

Lorsque enfin le calme revint, j'étais toujours à l'extérieur, profitant d'un silence amplement suffisant. Oscar, épuisé, dormait à côté de moi, assis sur une marche et la joue écrasée contre mon bras. J'avais une cigarette – rare mais aujourd'hui méritée – entre les doigts et un ukulélé à mes pieds. Le mégot jeté au loin, je pris l'instrument et commençai à jouer quelques accords d'une douceur infinie, en harmonie avec mon état d'esprit. Apaisé et satisfait.
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